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Démographie et réserves de change : Le couple infernal

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Lourdes de conséquence pour le présent et l’avenir du pays, les chiffres inquiétants faisant état d’une démographie galopante et d’un déclin sans précédent de nos réserves de change, ne constituent guère des motifs d’inquiétude pour nos gouvernants, beaucoup plus attentifs aux intrigues préélectorales du scrutin présidentiel d’avril 2019 qu’à trouver les moyens de riposter à ce couple infernal qui menace la solvabilité du pays.

Les nouvelles en provenance de l’office national des statistiques et du ministère des finances ont pourtant de quoi susciter des cauchemars aux dirigeants du pays, tant les contraintes générées par une croissance démographique en hausse et des réserves de change en chute libre, tendent à constituer une sérieuse menace pour la solvabilité et par conséquent la stabilité de la nation. Depuis les 15 dernières années l’Algérie évolue en effet au rythme effréné de plusieurs centaines de milliers de naissances, le record ayant été atteint en 2014 et pulvérisé chaque année depuis avec un peu plus d’un million de nouveaux nés tous les ans. En à peine 15 années la population algérienne s’est accrue de 10 millions d’habitants supplémentaires venus s’ajouter à environ 20 millions d’individus qui  ne sont pas, pour une raison ou une autre, en situation de produire (mineurs, femmes au foyer, retraités, élèves et étudiants etc.).

En phase de désertification avancée l’industrie, tout comme l’agriculture, ne sont plus en mesure de produire ce qui est nécessaire à l’approvisionnement d’un pays qui se peuple à rythme exponentiel au point de devoir importer annuellement entre 50 et 60 milliards de dollars de marchandises et services pour assurer à la population un minimum de couverture en besoins multiformes. Il faut chaque année plus de devises pour faire face aux importations qui explosent en dépit des quelques réductions que les autorités algériennes sont parvenues à obtenir très difficilement ces deux dernières années dans le but de pallier la baisse vertigineuse de réserves de change. Il faut des réserves de change suffisamment importantes pour financer de tels volumes d’importations et ces dernières sont malheureusement en train de fondre comme de la neige au soleil. Les exportations représentant à peine 2% de notre commerce extérieur, on ne compte aujourd’hui encore que sur les expéditions de pétrole et de gaz pour financer tout ce qui s’importe, faute de production locale suffisante. Essentiellement constituées au moyen des recettes d’hydrocarbures, les réserves de change qui matérialisent la santé financière du pays subissent en conséquence les contrecoups des baisses conjoncturelles des recettes d’hydrocarbures et, bien évidemment, des décaissements dus aux importations devenues au fil du temps un véritable gouffre financier.

Ce sont, pas moins de 100 milliards de dollars de réserves de change que l’Algérie a ainsi perdu de 2014 à ce jour, estime la Banque d’Algérie qui tire la sonnette d’alarme sur cette dangereuse dérive qui peut conduire le pays vers l’insolvabilité, comme se fut le cas en 1990. Sur une période plus longue, nos réserves de change estimées à 205 milliards de dollars en 2008 ont décliné de pas moins de 110,47 milliards, si on se réfère au dernier chiffre du premier trimestre 2018 (94,53 milliards de dollars) annoncé tout récemment au parlement par le ministre des finances.  C’est dire à quel point le volume des importations en constante hausse et les recettes d’hydrocarbures en perpétuel déclin, ont été néfastes à nos réserves de change qui courent le risque de s’amenuiser encore davantage tout au long des prochaines années. Elles ne seront plus que 76 milliards de dollars en 2020, soit à peine de quoi couvrir une année et demie d’importation, prévient le ministre des finances qui ne joint malheureusement pas à son avertissement, la stratégie requise pour juguler ce dramatique effondrement de nos réserves de change.

On comprend donc que l’explosion démographique couplée au déclin de nos réserves de change constitue un véritable péril pour la société algérienne. S’il n’est pas neutralisé à temps ce couple infernal risque de créer de graves préjudices au pays. C’est exclusivement une affaire de gouvernance, la population n’ayant ni la compréhension suffisante de l’état des lieux précédemment décrit ni les moyens d’agir. On ne comprend pas de face à ces chiffres qui promettent fatalement de mauvais jours dans les toutes prochaines années, aucune action gouvernementale à la hauteur des périls annoncés n’a été entreprise à ce jour. Pas un conseil des ministres présidé par le chef de l’Etat n’a été consacré à ces épineux problèmes d’explosion démographique et de déclin des recettes d’hydrocarbures. Pas de réaction non plus de la part de nos députés et sénateurs ainsi que des partis politiques, tous polarisés sur la prochaine élection présidentielle !

La résolution de problèmes aussi déterminants que la dérive démographique et la fonte des réserves de change attendra donc, sans avoir la certitude d’une sérieuse prise en charge, l’issue de ce prochain scrutin.

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