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Economie algérienne : les nouvelles prévisions de la Banque mondiale

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La Banque mondiale vient de publier son rapport de suivi de la situation économique en Algérie. Dans son document publié le 22 juin 2023, l’institution financière internationale estime que « les vents demeurent favorables » pour l’économie algérienne.

Après avoir rappelé la situation économique en Algérie en 2022, la Banque mondiale indique, dans la partie « Perspectives et risques », que l’activité hors-hydrocarbures devrait être le principal moteur de croissance en 2023. « Le secteur hors-hydrocarbures devrait soutenir la croissance en 2023, contrastant avec la stabilité de la production des hydrocarbures », lit-on dans le rapport.

« Dans le scénario de base, la croissance du PIB atteindrait 1,8% en 2023, résultant de la croissance de l’activité hors-hydrocarbures (+2,2%) et de la stabilité du PIB des hydrocarbures (+0,6%) », prévoit la Banque mondiale, qui souligne que « le secteur agricole ralentirait, la faible pluviométrie ayant généré des retards importants dans le développement des cultures en début d’année, particulièrement dans les principales régions agricoles du pays. »

Selon la même source : « La production de gaz augmenterait et la production de pétrole brut diminuerait, contrainte par la baisse des quotas de production à partir de novembre 2022, puis celle décidée en mars 2023, entrant en vigueur à partir du mois de mai. Ainsi, le secteur des services demeurerait le principal contributeur à la croissance. »

Sous l’angle dépense, poursuit la Banque mondiale, « la croissance serait tirée par la bonne dynamique de la consommation privée et la reprise de l’investissement, malgré la baisse des exportations nettes. »

« La consommation privée demeurerait dynamique, soutenue par l’effort public de préservation du pouvoir d’achat à travers l’augmentation des dépenses publiques, et ainsi par l’activité dans le secteur des services. La reprise attendue de l’investissement se matérialiserait en 2023, soutenue par celui du secteur des hydrocarbures, stimulant l’activité industrielle », prévoit l’institution financière.

Et d’ajouter : « Les exportations nettes ralentiraient cependant la croissance, la baisse des exportations des hydrocarbures, lestées par la baisse des quotas et la reprise concomitante de la consommation domestique, étant renforcée par la hausse des importations, nécessaires à l’investissement et à pallier la baisse de la production agricole. »

Rebond de la production agricole et de pétrole brut en 2024

Dans le scénario de base, la Banque mondiale prévoit le rebond de la production agricole et de pétrole brut en 2024 permettrait une accélération de la croissance. « Sous l’hypothèse d’un retour d’un niveau moyen de pluviométrie et de production agricole en 2024, d’une part, et de la remontée des quotas de l’OPEP sous l’effet de la reprise de l’activité mondiale, d’autre part, la croissance du PIB s’accélérerait en 2024, pour atteindre 2,6% », estime la la même source, qui ajoute que « la hausse des exportations et la croissance modérée des importations permettraient de contrebalancer le ralentissement de la croissance de la consommation et de l’investissement. »

Selon la même institution, « l’inflation ralentirait mais demeurerait élevée en 2023, malgré la modération des prix à l’import. » « Dans le scénario de base la croissance de l’indice des prix à la consommation ralentit progressivement sur la période de projection du fait de l’effet désinflationniste retardé induit par la baisse des prix des produits importés et l’appréciation du dinar algérien en 2022, particulièrement dans les secteurs tributaires de l’importation (produits agroindustriels et manufacturés) », explique la Banque mondiale.

« La décision d’accorder à l’OAIC un monopole sur l’achat de blé domestique et importé, étendue à l’importation de riz et de légumes secs, pourra également limiter les hausses de prix, dans la mesure ou la capacité de production de l’OAIC peut répondre à la demande domestique », indique l’institution financière, qui précise : « À l’inverse, l’effet de la faible pluviométrie sur la production agricole, de même que l’effet retardé de la hausse de la dépense publique et de la masse monétaire en 2021 et 2022, pourraient alimenter une hausse des prix. »

La pression sur les équilibres budgétaire et extérieur devrait s’accentuer

« En 2023, le surplus du compte courant se réduirait (+1,9% du PIB) sous le coup de la baisse des prix et des volumes d’exportations d’hydrocarbures. En sus de la baisse des volumes exportés, le prix moyen à l’exportation du pétrole algérien devrait diminuer en 2023, suivant les cours internationaux, tandis que le prix à l’exportation du gaz algérien pourrait se maintenir à un niveau élevé », prévoit la Banque mondiale.

