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Mr Mohammed KRIM, PDG de la BDL à Algérie-éco : « La solvabilité de l’Algérie est intacte »

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Mr Mohammed KRIM, PDG de la BDL est très confiant quand à l’avenir du pays. Dans cette interview qu’il nous a accordé au siège de l’institution financière qu’il dirige, Mr KRIM passe en revue la nouvelle organisation de la BDL et les défis qui l’attendent notamment la dimension numérique à laquelle son équipe s’attèle à s’arrimer. Notre interlocuteur décortique également l’actualité financière et revient sur les sujets en débat sur la scène économique.

Algérie-éco : Parlez-nous de la réorganisation de la BDL, comment se déroule-t-elle ?

Mr Mohammed KRIM : Ce qui est essentiel pour nous à la BDL  l’implémentation  de son système informatique. Nous avons  commencé  ce processus, il y a une année et nous sommes aujourd’hui à la phase de son intégration, la phase homologation interviendra au mois de septembre prochain. Quant au lancement effectif, il est prévu pour le mois de février 2017. La mise en place d’un tel système, intégré, permettra de réaliser toutes les  opérations de la banque en temps réel et d’améliorer la qualité du service en direction de la clientèle. Ceci constitue le point focal de la réorganisation de la BDL, puisque même sur le plan organique, cette organisation est en congruence  avec le système d’information et particulièrement au niveau de l’agence, on se dirige vers une agence corporate, une agence de particuliers et un mixte entre  les deux. C’est-à-dire un centre d’affaires qui regroupera et les activités liées au corporate et celles liées au particuliers.

Peut-on connaitre le nombre de vos clients et quel est le montant accordé par la BDL au financement des entreprises?

Si on compare la BDL aux autres banques publiques, on constate que  la particularité de notre banque réside dans le fait que  l’essentiel  de son portefeuille clientèle est constitué du secteur privé. Environ, 80%  de notre  clientèle se compose de PME/PMI. Depuis sa création en 1985, la BDL s’est spécialisée dans le financement et l’accompagnement des moyennes et petites entreprises. Nous avons dans ce sens une expertise élevée et un savoir-faire dans ce créneau. S’agissant du nombre de clients, tourne autour d’1 million, toutes catégories confondues. Pour ce qui du financement des entreprises, nous avons financé en 2015, pour 600 milliards de DA., dont 60% de ce financement a été destiné à l’investissement productif.

Quels sont les secteurs qui sollicitent généralement votre banque ?

Il ya principalement  le secteur de l’Industrie, celui du bâtiment, les travaux publics et les services à une moindre échelle. Et cette configuration est en congruence avec l’économie nationale. Par ailleurs, nous avons décidé de  nous ouvrir davantage sur d’autres secteurs d’activité  comme celui de l’agriculture industrielle. Nous envisageons également d’élargir notre champ d’intervention à la promotion du tourisme et de la culture et pas seulement en termes d’infrastructures.

Qu’en est-il des crédits à la consommation, le constat révèle que les banques privées sont plus dynamique sur ce segment que les banques publiques, qu’en pensez-vous ?

Dommage que la presse nationale se focalise sur cette dualité public/privé alors  qu’il s’agit de règles qui régissent le marché en termes de l’offre et de la demande. L’essentiel est qu’il y ait une couverture par l’offre à la demande. Qu’elle vienne du public ou du privé importe peu. La BDL, a été parmi les premières banques à côté de Société Générale et PNB Paribas à lancer ce dispositif en février 2016 et nous avons  financé un nombre non négligeable de crédits dans ce sens à travers tout le territoire national. Le montant  des crédits à la consommation se situe entre 50 et 100 millions de DA, ce qui n’est pas négligeable. Nous avons financé des véhicules de la marque Symbol et des appareils électroménagers.

Mais à votre avis qu’est-ce qui explique le manque d’engouement des particuliers ?

Ce qui le faut surtout  relever est qu’il n’ ya pas une grande gamme de produits proposés, cela l’explique en partie. Cette gamme n’est pas importante. L’éventail de produits proposés est limité. Idem pour le  choix du véhicule, limité à Symbol et même la production national  des véhicules, ne peut assurer de grandes quantités, elles  sont insuffisantes.

Quel constat faites-vous du secteur bancaire en Algérie ?

