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Attar : « Il est hors de question de vendre notre gaz à perte ou sans bénéfice »

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Le ministre de l’Énergie, Abdelmadjid Attar, a déclaré, jeudi 12 novembre 2020, qu' »il est hors de question de vendre notre gaz à perte ou sans bénéfice ».

Le ministre de l’Energie s’exprimait lors d’un point de presse animé en marge de la 22ème réunion ministérielle du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) tenue par visioconférence et présidée par l’Algérie.

Répondant à une question de l’agence russe Sputnik pour sur « sur les avantages obtenus par le géant public algérien des hydrocarbures, la Sonatrach, lors de la révision d’un récent accord de vente de gaz à l’espagnol Naturgy ». Abdelmadjid Attar a affirmé que
l’Algérie acceptait le principe de négocier, mais ne ferait aucune concession qui irait à l’encontre de ses intérêts.

« Il est hors de question de vendre notre gaz à perte ou sans bénéfice. Nous arrêterions la production [plutôt]! J’estime que chaque mètre cube qui restera dans les sous-sols du pays sera une excellente chose pour les générations futures. Je considère que la Sonatrach a négocié de bons contrats, ils sont conformes à la réalité actuelle du marché, elle ne pouvait pas faire autrement. Mais elle n’a pas fait de cadeau. Le prix est confidentiel [avec Naturgy], mais je peux vous garantir que Sonatrach n’a fait aucun cadeau à aucun client », a déclaré le ministre cité ce vendredi par la même source.

Pour rappel, le 8 octobre dernier, à l’occasion de la visite en Algérie du Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, Sonatrach et Naturgy ont signé un accord gazier qui a mis fin au contentieux entre les deux compagnies autour des prix du gaz.

Selon l’agence russe, Abdelmadjid Attar a estimé que la démarche algérienne se veut « réaliste » dans un contexte fortement concurrentiel marqué par une présence en Europe (marché traditionnel de l’Algérie) du gaz naturel russe et du gaz naturel liquéfié (GNL) américain et qatari.  Il a expliqué que plusieurs paramètres entraient en considération lors de la négociation de contrats. Le volume et la nature de l’investissement des partenaires en Algérie sont des facteurs importants dans ce processus. A ce propos, Attar a cité l’exemple du groupe italien Eni « engagé dans une douzaine de contrats d’exploration et de développement sur le territoire algérien ».

Le marché intérieur est prioritaire

Selon le ministre, l’Algérie dispose d’un atout majeur pour faire face à la pression de la concurrence sur le marché européen. « La sécurité d’approvisionnement. Nos clients savent que nous avons des quantités que nous pouvons produire et livrer. C’est ce qu’ils recherchent, en plus d’un prix raisonnable », a-t-il expliqué.

Le ministre de l’Energie a affirmé que le marché intérieur est prioritaire. « Pour l’Algérie, la priorité, c’est le marché intérieur. Quelle que soit la raison, tout doit se faire selon les prévisions de consommation du marché intérieur. C’est notre priorité numéro un. Il n’est pas question d’exporter un seul mètre cube au risque de créer des problèmes dans notre pays », a-t-il souligné.

Relevant que la pandémie de la Covid-19 a provoqué une baisse des prix et de la consommation sur le marché gazier. Le ministre a indiqué, à propos de la situation actuelle du marché, que les exportations des pays membres du GECF ont baissé de 16 % par canalisation et de 2,5 % concernant le gaz liquéfié.

Ceci s’explique notamment par la baisse de la consommation dans le monde qui a diminué durant 2020 (jusqu’au mois d’octobre), de 3,5 %. « Les marchés spots ont été les plus impactés. La diminution des prix a été comprise entre 38 et 42 % », a expliqué M. Attar.

Toujours selon les données du GEFC, les prix du gaz ont retrouvé une tendance haussière depuis juillet dernier. « La consommation du gaz va reprendre progressivement avec un taux de 1,5 % en 2021 et de 2,5 % en 2022. Par la suite, cette consommation retrouvera les mêmes niveaux qu’en 2018 et 2019 », a assuré le ministre de l’Energie, considérant que « ce sont là de bonnes perspectives pour le marché du gaz ».

Le gaz naturel a sa place dans les prochaines années

Attar a estimé que « les perspectives confirment que le gaz naturel a parfaitement sa place dans les prochaines années, notamment dans le cadre de la transformation énergétique qui fait du gaz un associé important aux énergies renouvelables ».

Les experts du GECF prévoient qu’à l’horizon 2050, une hausse de la part du gaz dans le mix énergétique mondial passer qui de 23 % actuellement à 28 % et la consommation annuelle de gaz naturel passera de 3.950 milliards de m3 à 5.920 milliards de m3. Pour le ministre de l’Energie, l’avenir du gaz naturel, notamment du gaz naturel liquéfié (GNL), se trouve en Asie et en Afrique.

Selon les données du GECF, la consommation de gaz en Asie pacifique augmentera de 99% d’ici 2050, en Amérique du nord de 35 % et dans les pays du Golfe de 53 %. En revanche, cette consommation en Europe devra connaître une baisse de 10 % d’ici 2050, a-t-il prévu. « Cela impose à l’Algérie de diversifier ses marchés en visant notamment les pays d’Afrique où la consommation va augmenter de 147 % », a-t-il fait savoir, ajoutant que le gaz continuera à constituer un « composant important dans la stratégie de développement énergétique nationale ».

Le ministre a expliqué que pour décrocher des parts de marché, Sonatrach devra augmenter ses capacités de production de GNL, renforcer ses moyens de transport maritime et faire preuve d’agressivité sur le plan commercial, prévoit le ministre algérien. « À partir de 2024, la part de GNL deviendra beaucoup plus importante sur les marchés que celle du gaz naturel transporté par pipeline. Nous devons nous préparer autant pour l’Asie que pour l’Afrique. La Sonatrach travaille dessus. Mais actuellement, en Asie, nous ne pouvons pas concurrencer le GNL australien et qatari », a indiqué le ministre de l’Energie.

A la question de savoir si le GECF peut devenir un « OPEP du gaz », M. Attar a souligné à ce propos l’importance du Forum, notamment à travers les données qu’il génère, par le biais de son rapport sur les « perspectives 2050 » sur le gaz qui sera publié en décembre prochain.

« Les données du GECF sont de plus en plus prises en considération par les différentes instances énergétiques dans le monde », a-t-il mentionné, assurant que « le moment n’est cependant pas opportun  » pour que le GECF puisse s’ériger  un « OPEP du gaz » au vu de la conjoncture actuelle marquée par une baisse de la consommation mondiale et une surproduction de gaz.

 

 

 

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