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Pétrole : l’Arabie saoudite revient sur son projet d’augmenter sa capacité de production

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L’Arabie saoudite a demandé à sa compagnie nationale Aramco de maintenir sa capacité de production de pétrole à 12 millions de barils par jour, renonçant à un projet d’augmentation annoncé en 2021, a indiqué mardi la compagnie.

Aramco est le fleuron de l’économie du plus grand exportateur de brut au monde, qui mise sur ses recettes pour financer le vaste programme de réformes du prince héritier Mohammed ben Salmane, visant à préparer le royaume du Golfe à l’après-pétrole.

« Aramco annonce avoir reçu une directive du ministère de l’Energie pour maintenir sa capacité maximale durable à 12 millions de barils par jour (mb/j) » au lieu de la porter à 13 mb/j comme prévu, a affirmé la société dans un communiqué.

Les prévisions de dépenses d’investissement seront mises à jour au moment de l’annonce des résultats annuels de 2023 en mars, a-t-elle ajouté.

La monarchie pétrolière avait annoncé son intention d’augmenter sa capacité de production quotidienne d’un million de barils en octobre 2021, le même mois où elle s’était engagée à atteindre la neutralité carbone en 2060, suscitant le scepticisme des défenseurs de l’environnement.

La décision d’abandonner cet objectif « suggère que Ryad n’est pas très confiant que le monde aura besoin d’une telle capacité supplémentaire, et que l’investissement nécessaire pour atteindre et maintenir les 13 mb/j,  serait mieux dépensé ailleurs », estime Jamie Ingram, de la publication spécialisée Middle East Economic Survey.

Au début du mois, Aramco avait injecté quatre milliards de dollars dans sa société de capital-risque, Aramco Ventures, faisant passer son capital de trois à sept milliards de dollars, rappelle-t-il.

La compagnie vise la neutralité de ses opérations en 2050, sans compter les émissions produites par le pétrole exporté et brûlé par ses clients.

Accord sur le climat

L’Arabie saoudite a toujours affirmé qu’une hausse des investissements dans l’industrie fossile était nécessaire pour assurer la sécurité énergétique dans le monde, notamment en Afrique.

Durant la COP28, la conférence mondiale pour le climat qui s’est tenue en décembre à Dubaï, le royaume avait été l’un des principaux opposant à la mention dans le texte final d’une « réduction » ou une « élimination » des combustibles fossiles, causant le réchauffement de la planète.

L’accord adopté à l’issue des négociations a toutefois ouvert la voie à leur abandon progressif, en appelant à « transitionner hors des énergies fossiles ».

Le ministre saoudien de l’Energie, Abdelaziz ben Salmane, en avait alors minimisé la portée, affirmant que le texte n’aurait « aucun impact » sur les exportations de son pays. Il « n’impose rien » aux pays producteurs et leur permet de réduire leurs émissions « en fonction de leurs moyens et de leurs intérêts », avait-il affirmé dans une interview à la chaîne saoudienne Al Arabiya Business.

Justin Alexander, directeur du cabinet de conseil Khalij Economics, a qualifié la nouvelle de mardi de « développement majeur » et « assez surprenant », citant les réserves existantes de l’Arabie saoudite, le capital adéquat pour l’investissement et les faibles coûts de développement.

« Même si la demande stagne ou commence à baisser en raison de la transition énergétique, les déclins naturels ailleurs pourraient créer un espace pour de nouvelles capacités de production à partir de producteurs à faible coût et à faible intensité de carbone tels qu’Aramco », a-t-il déclaré.

Cette annonce ne devrait toutefois pas avoir d’effet immédiat sur la production du royaume, qui se situe actuellement bien en deçà de sa capacité de 12 millions de barils par jour, à environ neuf millions de bpj.

Depuis octobre 2022, l’Arabie a contracté sa production d’environ deux millions de barils par jour pour soutenir les cours.

Ces coupes volontaires, et le repli des cours, ont fait chuter les bénéfices d’Aramco de 23% au troisième trimestre 2023, à 32,58 milliards de dollars, contre 42,43 milliards de dollars à la même période de l’année précédente.

En 2022, la reprise économique post-pandémie et l’envolée des prix dans le sillage de l’invasion russe de l’Ukraine avaient propulsé ses profits à un niveau « record » de 161,1 milliards de dollars.

AFP

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