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Naissance d’une zone de libre-échange Africaine

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Qualifié d’historique, le sommet extraordinaire de l’Union africaine qui se tiendra demain et après demain à Niamey, lancera officiellement la zone de libre-échange économique continentale, véritable union économique africaine de 55 nations, bientôt peuplées (2030) d’environ 1,2 milliards d’habitants.

C’est un rêve panafricain qui remonte aux années 1970 date à lequel fut lancée l’idée d’un commerce entre pays africain qu’animerait une route transsaharienne dont l’Algérie était un des principaux fers de lance. Le sommet extraordinaire de l’Union Africaine qui se tiendra demain à Niamey (Niger), vise précisément à donner un contenu réel à cette aspiration portée par les plus emblématiques leaders historiques africains aujourd’hui disparus, Sékou Touré, N’Krumah, Nasser, Boumediene, pour ne citer  que ceux là. Il s’agit, on l’a compris, de la création d’un marché commun auquel sera donné le nom de Zone de libre échange économique continentale (ZLEC) qui ira de l’Egypte à l’Afrique du Sud  et du Sénégal  à Djibouti. C’est un marché colossal d’environ deux milliards d’habitants, intéressant pas moins de 55 nations, parmi lesquelles l’Algérie, qui y sera développé à l’horizon pas si lointain de 2050. En 2030 déjà ca sera, pas moins d’un milliards deux cents mille africains, qui y en profiteront. C’est dire l’importance considérable de cette communauté économique que l’Union Africaine mettra au monde, dans un contexte géopolitique complexe et périlleux pour l’économie de ce continent encore très fragile, même s’il recèle d’énormes potentialités. La création de cette zone de libre échange, dont le démarrage effectif commencera en 2020, vise à mettre fin à une anomalie structurelle ayant pour réalité l’insuffisance, pour ne pas dire l’absence, d’échanges commerciaux entre pays d’un même continent. Faute de courants d’affaires interafricains, se sont en effet les grandes puissances qui tirent profit de ce marché de plus d’un milliard d’habitants, dont la Chine et l’Europe se sont taillé la part du lion.

Voulant éviter l’excès de précipitation, l’Union Africaine qui avait entrepris en 2012 les premières négociations sur ce méga projet économique et sociétal, considère que l’ambition est aujourd’hui suffisamment mature, pour faire adopter par tous les 55 pays ce marché unique  des biens et services dans laquelle toutes les entreprises du continent auront le droit de produire, de commercialiser et d’investir, en profitant des avantages de tarifs douaniers et non douaniers avantageux et unifiés. Jusqu’à très récemment ce projet d’union économique africaine, craignait fort d’être fragilisé par l’absence de la grande locomotive économique qu’est le Nigéria, mais finalement ce grand pays pétrolier et agricole a décidé de le rejoindre.

Comme pour tous les pays qui n’ont pas encore atteint de grandes performances en matière de compétitivité mais qui ont signé un pacte de libre échange avec l’OMC, la difficulté majeure consistera évidemment à trouver des débouchés aux  produits qui ne disposent pas du meilleur rapport qualité/prix que ceux qui viennent de Chine, des Etats-Unis, d’Europe et de certains pays émergents. L’Union africaine a, de ce fait, besoin de mettre en place quelques mesures de protection, si elle ne souhaite pas laminer des pans entiers de son industrie. La mondialisation a déjà causé la disparition de nombreuses manufactures de textiles et d’agroalimentaires dans des pays comme le Niger, uniquement du fait de la concurrence chinoise. Les économies africaines n’étant pas suffisamment intégrées la crainte est que ces pays engloutissent l’essentiel de leurs avoirs dans l’acquisition de matières premières, pièces détachées et autres kits pour fabriquer des produits qui seront invendables, car trop chers. C’est une préoccupation réelle qu’il faudra impérativement solutionner, si l’UE ne veut pas que cette zone de libre échange lamine le maigre tissu industriel qui lui reste. Les lois régissant les questions liées à libéralisation du commerce et notamment celle relative à la suppression des barrières douanières devra donc être minutieusement étudiée avant d’être mises en œuvre. Dans tous les cas, suffisamment de temps devra être impérativement accordé aux entreprises, pour mettre leur management et leurs procès de production à niveau.

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