« La baisse des prix du pétrole serait également accompagnée par celle des engrais et du fer, entamée à la fin-2022. Dans le même temps, les importations reprendraient, la baisse des prix sur les marchés mondiaux étant compensée par la hausse de la demande algérienne, notamment pour permettre la reprise de l’investissement, et pour l’approvisionnement en produits alimentaires », selon la même source.

Et de préciser : « La stabilisation des prix à l’import, une moindre pression sur les importations, une augmentation de la production pétrolière et le maintien à un niveau élevé des prix du gaz permettraient au compte courant de demeurer positif en 2024. En 2025, la croissance des exportations d’hydrocarbures ralentirait malgré la hausse de production, du fait de la croissance constante de la consommation domestique, alimentée par la coûteuse politique de subvention aux produits énergétiques. »

La baisse des recettes des hydrocarbures et la hausse annoncée des dépenses publiques creuseront le déficit budgétaire en 2023, mais celui-ci serait en partie préfinancé par l’épargne accumulée en 2022, selon la Banque mondiale, qui explique que dans le scénario de base les recettes baissent, la chute des recettes issues des exportations d’hydrocarbures étant en partie amortie par la hausse des recettes fiscales, soutenues par le niveau élevé d’inflation, et celle des dividendes de la Banque d’Algérie.

« Les dépenses augmenteraient de nouveau cependant, sous l’effet de la nouvelle hausse des salaires dans la fonction publique, et celle du coût plus élevé de l’allocation chômage introduite en 2021, malgré la baisse du coût des subventions aux produits alimentaires », note la même institution financière, prévoyant que « le déficit budgétaire global grimperait donc pour atteindre 7,0% du PIB, mais il pourrait être financé par les émissions obligataires domestiques et l’épargne du Trésor à la Banque d’Algérie, qui atteignait en mars 2023 6,5% du PIB estimé sur quatre trimestres glissants. »

« Malgré la poursuite de la hausse des salaires dans la fonction publique, le rythme d’augmentation des dépenses ralentirait en 2024 et 2025 et, compte tenu de la hausse anticipée des recettes, le déficit global du Trésor se stabiliserait autour de 6% du PIB. La dette publique se stabiliserait à environ 62% du PIB, l’augmentation du stock de dette publique étant amortie par celle du PIB nominal », prévoit la Banque mondiale.

La volatilité des prix du pétrole rappelle l’impératif de diversification économique

« En 2022, l’Algérie a profité du bond des prix du pétrole puis ceux du gaz pour se constituer un coussin de sécurité. Le pic des prix d’exportation du pétrole, suivi de celui du gaz naturel, a permis à l’Algérie d’augmenter sensiblement les recettes des hydrocarbures, dégager un excédent commercial et réduire le déficit budgétaire, mais également d’augmenter les réserves de change de l’Algérie et l’épargne du Trésor, éloignant à court terme les risques d’un ajustement macroéconomique abrupt dans le cas d’une nouvelle chute des cours », rappelle l’institution de Bretton Woods.

Et d’ajouter : « De plus, la réduction soutenue des importations, bien qu’elle présente des risques pour ladisponibilité et le prix des produits et équipements importés, permet de soutenir la balance du compte courant et une augmentation continue des réserves de changes dans le scénario de base. Enfin, la hausse moins marquée qu’anticipé des dépenses publiques a permis l’accumulation d’une épargne importante, qui pourrait contribuer à financer les déficits sur la période de projection, et d’éviter d’avoir recours à la Banque d’Algérie en 2023, sous l’hypothèse d’une politique de dépense prudente. »

