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Gaz de schiste algérien, la convoitise des grands Majors

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L’exploitation du gaz de schiste algérien attise la gourmandise des plus grandes compagnies pétrolières mondiales. En effet, depuis que le premier ministre, Ahmed Ouyahia a relancé le dossier du gaz de schiste en septembre dernier lors d’un déplacement à Arzew et plus récemment encore, les déclarations du PDG de Sonatrach, M. AbdelmoumenOuldKaddour, lors du forum algéro-américain sur l’énergie à Houston, sur les investissements de Sonatrach dans le gaz de schiste et le offshore, les Majors ne lésinent pas sur les moyens pour s’attribuer le marché algérien.

Mohamd Said Beghoul, expert en énergie, a indiqué que «l’information n’est pas confirmée, même si le PDG de Sonatrach a directement invité les sociétés à venir exploiter le gaz de schiste. Les sociétés, comme BP ou Anadarko, disent qu’elles sont intéressées, mais pour le moment ce ne sont que des spéculations et des souhaits. Elles ne viendront pas du jour au lendemain, parce que Sonatrach en a parlé ».

Il a précisé que « la loi sur les hydrocarbures va fixer les règles du jeu pour l’exploitation du gaz se schiste. En effet, une compagnie qui vient exploiter le gaz de schiste a besoin d’un contrat, et la loi exige qu’il y ait un appel d’offre », ajoutant «il y a pas de gré à gré, sauf si les parties veulent faire une exception pour le gaz de schiste ».

Beghoul a soulevé le problème financier, en se demandant « quel partenaire peut venir en Algérie exploiter le gaz de schiste dans les conditions actuelle du marché, car l’Algérie a déjà des problèmes d’investissement dans le gaz conventionnel. L’Etat a procédé auparavant à des coupes budgétaires, notamment dans l’offshore algérien ».

Après l’américain Anadarko qui a mis sur la table près de 90 milliards de dollars pour exploiter le gaz de schiste en Algérie, c’est le tour de BP qui compte investir 50 milliards de dollars et du norvégien Statoil qui souhaite investir 50 milliards de dollars.

A ce propos, M. Beghoul a souligné que « ces compagnies ont besoin d’un partenaire algérien, notamment Sonatrach, et si elles souhaitent mettre la barre très haute en investissant des milliards de dollars dans un contexte économique critique, je ne pense pas que Sonatrach puisse investir autant », poursuivant «avec un contrat de service, cet investissement est possible, mais avec un contrat de partage des bénéfices et de la production, c’est un peu difficile à mettre en place».

Il a également soulevé le problème lié àrentabilité du gaz de schiste, indiquant que « les compagnies ne sont pas bien sûres que l’exploitation du gaz de schiste en Algérie soit rentable. Si on doit vendre le gaz de schiste à 3 dollars/million BTU, comme aux Etats-Unis, cela n’est pas rentable, parce que nous n’avons pas la maitrise des coûts ».

Beghoul pense que « ces compagnies s’intéressent au gaz de schiste pour estimer le potentiel de l’Algérie et non pour l’exploiter. Ces sociétés peuvent aider Sonatrach à évaluer le potentiel, faire des études de rentabilité et des tests, mais il est très tôt pour aller directement vers l’exploitation, parce qu’on ne connait pas ses coûts réels ». A cet égard, il a cité l’exemple de Total qui a effectué 100 puits en Pologne, rien que pour estimer le potentiel du pays en gaz de schiste, avant d’abandonner l’exploitation pour des raisons de rentabilité.

S’agissant des risques écologiques, M. Beghoul pense que « d’un point de vue géologique, la contamination des nappes phréatiques en Algérie est quasiment impossible. A longs termes, le risque de fuites de gaz au niveau des puits peut survenir », ajoutant «on est mieux protéger qu’aux Etats-Unis, où certains forages se font dans des fermes ou près des agglomérations ».

Interrogé sur les réserves du pays, il a précisé que « l’Algérie est classée 4è réserve mondiale de gaz de schiste, en incluant les Etats-Unis », poursuivant « nous avons beaucoup de gaz de schiste en Algérie, mais on ne pourra l’exporter, que d’ici 20 ans minimum, parce que les contrats de gaz de schiste se négocient à longs termes et la durée d’exploration peut aller jusqu’à 11 ans.».

Par ailleurs, M. Beghoul estime que « l’Algérie peut se lancer dans l’exploitation du gaz de schiste pour la consommation domestique, afin de compenser le déficit dans le gaz conventionnel qui est en baisse ».

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