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Mustapha Zebdi: «la santé des consommateurs doit passer avant l’intérêt des opérateurs économiques»

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Dans cet entretien, le président de l’Association de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, évoque la problématique de la diminution du taux de sucre dans les boissons, annonçant que son organisation a une approche différentes par rapport aux décisions prises par la commission interministérielle à cet effet.

Algérie-Eco : Le taux de sucre contenu dans les boissons algériennes fait toujours l’objet des débats et discussion entre le Gouvernement, les producteurs de boissons. Cette problématique, a été soulevée dernièrement, lors d’une conférence internationale dédiée à l’Industrie des jus de fruits, organisée l’APAB. Est-ce que l’APOCE a participé à cette rencontre ?

Musptapha Zebdi : Malheureusement, l’APOCE n’a pas été conviée à cette rencontre parce que peut-être il y a la différence de points de vue par rapport aux décisions prises à cet effet et l’APOCE. Je dirai aussi qu’il y a eu tricherie à ce niveau, c’est-à-dire les producteurs de boissons qui se ventent d’avoir diminué le taux de sucre. Certaines marques très réputés en international, ont réduit le sucre mais en le remplaçant par un sucre artificiel. L’APOCE a réagit et après communication avec cette marque, elle a changé sa publicité mais cette dernière n’a pas été à la hauteur.

Quelle est la position de l’APOCE vis-à-vis de la diminution du sucre dans les boissons ?

Nous ne sommes pas la seule organisation de protection du consommateur qui s’oppose au programme annoncé pour la réduction du taux de sucre dans les boissons. Ce qui a été décidé, c’est e réduire progressivement le sucre dans 5 ans à 6 ans. Nous, à notre niveau nous avons demandé qu’il faille faire passer la santé des consommateurs avant l’intérêt des opérateurs économiques. Malheureusement, l’APOCE n’a pas été associée aux différentes réunions de la commission interministérielle chargé de ce dossier.

Nous avons relevé que les colorants et les conservateurs utilisés ainsi que le taux de sucre très élevé, peuvent être à l’origine de plusieurs pathologies, dont le surpoids chez les enfants. Nous avons également conseille les consommateurs de réduire leur taux de consommation en boissons industrielles, surtout que les effets des conservateurs et des colorants ne sont pas mentionnés sur l’étiquetage des produits. La réglementation algérienne n’oblige pas les producteurs à signaler les effets néfastes des adjuvants sur les emballages.

L’APOCE accuse directement les opérateurs économiques d’avoir orienté le consommateur algérien vers les produits à fort taux de sucre au point de le rendre dépendant.  Ils ont non seulement créé des consommateurs sucro-dépendants, mais ils claironnent que ce sont les traditions alimentaires des Algériens qui les ont poussés à rajouter du sucre dans leurs produits. Ce qui est totalement faux. Selon un industriel, le taux élevé de sucre dans les produits alimentaires est purement commercial et c’est grave.

Quelle solution préconisez-vous ?

La solution pour nous est de mettre en place un plan national d’urgence qui commence impérativement par des campagnes de sensibilisation à l’intention du grand public et notamment les enfants et les adolescents. Nous risquons d’avoir, dans les prochaines années, des générations de malades. Il faudra ensuite viser directement les opérateurs afin de réduire justement le taux de sucre dans leurs produits avec des campagnes spécialement dédiées aux producteurs de boissons.

Ce programme doit aussi obligatoirement inclure des opérations d’encouragement pour les opérateurs qui adhèrent à cette démarche courageuse en leur offrant, à titre d’exemple, des publicités gratuites. Nous proposons aussi que ce programme s’élargisse à d’autres produits dangereux pour la santé, dont le sel.

Ça ne touche pas seulement les boissons donc ?

Exactement, l’APOCE a constaté une utilisation « excessive » et « exagérée » du sucre et du sel dans les denrées alimentaires à l’image de la biscuiterie et les yaourts. Même si la décision du ministère du Commerce a été saluée par l’Apoce, il n’en demeure pas moins qu’elle suggère l’introduction d’une taxe sur les produits alimentaires contenant de grandes quantités de sucre et de sel. L’objectif de cette mesure est de contraindre les industriels à diminuer le taux de ces produits nocifs pour la santé des consommateurs. Cela aura pour effet de réduire le sucre dans les aliments surtout les boissons, et ce, pour lutter contre les maladies chroniques comme le diabète, sachant que 20% de la population est diabétique.

Sur un autre sujet, celui qui touche aussi le consommateur mais cette fois ci le malade. Il s’agit de la pénurie des médicaments. Quel commentaire faites-vous dans ce sens ?

Cette situation est devenue récurrente elle est entraînée par la mauvaise régulation du marché du médicament en Algérie. Et pour cause, la demande en ces produits ainsi que les besoins de la population sont en totale déphasage. Le citoyen a perdu confiance en ses responsables, et que certaines personnes achètent des doses de médicaments bien au-dessus de leurs besoins réels pour ensuite les stocker dans une armoire à la maison, comme on stocke de la nourriture, par peur d’une nouvelle pénurie, ce qui constitue un grand danger, notamment pour des enfants.

Au niveau de l’APOCE nous recevons des requêtes même de la part des grossistes. C’est une situation déplorable. Il s’agit d’un produit essentiel et la pénurie peut être une cause des décès des malades.

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