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Tewfik Hasni, consultant en transition énergétique : « Notre potentiel est d’abord le solaire thermique »

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Dans cet entretien, l’expert en énergie, Tewfik Hasni, réagit aux dernières mesures prises dans le secteur des énergies renouvelables comme l’instauration du contrôle de l’efficacité énergétique au niveau des entreprises. Sur la transition énergétique et le développement des énergies notre interlocuteur estime que l’énergie solaire devrait contribuer par plusieurs aspects à une meilleure efficacité énergétique.

Algérie-Eco : Dorénavant, les entreprises seront soumises à un contrôle de l’efficacité énergétique. Que pensez-vous de cette mesure?

Tewfik Hasni : Il faut d’abord comprendre ce qu’est l’efficacité énergétique et l’objet du contrôle.Si l’efficacité énergétique est la gestion de la consommation énergétique pour réduire la consommation et atténuer la pollution, Il faut cerner en conséquence les plus grands consommateurs.

Aujourd’hui, c’est les ménages et les services. qui devraient représenter près de 80% de la consommation. Le transport c’est principalement le pétrole et la seule mesure d’efficacité serait de respecter les normes européennes en matière de consommation de carburants. Donc le transport n’est pas concerné par votre question.

Pour le reste, je ne pense pas que cette mesure concerne les ménages. Il reste les entreprises et principalement les entreprises énergétivores. Sachant que près de 90% de ces entreprises sont publiques, on pourrait penser que cette mesure devrait être facilement implantée.

Il demeure que ceci devrait amener des investissements nouveaux, l’ensemble des entreprises publiques sont obsolètes. Cela demande donc d’établir des audits et de rénover les équipements. Il me parait difficile d’accepter de nouvelles dépenses qui n’amèneraient aucune croissance nouvelle, au moment où les ressources financières sont limitées.

Un projet de loi viendra pour corriger certains aspects de la loi sur la maîtrise de l’énergie, et proposera l’instauration d’un contrôle de l’efficacité énergétique dans de différents secteurs et la révision de l’audit énergétique. Selon vous, faut-il prendre des mesures coercitives pour que les nouvelles réglementations soient efficaces dans ce sens?

Selon la logique de la réponse 1, il est clair que telle mesure n’aura pas d’impact sur le secteur qui consomme le plus aujourd’hui, à savoir les ménages.

Concernant les entreprises, il est aussi évident que le secteur industriel privé devrait émerger. Mais, ce n’est pas par telles mesures que nous pourrions améliorer l’efficacité énergétique. Partout dans le monde, la prise de conscience sur la nécessaire amélioration de l’efficacité énergétique est logique. En effet le coût de l’énergie n’est pas subventionné.

Alors, des entreprises se sont installées dans ce créneau de marché. Elles proposent de faire l’audit énergétique d’investir elles-mêmes pour modifier les installations et d’accepter de se faire payer par le coût de l’énergie économisée, c’est-à-dire que l’entreprise ne verra pas cette dépense, elle continuera à payer le même montant pendant un nombre d’années suffisant pour rembourser la prestation.
Vous avez compris que la proposition est d’augmenter les tarifs de l’énergie pour les ramener à un niveau qui évitera les subventions, c’est-à-dire celui des nouvelles installations de générateurs électriques à partir du solaire, soit un tarif de 8 DA/KWh. Ceci se fera sur une période de 3 ans. Ceci sera accompagné de méthodes de ciblage des subventions pour les couches sociales qui le méritent.

Il s’agira de subventionner la consommation de ces ménages pour une consommation normalisée. La consommation de référence normalisée sera établie par la CREG et le montant du tarif sera subventionné à la limite de cette consommation. Au-delà, le tarif sera ramené au niveau fixé à tous les autres consommateurs. Il faut savoir que les subventions à l’énergie dépassent les 15 milliards de dollars par an.

Certains experts pensent que la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables doivent être perçus comme un axe fondamental de notre stratégie industrielle, scientifique et technologique. Quel commentaire faites-vous dans ce sens?

Nous avons défendu ce point de vue dans les colonnes de votre journal, nous maintenons bien-sûr comme justifié à la question 2 que l’énergie solaire devrait contribuer par plusieurs aspects à une meilleure efficacité énergétique. D’abord par les coûts qui sont devenus compétitifs avec toutes les autres alternatives. Par la même, l’énergie solaire a su gagner sa place en tant source d’énergie des plus efficaces et les moins polluantes. Sachant que la finalité de l’efficacité est de réduire la consommation et donc les émissions polluantes.

Comment impliquer le citoyen dans le développement des énergies renouvelables?

La meilleure façon d’impliquer le citoyen est certainement de lui expliquer la situation et qu’il est un des acteurs déterminants. Vous n’avez qu’à voir la réaction de tous ces jeunes qui ont cet espoir de voir notre pays prendre la place qu’il mérite à la tête de tout le bassin méditerranéen en matière d’énergie solaire.

Il faut arrêter d’avoir cette vision réductrice du solaire limitée au photovoltaïque. Notre potentiel est d’abord le solaire thermique et la solution est un mixte énergétique dans lequel le solaire thermique avec le gaz torché et le solaire photovoltaïque ont tous deux leur place. Les grandes centrales, comme les petites unités distribuées seront nécessaires. Il faut arrêter d’opposer l’une des filières à l’autre. Il s’agit de libérer les initiatives.

Ceci nécessite au préalable de ramener le tarif comme recommandé à 8 DA/KWh (2017) d’ici à 3 ans. Il faut lever les contraintes à l’investissement après cela. Les réformes prévues sont aussi indispensables.

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