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Anarchie dans la pratique des taux d’intérêt : la banque d’Algérie tarde à intervenir

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Les taux d’intérêt créditeurs (appliqués à l’épargne) et débiteurs (appliqués aux emprunts) sont rarement connus par ceux qui en font usages. Un véritable black out règne sur l’information que les préposés aux banques ne vous communiquent que si vous insistez énergiquement. La communication fait totalement défaut comme nous avons pu le constater dans plusieurs agences bancaires de la capitale. Il en est pareil dans toutes les contrées du pays, nous apprennent quelques usagers que nous avons interrogés sur cette importante question. En effet, si dans les années 80 la CNEP et certaines autres banques publiques, affichaient à l’intérieur même de leurs agences les taux d’intérêt appliqués aux livrets d’épargne et aux emprunts (crédits) cela ne se fait plus aujourd’hui. Pour connaître le prix du loyer de l’argent il faut user de ses connaissances avec, bien souvent, le risque de buter sur l’ignorance des guichetiers des banques qui doivent chercher l’information chez leurs supérieurs hiérarchiques quand ils veulent bien la leur communiquer. Il n’est de ce fait pas rare qu’un épargnant alimente son compte sans savoir ce que son dépôt lui rapportera et qu’un emprunteur obtienne un crédit sans être au courant de ce qu’il doit rembourser et à quelles échéances. L’un et l’autre se comportent comme s’ils se satisfaisaient du seul fait qu’ils aient pu accéder à l’ouverture d’un livret d’épargne ou à un crédit bancaire perçus comme des faveurs, tant ils ont eu des difficultés à accéder à ces services qui sont pourtant la raison d’être des banques. Abandonné à lui-même depuis la libéralisation du secteur bancaire, le marché du crédit a en effet fini par sombrer dans une totale anarchie qui a laissé le champ libre à des banquiers qui ne prennent même plus le soin de respecter les règles élémentaires qui encadrent cette activité. Très rares sont en effectivement les banques primaires qui affichent, comme l’exige la loi, les taux d’intérêt, autrement dit les prix du loyer de l’argent. Arracher aux préposés des banques des informations précises sur les taux d’intérêt créditeurs ou débiteurs, appliqués aux crédits immobiliers, aux crédits à la consommation, aux comptes d’épargne et aux dépôts en devises est devenu une gageure, alors que ces données de base devraient, de par la loi, être publiques. Un chef d’une agence du CPA installée à Hydra impute ce black out sur l’information à la concurrence inter bancaire. Une explication qui ne tient évidemment pas la route, les banques appliquant, comme on a pu le constater, pratiquement les mêmes taux et les mêmes conditions de rémunération, tous dictés par la Banque d’Algérie.  

Le black out sur l’information est en réalité savamment entretenu par les banques pour contraindre leurs clients à déposer leur argent dans des livrets d’épargne ou à contracter des crédits, sans être trop regardant sur les taux qui leurs sont imposés, l’important pour les épargnants étant de sécuriser leurs dépôts et, pour les prétendants à des crédits,  d’obtenir le plus rapidement les liquidités dont ils ont besoin. Les établissements bancaires et, notamment, les banques privées en profitent allégrement pour réaliser des superprofits sur le dos de ce type de clients qui n’ont de surcroît aucune possibilité de recours, en cas d’abus ressenti ou constaté. Pour faire face au financement de leurs investissements et très souvent même aux besoins de  la gestion courante (découverts bancaires pour payer des salaires ou des achats urgents), les entrepreneurs sont souvent mis dans l’obligation d’emprunter sans prendre le soin de négocier les agios qui leur seront appliquées. La concurrence interbancaire faisant totalement défaut, les chefs d’entreprises sont souvent contraints d’accepter les conditions fixées autoritairement par leur banque domiciliataire. Ce n’est que lorsque le montant des Agios leurs sont facturés qu’ils prennent alors conscience du montant excessif des intérêts qu’ils devront payer au risque de lourdes pénalités de retard.

Aucune action forte de nature à mettre fin à ce grave désordre n’ayant été prise à ce jour, le marché du crédit continue à sombrer. Il était question que la Banque d’Algérie et l’ABEF unissent leurs efforts pour reprendre les choses en mains en commençant par maitriser les taux d’intérêt créditeurs et débiteurs, mais cela est resté au stade de simples déclarations d’intention jamais suivies d’effet. Ces deux institutions qui régulent le marché bancaire avaient notamment promis de fixer les plafonds de toute une panoplie de crédits, parmi lesquels, ceux applicables au crédit immobilier, au leasing, aux  crédits à la consommation, au découvert bancaire, à l’épargne ordinaire et à l’épargne devises.  Protéger les entreprises et les emprunteurs ordinaires contre les abus constatés était l’objectif de ces plafonnements qui n’ont malheureusement pas été fixés à ce jour.

Afin de protéger les emprunteurs d’éventuelles arnaques, la Banque d’Algérie avait également adressé à la fin de l’année 2017, une directive aux banques à l’effet de permettre aux victimes de taux d’intérêts excessifs, d’exiger le remboursement des trop perçus, majorés des manques à gagner calculés sur la base d’un taux d’intérêt effectif moyen. Cette directive n’a, la aussi, jamais été appliquée puisque de nombreux usagers continuent, aujourd’hui encore, à se plaindre d’avoir été arnaqués par leur banque.

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