Si on fait l’historique du système bancaire, il est long mais à partir de 2006, beaucoup de choses ont été faites mais non perceptibles par tout le monde. On parle actuellement de l’économie numérique. Celle-ci, n’a pas pris naissance aujourd’hui, le socle a été mis en place durant cette année avec la mise en place du système de télé compensations. C’est grâce à ce dernier que le chèque qui s’encaissait en deux mois ou trois mois et ce qu’il engendrait comme  désagréments et ce qu’il engendrait comme risques sur le plan des malversations et chèques en bois  a été réglé. On oublie souvent cette vérité. Et grâce toujours à ce procédé, nous avons également  le virement qui fonctionne bien, les salariés, qui hier, après plusieurs jours voire un mois encaissaient leurs salaires, aujourd’hui dans les 72h, ils peuvent disposaient de leurs revenus et ce de banque à banque. Grace à ce système également nous avons le prélèvement  automatique. C’est-à-dire qu’un client peut signer une autorisation de prélèvement  à son partenaire pour que son compte soit débité et dans les 24h, les sociétés telles que la SEAAL ou Sonelgaz, comme grand facturier peuvent prélever la somme chaque mois du compte de leurs clients sans problème et sans difficulté d’une manière automatique. Et aussi grâce à ce système que nous avons la carte bancaire. Aujourd’hui, nous avons le challenge de développer le paiement pas seulement à travers un terminal de paiement installé chez le commerçant  mais également à travers internet, le e-payement.  Nous pouvons également  mettre en place le M-payement, ce qu’on appelle le mobile banking, non pas comme il s’exerce dans d’autres pays notamment certains pays d’Afrique où l’informel est très développé, à travers un mobile banking où on peut transférer l’argent en réalisant des transactions commerciale sans transiter par un compte mais un M-payement assorti et adossé à un compte bancaire pour éviter une fuite des capitaux  et autre blanchiment d’argent . Tout ce que nous devons faire comme opération doit être informatisé et automatisé. De la fiscalité aux comptes sociaux. Les entreprises doivent être reliées par des protocoles tels que ETEBAC 5, au système bancaire de façon à ce que toutes les opérations soient automatisées. Toute l’économie doit être reliée dans un système intégrée, automatique et électronique qui permet la célérité et la diligence des opérations. C’est justement l’objectif de la mise en place d’un ministère délégué à l’économie numérique pour aider les instituions financières, fiscales et bancaires à se doter d’un système d’information en temps réel. Il a également pour mission de les employer pour le financement de l’économie nationale et leur permettre d’être en relation avec les acteurs économiques et particulièrement avec l’entreprise.

Les banques sont appelés à jouer un rôle majeur dans le contexte actuel marqué par la mise en œuvre d’un nouveau modèle économique. Que préconise-ton pour que ce rôle soit jouer pleinement et efficacement ?

Le rôle des banques tourne autour de trois axes : la collecte des ressources financières, l’utilisation de ces ressources dans le financement de l’économie (ménages, entreprises et autres) et enfin mettre à la disposition de ces acteurs les moyens de paiement. Si on voit comment les choses sont opérées à l’international, nous constaterons qu’elles sont devenues automatiques. La technologie, le numérique soutiennent ces missions. En Algérie, l’automatisation mettra fin à la bureaucratie et c’est cela qui fera que le rôle des banques sera efficace.

Revenant à cette première mission qui est la collecte de l’épargne. En Algérie, la bancarisation est un grand problème, si bien que l’épargne dort dans les tiroirs au lieu d’être thésaurisée dans les banque à défaut d’être fructifiée ou circule dans le circuit informel, à votre avis, quelle est la solution idoine à ce problème ?

C’est en effet, un problème crucial. Nous avons un taux de bancarisation très faible. L’économie informelle est une réalité. Elle est là et nous devons lui trouver des solutions urgentes. Il faut aller vers des réformes beaucoup plus profondes et plus percutantes. Elles ne sont pas seulement d’ordre bancaire ou fiscal mais elles posent également un problème de confiance entre gouvernants et gouvernés.

Une communication transparente et franche n’a-t-elle pas un lien avec le rétablissement de cette confiance ?

Absolument !la communication doit être au cœur de toute stratégie. Elle doit être régulière et continue. En ce qui concerne la BDL, on est à cheval sur la communication. Nous avons un département de communication, qui est en contact avec nos clients à travers les réseaux sociaux et notre site web. Il ya une interactivité avec eux, cela nous permet de prendre directement en charge leurs réclamations et qui répond aux sollicitations et préoccupations.

Qu’en est-il de la formation de vos collaborateurs au niveau de votre banque ?

Nous avions une structure qu’on appelait direction des ressources humaines avec une organisation classique. Aujourd’hui, nous avons une direction du capital humain. Nous avons donc mis en place une politique du capital humain, en changeant carrément d’approche. Nos collaborateurs sont au cœur de la nouvelle organisation. Si je donne de l’importance à ce capital, il ne sera que plus performant auprès du client mais ce capital humain doit être de qualité. Cela ne peut se faire  qu’à travers une sélection lors du recrutement, d’une intégration et d’une formation  continue durant toute sa carrière avec les moyens que cela requiert. Cela va des techniques bancaires, en passant par le management et des opérations plus pointues liées à l’analyse financière, en trésorerie etc. Et à côté de ces formations, il ya également l’évaluation périodique.

