AccueilActualitéInternationalProtectionnisme, guerre commerciale : faut-il craindre une nouvelle crise financière ?

Protectionnisme, guerre commerciale : faut-il craindre une nouvelle crise financière ?

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Dix ans après la chute de Lehman Brothers, le FMI pointe du doigt de nouveaux risques liés aux tensions géopolitiques émergentes et à l’envolée de la dette mondiale.

Taux américains, pays émergents sous pression, guerre commerciale… Le Fonds monétaire international, qui achève dimanche sa réunion annuelle à Bali (Indonésie), pointe une combinaison « inédite » de risques. Même si elle se veut rassurante, Christine Lagarde n’en a pas moins invoqué jeudi le spectre de la crise financière mondiale de 2008 : « J’espère que nous ne sommes pas tous victimes d’une amnésie collective sur ce qui est arrivé dans le passé, quand les tensions géopolitiques ajoutées au protectionnisme engendrèrent de terribles développements », a-t-elle déclaré. 

Quels risques ?

Premier risque à se matérialiser : l’escalade protectionniste alors que la guerre commerciale entre Chine et États-Unis s’intensifie. D’après le FMI, les taxes douanières punitives que s’imposent mutuellement les deux pays risquent de freiner leur croissance et, par répercussion, celles de leurs partenaires.

L’expansion mondiale est d’autant plus menacée que Donald Trump a engagé un bras de fer commercial avec tous les principaux partenaires des États-Unis. La directrice générale du Fonds Christine Lagarde a déploré « la remise en cause du multilatéralisme », source d’ »un niveau d’incertitude jamais vu ».  « Les relations entre les grandes économies ressemblent à la série ‘Game of Thrones’ », dont l’univers impitoyable oppose de puissantes familles promises à payer « un prix tragique », a ironisé le président indonésien Joko Widodo devant l’assemblée du FMI. 

Autre sujet de préoccupation : la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a relevé ses taux par trois fois cette année pour enrayer la surchauffe dans la première économie mondiale. Ce relèvement des taux d’intérêt est « légitime » et « nécessaire » vu la forte croissance américaine, doublée d’une inflation accrue et d’un chômage bas, mais il intensifie la pression sur les pays émergents. 

Ces derniers souffrent de fuites de capitaux, attirés ailleurs par des placements en dollars plus rémunérateurs. Argentine, Turquie, Indonésie notamment ont vu leur devise dévisser. En dépit des acerbes critiques de Trump, le président de l’institution Jerôme Powell s’est montré à Bali « très clair sur sa volonté de continuer à relever les taux », confie François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France. Malgré ces facteurs d’instabilité, le FMI ne fait preuve d’aucun catastrophisme : il a salué une croissance mondiale suffisamment solide (3,7% attendus en 2018 et 2019) pour éviter le pire. Cependant, tous les pays doivent se préparer à l’hiver qui vient, souligne l’institution. « C’est quand il fait beau qu’il faut réparer le toit, et le maintien de la croissance mondiale est l’occasion de reconstituer des réserves budgétaires, c’est-à-dire pour les États qui le peuvent, de diminuer leur dette. » François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France

Le FMI invite également les banques centrales à durcir progressivement leur politique monétaire, pour disposer de marges de manœuvre accrues en cas de crise. Ces « matelas » financiers sont jugés souhaitables pour pouvoir désamorcer correctement un début de crise lié à l’envolée alarmante de la dette mondiale, publique et privée. Elle atteint désormais le double du PIB planétaire de 2017. 

Afp

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