L’ambassadrice des Etats-Unis en Algérie, Mme Elisabeth Moore Aubin, a évoqué, dans un entretien accordé au journal Jeune Indépendant de ce dimanche 5 mai, le cas du restaurant KFC ouvert récemment à Alger, l’ouverture d’un vol direct entre Alger et la ville américaine New York, ainsi que la génétique américaine dans l’élevage bovin en Algérie.
Mme l’ambassadrice a été interrogée sur le restaurant de la chaîne américaine de KFC (Kentuky Fried Chiken) qui a ouvert en avril dernier à Dely Brahim sur les hauteurs d’Alger, et ce, dans un contexte de boycott de la franchise dans plusieurs pays qui l’accusent de soutenir Israël qui commet un génocide dans la Bande de Ghaza où près de 35.000 palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre 2023.
Le premier KFC en Algérie a été contraint de fermer temporairement ses portes peu de temps après son ouverture en raison d’une manifestation de militants propalestiniens. L’établissement a rouvert par la suite, mais sans son logo habituel.
A ce propos, la diplomate américaine a répondu en disant : « Les relations entre les États-Unis et l’Algérie témoignent d’une vision commune de paix, de sécurité et de prospérité pour la région. C’est dans cet esprit que nos deux pays partagent le même objectif pour une solution à deux États concernant le conflit israélo-palestinien. Notre relation s’est élargie pour favoriser un développement économique inclusif, améliorer les opportunités pour les jeunes et garantir l’accès à la technologie et à l’expertise américaine tout en faisant la promotion des liens commerciaux. »
Et d’ajouter : « Parce que les franchises font progresser tous ces objectifs économiques communs, j’étais ravie de voir KFC ouvrir un restaurant à Alger. Les franchises constituent un moyen direct et précieux pour transférer les standards internationaux de qualité et de service sur différents marchés pour servir les consommateurs, aider à la création d’emplois et à l’investissement pour les populations du monde entier. C’est une excellente opportunité pour permettre une croissance économique équitable, qu’il s’agisse d’entreprises américaines qui investissent en Algérie ou d’entreprises algériennes qui se développent à l’international. J’espère que KFC réussira ici, car il profite aux Algériens. »
Vol direct Alger-New-York
« Nous discutons actuellement de la création d’un cadre pour le lancement d’un vol direct entre les États-Unis et l’Algérie. Ce vol direct propulsera nos relations à un niveau supérieur, renforçant notre travail commun grâce à plus de liens économiques et culturels, et consolidera le rôle de l’Algérie en tant que pôle régional de transport et d’aviation », a-t-elle dit.
Et de préciser : « Par ailleurs, cela va donner encore plus confiance aux Américains pour venir investir en Algérie. De plus, cela réduira le temps de voyage nécessaire pour qu’ils viennent négocier sur place avec leurs amis algériens et, en cas de succès, pour qu’ils fassent régulièrement le point sur leurs projets communs. Et vice versa. Les vols directs renforceront également les liens de la diaspora algérienne avec l’Algérie en facilitant les déplacements. »
L’ambassadrice Aubin a également abordé les projets agricoles dans le cadre du partenariat algéro-américain. Selon elle, « plusieurs projets ont été mis en œuvre dans le secteur agricole », et, a-t-elle poursuivi, « nous continuons à travailler avec nos collègues algériens pour en concrétiser d’autres. » « Je suis fière de dire que depuis septembre 2023, nous disposons de deux certificats sanitaires bilatéraux en génétique bovine entre le département américain de l’agriculture et le ministère algérien de l’agriculture », a-t-elle rappelé.
Génétique bovine américaine
Et d’expliquer : « La présence de la génétique bovine américaine en Algérie, avec un marché de la génétique bovine totalement ouvert au commerce, marque une nouvelle ère de collaboration agricole entre nos deux pays. Cela donnera lieu à un énorme potentiel de croissance pour l’industrie algérienne de l’élevage et, bien entendu, pour la production algérienne de produits laitiers et de viande. »
« Les États-Unis sont ravis d’être un fournisseur clé et fiable d’intrants agricoles de qualité pour les secteurs de la transformation et de la fabrication de produits alimentaires en Algérie – tels que les œufs d’incubation de dindes et de poulets – qui créent des emplois et garantissent une sécurité alimentaire à long terme pour les citoyens algériens », a-t-elle dit.
Et d’ajouter : « Nous travaillons actuellement avec le ministère algérien de l’agriculture pour obtenir un certificat d’importation de viande bovine. Le bœuf américain viendrait compléter les efforts déployés par l’Algérie pour développer les activités de transformation alimentaire, de restauration et même de tourisme, ce qui nous permettrait d’aller encore plus loin dans la réalisation de nos objectifs communs. »
Le 28 avril dernier, l’ambassadrice Aubin s’est rendue au complexe agricole du groupe Boussouf à Mila. Cette visite a été l’occasion de présenter les premiers fruits d’une collaboration entre l’Algérie et les États-Unis dans le domaine de l’élevage bovin. Le groupe Boussouf utilise la génétique américaine dans l’élevage.
Echanges commerciaux
Sur le plan commercial, les échanges commerciaux sont passés de 1,2 milliard de dollars en 2020 à 2,6 milliards de dollars en 2021, puis à plus de 4 milliards de dollars en 2022, a indiqué la diplomate américaine.
Plus de 100 entreprises américaines sont déjà implantées en Algérie, créant des emplois et de la croissance économique, non seulement dans les secteurs du pétrole et du gaz, mais aussi dans les secteurs pharmaceutique, technologique, des télécommunications, des énergies renouvelables, de la défense, et de l’agriculture, a-t-elle souligné.
« Les États-Unis et l’Algérie entretiennent aujourd’hui des liens sécuritaires, économiques et culturels plus forts que jamais », a déclaré l’ambassadrice américaine.
Dans le domaine de la formation, elle a indiqué : « Chaque année, environ 250 Algériens se rendent aux États-Unis pour participer à des programmes d’échanges officiels et à des formations dans divers domaines. Environ 6 000 Algériens de tout le pays ont déjà participé à nos programmes d’échanges éducatifs et culturels. »
Elle a ajouté que « les États-Unis sont fiers de financer, à hauteur de de près de 800 000 dollars sur une période de trois ans, un projet de collaboration entre le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et Columbia University Teacher’s College, basé à New York. »
« Dans ce cadre, des experts algériens et américains dans le domaine de l’éducation travaillent ensemble à concrétiser l’objectif de l’Algérie de faire de l’anglais une langue d’enseignement dans les universités algériennes », a expliqué Mme Aubin.
