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Forum mondial sur les réfugiés : les pays riches invités à « prendre leur part »

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Sortir des « discours stériles » et trouver des solutions concrètes pour des déplacés plus nombreux que jamais, en allégeant le fardeau des pays d’accueil, souvent pauvres: c’est le défi du premier Forum mondial sur les réfugiés, qui s’ouvre mardi à Genève.

Le Forum est organisé à l’ONU un an exactement après l’adoption à New York d’un Pacte mondial sur les réfugiés, censé apporter une réponse collective aux mouvements massifs de déplacés.

La question du partage de la charge des réfugiés divise pays riches et émergents, au premier titre desquels la Turquie du président Recep Tayyip Erdogan, arrivé lundi en Suisse en tant que co-organisateur. Les pays pauvres ou en voie de développement, qui accueillent 80% des réfugiés dans le monde, s’estiment livrés à eux-mêmes face à un lourd fardeau pour leur économie et leur société.

Le but du Forum, a rappelé lundi le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), hôte de l’événement, est de « générer de nouvelles approches (…) pour aider les réfugiés et les communautés dans lesquelles ils vivent ».

Avec un record de 71 millions de déplacés en 2018, dont 26 millions de réfugiés, « on sort d’une décennie de déplacements durant laquelle le nombre de réfugiés a explosé », a constaté le Haut-Commissaire aux réfugiés Filippo Grandi, dans un communiqué. De ce rassemblement, M. Grandi attend surtout des contributions « financières », une « assistance matérielle » ou encore des annonces en matière de réinstallations. Ce programme du HCR vise à installer dans des pays riches des réfugiés qui se retrouvent dans des pays n’offrant pas toutes les garanties, notamment pour leur sécurité.

Avant les discours mardi des chefs d’Etat ou ministres, à commencer par ceux des co-organisateurs (outre la Turquie, l’Allemagne, le Costa Rica, l’Ethiopie et le Pakistan), l’ONU a mis en avant lundi l’engagement du secteur privé. Une centaine d’entreprises participent à l’événement. « Chaque action compte. Le Forum promeut une approche sociétale complète », en essayant de rapprocher « réfugiés et secteur privé pour trouver des solutions », a expliqué Dominique Hyde, du HCR, lors d’une conférence de presse.

Vodafone (télécoms) a par exemple annoncé l’expansion d’un partenariat avec le HCR pour des « écoles connectées » dans les camps de réfugiés, prévoyant de passer de 36 à « près de 300 » classes d’ici 2025, soit 500.000 enfants qui auront accès à une instruction.

Durant les deux jours du Forum, mardi et mercredi, le Haut-commissaire Grandi doit également annoncer l’objectif d’assurer l’accès à l’énergie dans tous les camps de réfugiés d’ici à 2030.

Mais les défis restent immenses, a rappelé lundi l’ONG Oxfam : la « responsabilité » de l’accueil des réfugiés « est injustement mise sur certains des pays les plus pauvres ». « Des millions de réfugiés vulnérables sont en danger ou maintenus dans l’incertitude parce que de nombreux pays refusent de prendre leur part de responsabilité », a insisté un responsable d’Oxfam, Danny Sriskandarajah. « Le manque de solutions politiques que l’on constate, la complexité des conflits (…), la perspective n’est pas lumineuse », avait confié à l’AFP avant l’ouverture du Forum Kelly Clements, numéro 2 du HCR. 

Après un discours inaugural du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, c’est surtout la position du président turc Erdogan qui sera très attendue mardi matin. L’homme fort d’Ankara, dont le pays accueille le plus de réfugiés dans le monde, environ 3 millions, martèle de longue date que, faute d’aide plus substantielle de la communauté internationale, il pourrait laisser les réfugiés et migrants passer en Europe.

Le Forum, qui a vocation à se tenir tous les quatre ans, se veut une déclinaison concrète du Pacte signé à l’ONU. Mais Mohammed Badran, réfugié palestinien qui participe comme une soixantaine d’exilés au rassemblement a affirmé à l’AFP avoir « peur » que « ce forum ne devienne une énième conférence où l’on dépense beaucoup d’argent » sans qu’au final « rien ne soit mis en oeuvre ». « Nous avons besoin d’actions », demande-t-il, « pas de discours stériles ».

Afp

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