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Prison d’El Harrach : Des avocats confirment la contamination d’ex-hauts-responsables de l’Etat

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Des avocats ont confirmé la contamination de plusieurs ex-hauts responsables de l’Etat incarcérés à la prison d’El Harrach (Alger) et que le virus s’est introduit dans l’établissement pénitencier.

Ainsi, Me Farouk Ksentini qui a fait état d’un dépistage systématique à la prison d’El Harrach des détenus notamment après le décès vendredi dernier au pavillon carcéral de l’hôpital Mustapha Pacha (Alger) de l’ancien ministre des télécommunications, Moussa Benhamadi après avoir contracté le coronavirus. Me Ksentini a dit craindre pour l’état de santé de son client, Djamel Ould Abbès, ancien ministre de la solidarité nationale et ex- secrétaire général du FLN, est âgé de 86 ans et souffre de maladies chroniques. Il a été placé en détention provisoire en juillet 2019.

« C’est bien de tester systématiquement les détenus, mais ce n’est pas du tout suffisant, dit-il, nous savons tout ce qui se passe actuellement, on peut être testé négatif et se révéler positif une seconde fois, c’est une pandémie, le phénomène est très dangereux, une fois déclarée, on n’a pas grand-chose pour la contenir, l’administration pénitentiaire fait ce qu’elle peut, mais la bataille est très difficile. Elle a beau désinfecter, faire porter des masques et mettre en place toutes les mesures préventives, il y a quand même des gardiens qui rentrent et qui sortent, qui retournent chez eux la nuit… tout vient de l’extérieur et puisque les familles et les détenus n’accèdent plus il reste ce problème », a expliqué Me Ksentini cité ce lundi par Le Soir d’Algérie.

Estimant que la solution serait de « libérer les détenus », l’avocat a fait savoir que Djamel Ould Abbes a été en contact avec Moussa Benhammadi dans le fourgon cellulaire qui les transportait vers la Cour suprême où ils devaient être une nouvelle écoutés par un juge instructeur. « Mon client est très âgé, il ne constitue aucun danger, il serait plus sage, plus raisonnable de le libérer et la justice pourra continuer son travail avec lui, c’est une question d’humanité », a-t-il estimé.

Appel au président de la République pour libérer les détenus 

De son côté, Me Miloud Brahimi, qui assure la défense de plusieurs ex-hauts responsables de l’Etat en détention pour des affaires corruption, a lancé un appel au président de la République pour libérer les détenus. Cité lui aussi par Le Soir d’Algérie, il a estimé que le président Tebboune, en tant que premier magistrat du pays est « le seul, dit-il, qui puisse mettre fin à la situation en cours, qui puisse permettre le retour à la légalité et au respect de la loi ».

« Il faut absolument mettre fin à la détention préventive qui s’est érigée en règle au détriment de la loi, la préemption d’innocence est bafouée, des personnes qui ne présentent absolument aucun danger sont placées en détention et jugées des années plus tard, c’est aussi le seul pays où l’on voit des personnes de 80 ans placées en détention préventive pour infraction patrimoniale. Il faut mettre un terme à cette situation et la pandémie en cours en souligne à présent la double urgence. Il faut procéder à la libération immédiate des prisonniers qui se trouvent en détention provisoire, de tous les détenus condamnés définitivement et dont la peine n’excède pas les cinq ans, il faut libérer un maximum de personnes ce ne sont pas des mesures illégales. Je ne demande pas de cesser les poursuites contre ces personnes, la justice poursuivra son travail avec eux », a-t-il expliqué.

« J’ai des clients qui ont été contaminés en prison, Amara Benyounès, Melzi, que font-ils en prison ? Leur détention préventive n’est pas justifiée, ce matin — hier — on m’apprend que Mokhtar Reguieg a été transféré à l’infirmerie. La nouvelle n’est pas confirmée, mais il serait lui aussi contaminé, je m’excuse pour tous ceux qui sont atteints et que je n’ai pas cités car n’ayant pas été informé, et je me demande également ce que Khalida Toumi fait elle aussi en prison. Elle n’a été entendue qu’une seule fois par le juge d’instruction, le jour de son incarcération, et plus rien depuis, pourquoi la maintenir en détention préventive ? Attend-on que le coronavirus fasse son œuvre là aussi ? Elle peut très bien répondre en liberté, tout ceci est inadmissible », a-t-il détaillé.

Plusieurs ex-hauts responsables de l’Etat hospitalisés au CHU Mustapha ou en isolement à El Harrach

Dans sa livraison de dimanche, le journal El Watan a rapporté que deux décès liés à la covid-19 ont été enregistrés parmi les détenus de la prison d’El Harrach. En plus de Moussa Benhamadi, le défunt Ali Lakhdari, médecin et trésorier de l’association Paix et solidarité, que présidait l’ex-ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbès. « Placé en détention provisoire à l’été 2019, dans le cadre de l’affaire relative au détournement des fonds de la solidarité nationale, il souffrait d’une lourde maladie respiratoire. Il était isolé à l’infirmerie de l’établissement, lorsqu’il a rendu l’âme après sa contamination par le virus », a précisé la même source.

Le journal a précisé que huit autres détenus contaminés par le virus ont été hospitalisés au pavillon carcéral du CHU Mustapaha (Alger) et qu’au moins cinq autres détenus font l’objet d’un isolement au niveau la prison d’El Harrach.

Parmi les ex-hauts responsables contaminés, le média a cité Ahmed Ouyahia, « qui a été atteint lors de sa sortie au cimetière pour assister à l’enterrement de son frère », puis Amara Benyounès, Abdelmalek Sellal et Youcef Yousfi, « tous transférés à l’hôpital Mustapha Pacha à Alger, et dont l’état de santé s’est amélioré depuis ».

Selon la même source, il s’agit également de Abdelkader Ouali, ex-ministre des Travaux publics, Hamid Melzi, ex-patron de la SIH (Société d’investissement hôtelier) et de la résidence d’Etat Sahel à Club des Pins, et Abdelhak Boudrâa, ex-DG de l’Onou (Office national des œuvres universitaires). Il suivent  tous « des soins et répondent bien au protocole de soins ».

La même source a ajouté qu’Abdelghani Hamel, ex-patron de la police, Mahdjoub Bedda, ex-ministre de l’Industrie, Saïd Barkat et Djamel Ould Abbès, ex-ministres de la Solidarité, Boudjemaâ Talai, Abdelghani Zaalane (guéri de sa contamination) et Amar Ghoul, ex-ministres des Travaux publics, « ont tous été testés négatifs ».

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