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Mustapha Mekideche : « Le système préférentiel des kits SKD/CKD était une niche fiscale avec de graves dérives »

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Les mesures décidées lors du dernier conseil des ministres, repose sur une certaine cohérence, a estimé l’économiste Mustapha Mekideche. Selon lui, la situation actuelle, exige à la fois la limitation des dépenses budgétaires et la mobilisation de ressources financières supplémentaires y compris le recours aux crédits confessionnels d’Etat à État.

Algérie-Eco : Plusieurs décisions économiques ont été prises par le gouvernement lors du dernier Conseil des ministres afin de faire face à la crise économique. Que pensez-vous de ces mesures ?

Mustapha Mekideche : J’observe une certaine cohérence dans le train de mesures annoncées à l’issue du dernier Conseil des ministres. D’abord l’annulation du régime préférentiel pour l’importation des kits SKD et CKD, mettant fin ainsi à une niche fiscale qui était inefficace et source de dérives graves. En même temps il a été mis fin au marché captif de l’automobile en libérant de nouveau l’activité des concessionnaires qui était piégée, à son seul profit, par le business model SKD et CKD. Je disais cohérence car cela est couplé à une défiscalisation lorsque le constructeur ou l’ensemblier a recours aux intrants nationaux. Ensuite l’abrogation de la clause 51/49 pour les investissements non considérés comme stratégiques et pour l’activité commerciale. Cette abrogation, déjà annoncée, a été mise en œuvre. Elle va probablement élargir le champ d’intervention des IDE en Algérie en termes de volume et de branches concernées.

Enfin s’agissant de la mesure portant préemption, il ne faisait pas sens de la conserver, sauf évidemment et implicitement pour les projets jugés stratégiques dont il faudra au passage définir les critères d’émargement.

Le gouvernement fait face actuellement à deux défis, celui de réduire les dépenses et de procurer des ressources. Que suggérez-vous dans les deux cas ?

La marge exceptionnellement réduite, en cette année 2020, des ressources budgétaires et monétaires de l’Etat sous l’effet de la double crise sanitaire et économique, rend nécessaire à la fois la limitation des dépenses budgétaires et la mobilisation de ressources financières supplémentaires internes et externes. L’exercice est à la fois complexe et délicat. Les coupures importantes dans le budget d’équipement vont impacter la branche du BTPH, soumis déjà à rude épreuve par l’arrêt des chantiers dû au Covid19. S’agissant de la diminution de 50% du budget de fonctionnement en 6 mois, tout en conservant fixe la masse salariale, est un objectif difficile à atteindre. Mais l’effort doit de toute manière être fait. Ce qui nécessite la construction d’un consensus social solide. La tenue de la prochaine tripartite, peut en être un moment important si elle est bien préparée par l’ensemble des partenaires.

La question de l’endettement extérieur a été écartée par le prédisent de la République, pensez-vous que le recours à la planche à billets est probable ?

Vous faites bien de poser cette question car cette problématique du recours à l’endettement extérieur est souvent source d’incompréhension chez nous. Souvenez-vous des débats contradictoires des années 90 sur le reprofilage de la dette extérieure ou le recours à l’endettement extérieur. Nous ne sommes pas dans les mêmes conditions de contraintes de nos équilibres financiers extérieurs. Ceci dit, la lecture que je fais du discours du Président de la République est plus nuancée. Le seul refus au recours au financement extérieur est celui lié à des conditionnalités telles que celles imposées par le FMI lors des Programmes d’Ajustement Structurels (PAS). Mais le project financing qui permet de générer des ressources financières excédentaires en s’appuyant sur la seule rentabilité du projet est possible. De même que le recours aux crédits concessionnel, d’Etat à État sur le long terme avec des périodes de grâce différés et un faible taux d’intérêt peut être utile à mobiliser.

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