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Production de pétrole : le point sur les nouveaux engagements de l’OPEP

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L’OPEP et ses 10 partenaires producteurs de pétrole ont annoncé le 6 décembre à Vienne un renforcement de leurs baisses de production, afin de soutenir les cours du pétrole.

Quelle baisse de production ? Pour rappel, les différents pays regroupés au sein de l’« OPEP+ » avaient convenu en décembre 2018 de réduire globalement leur production de 1,2 million de barils par jour (Mb/j) par rapport au niveau de production d’octobre 2018. Cet effort, pesant pour deux tiers sur les pays membres de l’OPEP et pour un tiers sur les pays partenaires (au premier rang desquels la Russie), avait été prolongé en juillet 2019.

Le 6 décembre, il a été décidé lors de la 7e réunion ministérielle de l’OPEP+ de réduire de 503 000 barils par jour (b/j) supplémentaires l’offre de pétrole de ce groupe de producteurs, afin de soutenir les cours. L’Arabie saoudite doit à elle seule compter pour environ un tiers de ces nouvelles coupes de production (- 167 000 b/j), suivie par la Russie (- 70 000 b/j) et les Émirats arabes unis (- 60 000 b/j). Au total, la baisse de production sur laquelle communique l’OPEP+ devrait, à partir du 1er janvier 2020, s’élever à 1,7 Mb/j (par rapport à octobre 2018). Si les différents producteurs respectent leurs quotas de production, le ministre saoudien de l’Énergie, Abdel Aziz ben Salmane, a en outre annoncé l’ambition de son pays d’apporter une « réduction volontaire additionnelle » de 400 000 b/j, ce qui porterait la baisse de réduction de l’OPEP+ à 2,1 Mb/j. L’Arabie saoudite a un intérêt particulier à soutenir les cours du pétrole dans le contexte de l’entrée de son géant national Saudi Aramco à la Bourse de Riyad le 11 décembre.

Bjarne Schieldrop, analyste matières premières chez SEB(1), note toutefois que la baisse de l’offre sur les marchés pétroliers provient jusqu’ici essentiellement de « réductions involontaires au Mexique, en Libye, en Iran et au Venezuela », plutôt que des engagements de l’OPEP+. Il rappelle par ailleurs que « de nombreux pays de l’OPEP+ ne sont pas en mesure de produire aujourd’hui autant que leur plafond le permet »(2).

Les cours du pétrole et la « menace » américaine : Suite au nouvel accord de l’OPEP+, le baril de Brent s’est apprécié de 1,6% le 6 décembre, pour atteindre 64,39 $ (+ 1,3% pour le WTI à New York). Selon Bjarne Schieldrop, les cours pourraient avoisiner 70$ par baril en 2020. Il rappelle toutefois que le prix d’équilibre recherché par l’Arabie saoudite est plus proche de 85 $ par baril, tandis qu’un cours de 65 à 70 $ par baril satisfait de nombreux membres de l’OPEP+. Dans le même temps, rappelons que la production de pétrole brut des États-Unis a atteint un niveau record de 12,2 Mb/j au 3e trimestre 2019 (contre 11 Mb/j en 2018). Selon les dernières projections de l’EIA américaine, cette production pourrait s’élever en moyenne à 13,3 Mb/j en 2020, malgré la baisse du nombre de « rigs » actifs (engins de forage) dans le pays. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime pour sa part que les États-Unis pourraient, malgré un ralentissement de la croissance de leur production pétrolière, compter pour 85% de la hausse de l’offre mondiale de pétrole d’ici à 2030. 

Face à cette « menace » américaine, l’OPEP+ – l’Arabie saoudite en premier lieu – est-elle « condamnée » à contenir toujours davantage sa production pétrolière pour maintenir les cours à un niveau jugé satisfaisant ? Aucune durée n’a été annoncée pour les nouveaux quotas de production. Les prochaines réunions de l’OPEP+ sont prévues les 6 mars et 10 juin 2020.

Afp

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