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Emigration : les transferts de devises en declin

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Les transferts de fonds en provenance de nos communautés établies à l’étranger accusent une baisse continue ces cinq dernières années, selon une toute récente étude de la Banque Mondiale consacrée aux transferts de devises des populations émigrées  vers leurs pays d’origines. L’Algérie figure parmi les bons derniers des pays du Moyen orient et de l’Afrique du Nord (Mena). Nos émigrés n’ont, en effet, transférés vers leur pays que 2,2 milliards de dollars cette année, soit à peu près la même montant annuel auquel ils nous avaient habitués ces dix dernières années. D’à peine 1% du PIB, le niveau de ces transferts est assurément très faible notamment quand on le rapporte au million d’émigrés qui en constituent la source. Toujours selon la Banque Mondiale, il y eu un pic de transfert de l’ordre de 2,42 milliards de dollars en 2004 mais jamais dépassé depuis. La modicité des transferts est par ailleurs apparente lorsqu’on les compare à ceux des autres pays du Mena, comme par exemple le Maroc, la Tunisie et l’Égypte. A titres d’exemples, la Tunisie dont la communauté émigrée est pourtant plus faible que celle de l’Algérie reçoit autant et, parfois même un peu plus, de devises de la part de ses émigrés. Le Maroc reçoit quant à lui  7,4 milliards de dollars chaque année, tandis que l’Égypte bat tous les records avec 26 milliards en moyenne par an.

L’Algérie qui dispose de la plus forte émigration en provenance des pays Mena, ne reçoit que 3,4% du total des transferts de devises, déplore la Banque Mondiale qui craint la chute des recettes en provenance des émigrés algériens soit encore plus forte dans les prochaines années.

Cette importante source de devises, longtemps classée deuxième après les recettes d’hydrocarbures, est de toute évidence, en train de se tarir au gré des profonds changements qui affectent la sociologie de l’émigration, mais également les comportements des consommateurs de devises algériens. Il faut en effet savoir que l’émigration exclusivement économique qui avait longtemps caractérisé notre émigration est aujourd’hui révolue pour devenir une émigration statique avec intention de s’installer à vie et en rupture avec le pays d’origine.

En effet, l’algérien n’émigre plus pour nourrir au moyen de ses mandats réguliers sa famille restée en Algérie, mais pour s’installer définitivement avec les siens ou la famille qu’y fonde, dans le pays d’accueil. Les revenus sont largement engloutis dans des dépenses de consommation qui laissent très peu de place à l’épargne. La source qui alimentait les transferts légaux (mandats, alimentation de comptes devises ouverts en Algérie, etc.) ou illégaux (marché parallèle) a ainsi tendance à s’amoindrir et, sans doute, à se tarir, faute de capacité à épargner dans le pays d’accueil. Il faut également savoir que la structure sociologique de notre émigration en France, en Belgique et au Canada connu un bouleversement total au cours de ces vingt dernières années. Ce ne sont, en effet, plus les ouvriers qui peuplent comme par le passé notre émigration, mais des universitaires et autres personnels qualifiés, qui disposent de revenus salariaux conséquents mais qui ont, contrairement aux premiers émigrés, décidé d’élire définitivement résidence dans le pays d’accueil avec, de surcroît, la ferme intention de s’y installer en famille en acquérant, autant que possible, la nationalité. La relation affective avec le pays d’origine tend ainsi à s’effilocher, en même temps que se meurt l’intérêt d’envoyer de l’argent.

L’autre fait marquant qui a considérablement réduit cette manne financière de l’émigration est, sans conteste, l’avènement en Algérie d’une classe d’affairistes disposant de fortunes colossales en grande partie gagnées dans les transactions commerciales informelles, les surfacturations à l’importation et les trafics en tous genres. Ces capitaux brassés sont transformés en devises là où se trouvent les émigrés qui n’ont de ce fait nul besoin de transférer leurs avoir sur les marchés parallèles algériens qui reçoivent de moins en moins de devises. La pénurie de devises à vendre sur les marchés informels a ainsi une véritable dérive du dinar dont la valeur n’arrête pas de s’effondrer faisant craindre le pire dans années à venir. 

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