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Abdelhak Lamiri, expert en économie :  « Il faut beaucoup de temps pour expliquer l’inertie de notre administration»

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Dans cet entretien, l’expert en économie, MLamiri s’esprime sur différents sujets qui font l’actualité économique. D’abord sur les critiques des investisseurs étrangers sur le climat des affaires en Algérie, sur les relations algéri-française suite à la décision d’importation de blé de la Russie, et enfin sur la baisse de la production industrielle.

 

Algérie-Eco : le climat des affaires est critiqué ces derniers jours par différents investisseurs étrangers y compris américains et français. Quel commentaire faites-vous à ce sujet?

MLamiri : Le climat des affaires a toujours été mauvais. Cependant, les investisseurs étrangers ont en quelque sorte donnée un sursis à nos responsables économiques. Ils contemplaient les améliorations promises qui ne viennent pas. Les hommes d’affaires en Algérie ont aussi trop attendus des promesses d’amélioration. Mais peu de choses se sont concrétisées. On figure toujours en bas des classements internationaux. On a compris que dans le contexte actuel les améliorations sont peu probables.

Ils déplorent surtout la persistance de la lenteur administrative et de la bureaucratie. Malgré tous les mesures prises par le gouvernement dans ce sens, ces phénomène persistent, pourquoi à votre avis?

Il faut beaucoup de temps pour expliquer l’inertie de notre administration. Ce n’est pas par mauvaise volonté mais la méthode de mutation des pratiques administrative n’est pas la bonne. Les pays qui ont amélioré leurs administrations sont passés d’une administration bureaucratisée au NPA (New Public Administration) c’est à dire d’une gestion par les tâches à un système de responsabilisation sur des objectifs. On très loin de ce modèle. On peut conclure que les améliorations administratives sont faibles et le seront tant qu’on n’est pas passé à un management responsable et qui colle aux spécificités administratives et aux conditions de notre pays. Peu de réflexions sont orientées vers cette préoccupation.

Sur un autre sujet, celui d’importation de blé, l’Algérie se tourne vers le blé russe alors que d’habitude, la franque est le premier fournisseur de l’Algérie en blé dur, pourquoi à votre avis ce changements?

Actuellement, les relations avec la France ne vont pas très bien. En témoigne le nombre excessif de refus de visas français au profit des algériens. Ceci serait du au refus de l’Algérie de jouer un rôle précis dans la lutte contre l’immigration africaine vers l’Europe. Il y a aussi des aspects économiques mais je pense que la politique a aussi pesé sur de nombreuses décisions.

La production industrielle du secteur public a baissé de 4,5% au 2ème trimestre 2018 par rapport à la même période de 2017. Quel impact sur l’économie nationale?

Cela va peser très peu, moins de 0,5% du PIB. Mais au delà de l’impact faible, ceci appelle à une révision profonde de la structuration et de la politique managériale du secteur public. Malgré les énormes ressources injectées la majorité des entreprises restent dans une situation précaire. Schumpeter, l’un des plus grands économistes du vingtième siècle disait que l’économie qui ne laisse pas ses mauvaises entreprises partir en faillite sera tout le temps en crise. Il faut laisser jouer la faillite et la reprise par des entreprises plus solides en prenant en charge les personnes qui seront éjectées de l’emploi (la méthodologie existe). Bien sur qu’il faut faire exception pour les entreprises stratégiques (Sonatrach, Air Algérie, Sonelgaz, etc).

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