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Messaoud Belambri, président du Snapo: « En 2021, près de 172 pharmacies ont fermé pour difficultés économiques et de gestion »

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Dans cet entretien, le président du syndicat national des pharmaciens d’officines (Snapo), M. Belambri, évoque différents sujets d’actualité qui caractérisent la profession. Il s’agit entre autres sujets l’élaboration d’un décret sur de recrutement de pharmacien-assistant, ainsi que le problème de la pénurie de certains médicaments

Algérie-Eco : Vous avez évoqué récemment l’élaboration d’un décret définissant les conditions de recrutement de pharmacien-assistant et ses conditions de travail en pharmacie. Quel est votre position à ce sujet ?

M Belambri : C’est un travail entamé avec le ministère de la santé depuis février passé, il entre dans le cadre de l’élaboration des textes d’application relevant de la loi sanitaire 18-11, notamment ses articles 249 et 250. Il concerne effectivement le statut du pharmacien titulaire et celui du pharmacien assistant. Les travaux avancent très bien, plusieurs services du ministère participent à ce travail, ainsi que le conseil national de l’ordre des pharmaciens. Le SNAPO a milité depuis les années 2000 pour l’introduction de la notion du pharmacien assistant au sein de la loi sanitaire, et ce n’est qu’en juillet 2018 que ceci a pu être concrétisé. Ça constitue un espoir d’emploi pour de nombreux jeunes diplômés, et ça permet à l’officine de bénéficier d’une qualité de service de haut niveau, puisque le pharmacien assistant est porteur d’un diplôme de docteur en pharmacie. Ainsi, une pharmacie qui diversifie le champ de ses activités aura forcément besoin des services d’un pharmacien assistant qui va assurer les mêmes tâches qui reviennent au pharmacien titulaire en matière de prestation et de responsabilité. Une officine dont les activités sont diverses et très développées ne pourra pas assurer pleinement son fonctionnement avec un seul pharmacien.

Mais si nous souhaitons un recrutement massif de pharmaciens assistants au niveau des officines, dont le nombre s’élève actuellement à près de 12.000 officines au niveau national, il faudra penser à créer un environnement d’exercice plus stable et pérenne, car actuellement l’officine vit une situation économique précaire, et il serait très difficile pour les pharmaciens, et dans la situation où ils se trouvent actuellement de recruter un personnel de ce niveau et de lui assurer un salaire honorable. Nous voulons bien aider, mais nous somme aux limites de nos possibilités. Nous rappelons que les officines fonctionnement  avec des moyens très diminués et aucune mesure d’amélioration sur le plan économique n’a été adoptée depuis 1998. La marge bénéficiaire annuelle moyenne est en constante diminution alors que nos charges sociales et de fonctionnement n’arrêtent pas d’augmenter, en parallèle la démographie professionnelle est galopante, nous sommes passés en quelques années seulement de 8.000 à 12.000 officine pour une valeur du marché de ville en stagnation sinon même en diminution suite à l’application des tarifs des médicaments génériques et du tarif de référence. Les pharmaciens ont beaucoup donné en matière d’accompagnement des réformes pour le bien de notre économie et production nationales, ainsi que pour la préservation de la sécurité sociale, mais en contrepartie les promesses données pour la marge et les dispositions fiscales n’ont pas été tenues. Nous sommes vraiment au bout du rouleau, et il ne faut surtout pas regarder les belles vitrines des pharmacies situées sur les grandes avenues, mais voir plutôt la situation des 80% des officines qui souffrent dans le silence, et qui sont en situation vraiment précaire, et qui risquent de déclarer leur faillite à n’importe quel moment. Nous rappelons que la fermeture et la vente des officines s’accélère actuellement car il est devenu très difficile pour les pharmaciens de maintenir les équilibres économiques de leurs officines. La sonnette d’alarme est tirée, il faut absolument que l’Etat adopte des mesures d’urgence pour sauver l’officine, car il s’agit d’assurer la pérennité du service de santé public assuré par l’officine algérienne. En 2021 172 pharmacies ont fermé pour difficultés économiques et de gestion. Le maintien de l’activité est devenu extrêmement difficile.

Vous vous êtes interrogé aussi sur les dernières déclarations du ministre de la santé, estimant que  ces dernières sont une provocation des pharmaciens d’officines. Pouvez-vous donner plus de détails sur cette question.

Les pharmaciens d’officine qui ont beaucoup donné, et qui ont toujours fait preuve d’un sens de la solidarité inégalé en toutes circonstances, attendaient plutôt un peu de reconnaissance d’encouragement et de considération. Les pharmaciens algériens ont réagi massivement suite à certains propos tenus publiquement à leur égard et se sont sentis blessés et humiliés. Le souci des pharmaciens est que la réglementation régissant le fonctionnement et l’ouverture des officines soit préservée et respectée. La carte pharmaceutique est partie intégrante de la carte sanitaire nationale. Des équilibres en matière de fourniture de soins de santé doivent être instaurés et respectés. Les principes de la concertation doivent être respectés, et les promesses et assurances données doivent être aussi respectées. Nous nous inscrivons dans le respect mutuel et la confiance. Si des groupes de travail ont été installés, nous devons nous y tenir. Le ministère doit respecter, valoriser et protéger l’ensemble de son personnel, c’est le minimum  auquel a droit le personnel de la santé qui est en train de se sacrifier au quotidien sur le terrain au service de nos concitoyens.

Qu’en est-il du problème de la pénurie des médicaments

Pas plus tard qu’hier, le ministère de l’industrie pharmaceutique a tenu une réunion de l’observatoire sur la situation du médicament qui a duré 04 heures et ce en présence même du Ministre Lotfi Benbahmed. Le constat a été fait que la situation du marché de ville a connu une nette amélioration par la majorité des membres de l’observatoire. Nos interventions directes auprès du ministère a permis à ce dernier d’intervenir à chaque fois pour rattraper certaines situations de pénuries. Les produits signalés en ruptures par certains intervenants ont été pris en charge par le MIP, et des chiffres précis ont été communiqués sur les programmes accordés et réceptionnés.  Les programmes et le marché sont maîtrisés de mieux en mieux, et nous considérons que tous les intervenants disposent désormais d’une meilleure visibilité sur la disponibilité des produits au niveau du marché de ville. Il faut que le travail de suivi continue pour que les cas de pénurie durent le moins possible et soient rapidement rattrapés. Il faut également que tout le monde collabore et joue le jeu, éviter les sur stockage, la diffusion de fausses information, les rétentions des stocks, et les pratiques non professionnelles. Les opérations de visite et de contrôle doivent également s’inscrire dans la durée. La libération des stocks doit se faire également avec rapidité et souplesse pour garantir la fluidité des approvisionnements des grossistes et des officines. Le circuit de la distribution ainsi que le réseau officinal sont très larges et étendues, et il faut désormais s’inscrire dans la modernisation et le développement des techniques d’approvisionnement pour assurer la disponibilité et le renouvellement rapide des stocks.

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