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Abdelhak Lamiri, expert et consultant en économie : « L’Algérie n’est pas prête à entrer à l’OMC car elle risque de perdre beaucoup »

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Dans cet entretien, l’expert en économie, MLamiri s’exprime sur une question qui revient en actualité, celle de l’accession de l’Algérie à l’OMC. Commentant les dernières déclarations du ministre du commerce à ce propos, MLamiri estime qu’il faut donc faire semblant de négocier tout en retardant le processus. Pour lui, si l’Algérie entre maintenant à l’OMC, elle va cumuler les pertes.

 

Algérie-Eco : La question de l’accession de l’Algérie à l’OMC revient en actualité. Le ministre du Commerce, Said Djellab, a affirmé que le retard de l’accession de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) était lié à des choix économiques stratégiques de l’Etat algérien et non pas à des raisons bureaucratiques, est-ce un bon argument à votre avis?

M.Lamiri : C’est très probable que ce soit vrai. L’Algérie n’est pas prête à entrer à l’OMC car elle risque de perdre beaucoup de parts de marchés nationaux et gagner très peu à l’extérieur. Rares sont nos entreprises compétitives. Il faut donc faire semblant de négocier tout en retardant le processus. Maintenant tout le monde remet en cause l’OMC surtout les USA qui l’ont créée et ont favorisé son développement. Mais c’est la bureaucratie qui cause, en grande partie, l’absence de compétitivité de nos entreprises. C’est un virus dangereux qu’il faut extirper sous peine de le voir détruire le tissu économique.

Le retard accusé dans l’accession de l’Algérie à l’OMS est lié aux options stratégiques de l’Etat algérien, notamment en matière d’encouragement des exportations nationales et la protection du produit local. Qu’en pensez-vous?

C’est absolument exact. Il faut absolument améliorer la qualité du management de nos entreprises. Il faut qu’elles sachent exporter mais pas uniquement. L’exportation vient en fin de chaine. Il faut d’abord améliorer les qualifications humaines, revoir la stratégie, l’organisation, le marketing etc de nos entreprises. Si on fait cela on améliore nos capacités d’exportation. Il faut faire le travail en amont d’abord. Or on fait très peu dans ce domaine. On risque de ne pas dépasser la barre des 4 Milliards d’exportations hors hydrocarbures les cinq prochaines années.

Vous avez toujours défendu l’idée que l’Algérie a largement le temps pour y adhérer et il ne faut pas se précipiter à cette accession, pourquoi?

Si on entre maintenant à l’OMC nous allons cumuler les pertes. Nous avons déjà adhéré a l’union européenne on a perdu beaucoup de marchés mais rien gagné en échange. Avec l’OMC on perdra d’avantage et on gagnera très peu. Nous ne pouvons pas gagner à adhérer parce que ni nos entreprises ni nos administrations ne sont prêtes à gagner la bataille de la compétitivité. Nous sommes si faibles qu’il faut nous améliorer d’abord puis se battre sur les marchés internationaux à armes égales.

Quelles sont à votre avis les priorités actuelles de l’économie nationale?

Les priorités de l’économie sont de mettre à niveau nos ressources humaines, améliorer notre management des entreprises et des administrations et le rendre au niveau mondial, créer les un million et demi d’entreprises qui nous manque, accompagner et non gêner nos meilleures entreprises, créer la recherche et développement, l’innovation et les industries du savoir qui nous manquent. C’est donc passer d’un pays qui se cherche à un pays qui développe et utilise la science dans tous les domaines.

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