Le groupe émirati Taqa a décidé d’abandonner son projet de rachat de 40 % des actions du groupe gazier espagnol Naturgy. Cette décision fait suite à plusieurs tentatives infructueuses de la part de Taqa pour entrer au capital de l’entreprise espagnole. L’Algérie, qui détient 4 % des parts de Naturgy à travers Sonatrach, s’est opposée à ces tentatives.
L’annonce a été rapportée par des médias espagnols, citant Steve Ridlington, directeur financier de Taqa. Dans une déclaration à la presse, il a indiqué : « L’acquisition des actions dans Naturgy n’est pas dans nos projets actuels. Nous l’avons envisagée l’année dernière et cela n’a pas fonctionné ».
Depuis l’année dernière, Taqa a tenté à plusieurs reprises de négocier l’achat des parts de CriteriaCaixa, principal actionnaire espagnol du groupe Naturgy. L’objectif était de renforcer sa présence au sein du conseil d’administration.
Mais cette initiative a rencontré des obstacles, notamment le refus d’Alger de voir un changement de gouvernance au sein de Naturgy. Pour l’Algérie, un tel changement pourrait remettre en cause les accords d’approvisionnement en gaz. Bien que l’Algérie n’ait pas exprimé officiellement sa position, plusieurs déclarations attribuées à des responsables de Sonatrach ont laissé entendre une opposition claire à l’arrivée du groupe émirati.
En février dernier, la presse espagnole avait évoqué une nouvelle tentative de rapprochement entre Taqa et CriteriaCaixa, malgré les démentis de Taqa sur l’existence de telles discussions depuis juin 2024. Avec cette décision, Taqa met fin à ses efforts pour racheter les parts détenues par les fonds CVC (20,7 %) et BlackRock (20,6 %), qui détiennent ensemble 41 % du capital de Naturgy.
A noter que l’Espagne dépend largement du gaz algérien. L’année dernière, l’Algérie a été le principal fournisseur de l’Espagne en gaz, avec 38,5 % de parts de marché. Naturgy, un important acheteur du gaz algérien, détient 49 % du capital de la société exploitant le gazoduc Medgaz, qui relie l’Algérie à l’Espagne. Sonatrach en possède 51 %. Plus de 8 milliards m3 de gaz algérien transitent via ce gazoduc vers l’Espagne. En juillet 2024, Sonatrach et Naturgy ont signé un accord sur les prix du gaz.
Le 28 avril dernier, soit quelques semaines après la nouvelle tentative de Taqa d’entrer de la société espagnole, le PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi, a reçu à Alger, une délégation Naturgy, conduite par son PDG Francisco Reynés.
Lors de cette rencontre, « les discussions ont porté sur les moyens de renforcer la coopération existante entre Sonatrach et Naturgy, notamment dans le domaine de la commercialisation du gaz naturel. » La rencontre a également été l’occasion « d’échanger des points de vue sur l’évolution des marchés mondiaux des hydrocarbures, dans un contexte de transformations au sein du secteur énergétique international ».
À cette occasion, M. Francisco Reynés a exprimé « la fierté de son entreprise quant aux relations historiques et privilégiées qu’elle entretient avec le groupe Sonatrach », affirmant « la volonté de Naturgy de consolider et d’élargir les domaines de coopération avec son partenaire algérien, à travers le développement de nouveaux projets dans les industries du pétrole, du gaz et des énergies renouvelables, dans l’intérêt commun des deux parties ».