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Élection présidentielle: la faille organisationnelle du Hirak encourage l’armée à maintenir l’échéance du 4 juillet

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Le haut commandement militaire semble bel et bien décidé à aller au bout de la logique de l’article 102 de la constitution qui consiste à organiser avec le personnel politique présent (président de l’Etat par intérim, gouvernement et conseil constitutionnel en place) le prochain scrutin présidentiel fixé au 4 juillet prochain.

Les imposantes manifestations du vendredi et autres jours de semaines ne semblent pas du tout déranger son objectif de faire élire le prochain président de la république à l’échéance prévue par la constitution de 2016, en lui accordant même, pourquoi pas, le soutien déclaré de l’institution militaire qui votera massivement pour le candidat désigné.

Le compte à rebours vers ce piège électoral a du reste déjà commencé pour ne s’arrêter qu’avec l’obtention du résultat escompté. Il est même fort probable que le candidat du « consensus » soit déjà connu par cette haute hiérarchie militaire et celle du parti FLN qui vient de s’offrir un nouveau secrétaire général de la même veine que certains hiérarques de l’armée. Face à ce pouvoir politicio-militaire bien déterminé à aller au bout de sa feuille de route, il y a certes la puissance populaire qui se chiffre en millions de manifestants, mais malheureusement sans encadrement consensuel à même de la représenter et faire contrepoids aux mauvaises coups qui se trament contre le Hirak.

Face à cette contre révolution de plus en plus forte et organisée que les algériens ont vite repérée, on se met alors à espérer que les figures emblématiques du Hirak à l’instar de Maitre Bouchachi, Zoubida Assoul, Karim Tabou, Ahmed Benbitour, Smail Lalmas, Djamila Bouhired, les représentants phares des étudiants, de l’émigration, des intellectuels en soient elles aussi conscientes et se réunissent à l’effet d’organiser la riposte, en commençant par constituer rapidement une direction politique en mesure de forcer l’état major de l’armée à accepter la transition, telle qu’exigée par ces millions d’algérien qui s’expriment bruyamment dans les rues de toutes nos villes depuis le 22 février dernier.

A défaut de cette direction politique, que les algériens appellent de tous leurs vœux, il est tout à fait clair que l’on s’acheminera vers une élection qui se tiendra,quelles que soient les circonstances, le 4 juillet prochain dans les mêmes conditions que celles qui se sont toujours déroulées en Algérie, à savoir, avec peu de votants et, de surcroît, entachées de fraudes massives.

Le résultat du scrutin que le commandement militaire imposera en dépit des contestations populaires pourrait alors contraindre le Hirak à déraper vers la violence. Le président «fraîchement élu» et très vite reconnu par de nombreux chefs d’Etats étrangers, à commencer par les pays arabes, saisirait alors l’occasion de cette insécurité publique pour décréter l’état d’urgence.

Un état d’urgence qui lui permettra de s’accrocher longtemps au pouvoir sous protection de l’armée et en conformité avec la constitution algérienne.  Le système politique avec lequel les algériens voulaient en finir aurait alors le temps de se régénérer, même si le pouvoir militaire consent à sacrifier quelques branches pourries parmi les oligarques et quelques hommes politiques devenus trop gênants.

Il y a donc vraiment péril dans la demeure et il est urgent que les leaders du Hirak en prennent conscience. En persistant dans leur démarche de leadership éparpillé et peu offensif actuel, il font en réalité le jeu du pouvoir qui renforce chaque jour un peu plus sa détermination à effectuer le forcing de ce ce rendez vous électoral qui brisera le moral de millions d’algériens qui se sont épuisés à manifester plus deux mois durant dans l’espoir d’édifier une nouvelle république porteuse d’espoirs notamment pour les jeunes générations.

Par leur incapacité à fédérer leurs forces autour de cette direction politique, les leaders du Hirak se rendraient ainsi, consciemment ou par simple naïveté, complices d’un système qu’ils prétendaient pourtant vouloir « dégager ».

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