Selon la Banque mondiale : « Malgré cela, les perspectives macroéconomiques demeurent très sensibles aux prix mondiaux du pétrole, dont la trajectoire demeure incertaine. Les incertitudes entourant la trajectoire de l’économie mondiale, la demande des principaux pays consommateurs d’énergie, l’offre des producteurs et les prix mondiaux des hydrocarbures demeurent élevées, comme en témoigne l’annonce surprise de l’OPEP d’une baisse des quotas de production en mars 2023 pour pallier la baisse inattendue des cours. »

« Pour l’Algérie, ces développements auront des implications notoires. Par exemple, toute chose étant égale par ailleurs, une simulation sur la base d’un prix du baril à US$ 100 par baril en 2023 suggère que le surplus du compte courant atteindrait 5,5% du PIB (+3,6 pp) et le déficit budgétaire diminuerait à 4,5% du PIB (+2,5 pp), permettant notamment une accumulation plus rapide des réserves de change. À l’inverse, un prix du pétrole à US$ 70 par baril générerait un déficit de 1,7% du PIB du compte courant et le déficit budgétaire se creuserait pour atteindre 9,5% du PIB, incitant à un contrôle accru des importations, une réduction des dépenses et un recours plus important au système bancaire domestique pour financer le déficit, avec de potentiels effets néfastes sur la croissance et l’inflation », explique la même source.

Dans ce contexte, estime la Banque, « la poursuite des efforts de diversification de l’économie et des exportations demeure essentielle. » « Les autorités ont engagé des efforts importants afin de stimuler l’investissement privé et étranger, notamment au travers d’une nouvelle loi sur les hydrocarbures (2019), la levée partielle des limites sur l’actionnariat étranger (2020), et une nouvelle loi sur l’investissement (2022) », rappelle la même source.

Et d’ajouter : « La poursuite et la mise en œuvre effective des réformes visant l’amélioration au climat des affaires, afin notamment de permettre une plus grande participation du secteur privé dans l’économie, demeure essentielle à la soutenabilité et à la résilience de l’économie algérienne. Entre autres, la diversification des exportations permettrait de réduire la vulnérabilité des équilibres macroéconomiques aux prix du pétrole. »

Les aléas climatiques représentent un risque croissant pour l’Algérie et la région

« Les aléas liés au changement climatique représentent des risques croissants pour la croissance et l’inflation algérienne, y compris pour l’année 2023 », indique la Banque mondiale, qui rappelle : « Depuis 2019, les précipitations se sont établies en dessous des moyennes historiques, phénomène encore plus marqué en 2021. Cette année-là, le PIB agricole s’est contracté de 1,9%, et l’inflation des produits agricoles frais a grimpé à 13,9% (contre 2% l’année précédente), emmenée notamment par une augmentation de 21,3% des prix des fruits et légumes. »

« Entre octobre 2022 et février 2023, les précipitations en Algérie étaient parmi les plus basses qu’a connu le pays depuis 20 ans et, malgré une augmentation modérée de la pluviométrie en mars, les perspectives de production agricole sont en-deçà de la moyenne », note la même source, qui explique : « En parallèle, l’inflation des produits agricoles frais s’est accélérée pour atteindre 24,7% en g.a. au T1–2023. Ainsi, une prolongation de la faible pluviométrie en 2023 et sur les années 2024 et 2025 pourrait limiter la croissance du secteur agricole et alimenter l’inflation. »

« Outre les effets macroéconomiques immédiats, l’inflation des produits alimentaires peut affecter les perspectives économiques de long terme. Celle-ci contribue au moins pour moitié à l’inflation dans la région MENA, et affecte démesurément les ménages vulnérables. Elle peut accroitre le niveau d’insécurité alimentaire, et avoir des effets multigénérationnels sur le niveau d’éducation des enfants, leur santé et leurs revenus futurs », estime la Banque mondiale.

« Cela souligne l’importance d’adapter rapidement le secteur agricole, d’assurer la disponibilité des produits alimentaires en quantité suffisante par l’importation, et de renforcer la résilience des ménages face aux effets des chocs climatiques, incluant au travers de mécanismes de protection et d’assurance sociale, ciblés vers les ménages les plus vulnérables », conclut l’insitution financière internationale.

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