Le gouvernement mise actuellement sur les exportations des produits locaux, un prochain forum algéro-africain entre dans ce cadre, n’est-il pas temps aux banques algériennes de se préparer pour  accompagner  les entreprises à l’international ?

Effectivement ! Le déploiement des entreprises algériennes à l’international nécessite tout un arsenal logistique mais aussi le packaging, la distribution le marketing, la communication et bien entendu comme vous l’avez dit sur le plan financier. Nous pouvons accompagner nos entreprises à l’exportation que ce soit  en amont ou en aval, dans le préfinancement des matières premières, dans le cycle de production et le financement à l’exportation et on peut également créer des succursales et des agences à l’international au niveau des pays où les entreprises nationales opèrent.

Est-ce que cet accompagnement sera concret ou bien les entreprises doivent-elles encore attendre. Il ya comme même urgence?

Cela va se faire certainement car on est contraint parce que diversifier l’économie nationale, sortir de la dépendance aux importations nécessite la création de nouvelles entreprises au moins deux millions d’entités, cela suppose également une augmentation de la production. Les banques sont appelés à suivre le mouvement. Il ya un travail à faire au niveau de l’entreprise, ainsi que son environnement. Le modèle de croissance économique va dans ce sens. Nous avons une vision à court terme d’ici 2019/2020 mais nous devons aller vers une stratégie à long terme avec une projection sur 10 voire 20 ans.

L’emprunt obligataire prend fin au mois d’octobre prochain, ne faut-il pas le prolonger pour collecter plus d’argent puisqu’il vise à financer la croissance ?

Je crois que l’emprunt obligataire a atteint son objectif. Nul besoin de le prolonger. Par contre je crois que d’autres opérations similaires vont  être lancées sous d’autres formes mais qui seront plus courtes dans le temps, dans le cadre d’opérations publiques. Cependant ,je pense qu’elles se feront de façon plus réfléchie avec une bonne stratégie de communication, une cible bien définie, un argumentaire bien arrêté avec des acteurs sur le terrain et plus de transparence sur la destination de l’argent et les projets pour lesquels les fonds sont mobilisés. Il faut insister sur le fait que les banques ont joué un rôle exemplaire dans la collecte des fonds. Une bonne partie des capitaux nous est parvenue du marché mais l’autre partie est issue de la transformation de dépôts bancaires en dépôt de trésorerie. Il faut,  au passage saluer le FCE  qui a eu un rôle déterminant dans la mobilisation des fonds. La forte implication des chefs d’entreprises  est indéniable. Les152 milliards de DA d’engagements de souscription à la soirée du 28 juin dernier est une prouesse. On a eu des opérations du genre par le passé sur plusieurs semaines mais on n’a pas atteint un montant aussi important qui plus est en quelques heures.

Doit-on comprendre que l’éventualité d’un recours à l’endettement extérieur est écartée ?

L’Algérie aujourd’hui a encore de la manœuvre pour 24 mois d’importations, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de pays touchés par la crise pétrolière et qui sont dans le cas que nous. En outre la solvabilité de l’Algérie est intacte. Aller vers un endettement extérieur pour le financement des investissements n’affectera pas les équilibres macroéconomiques. L’Algérie n’a pas de dettes extérieures. Cependant, Le gouvernement ne va certainement pas refaire les mêmes erreurs du passé à savoir le rééchelonnement de la dette à court terme mais demandera des crédits à long terme.

Revenant à la BDL, est-ce qu’elle fait des bénéfices ?

Oui, l’évolution de la BDL est très satisfaisante. Son chiffre d’affaires, est passé de 16 milliards DA en 2014 à 36 milliards DA aujourd’hui. Le réseau de la BDL compte 18 directions régionales et 152 agences, gérant un portefeuille constitué à 20% d’institutions publiques, et à 80 % d’entreprises privées, dont 24 % de jeunes ayant monté des projets d’investissement via les dispositifs de soutien mis en place par l’Etat. Pour l’histoire, la BDL  a toujours réalisé des bénéfices qui ne dépassaient pas les 2 milliards de DA. En 2014, la banque avait réalisé 1,7 milliards de DA. En 2015,  on a réalisé 7 milliards de DA.  Ce niveau de bénéfices a enclenché un avenir prospère pour la banque et cela a également attisé nos ambitions car dorénavant la banque refusera d’être en dessous de ce niveau.

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