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El Watan : « le journal s’achemine vers la fermeture définitive », selon son directeur de publication

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Les travailleurs du quotidien national francophone El Watan ont observé un mouvement de grève de deux jours la semaine dernière (12 et 13 juillet), et poursuivent leur débrayage depuis lundi 18 juillet pour une durée de trois jours, comme annoncé par le bureau syndical de la SPA El Watan, affiliée à l’UGTA. La raison : le non paiement de leurs salaires depuis le mois de mars 2022 (quatre mois).

Tout en indiquant que les deux jours de grève de la semaine passée « n’ont donné aucun résultat probant pour les travailleurs », le bureau syndical a prévenu dans un communiqué : « Dans le cas où la situation de non paiement des salaires persiste, le mouvement de grève reprendra dimanche 24 juillet 2022 pour une durée de quatre jours et sera illimité à partir de vendredi 29 juillet 2022 ». Le bureau syndical a regretté « l’absence de toute initiative de dialogue allant dans le sens du règlement de cette situation de crise dans l’intérêt des travailleurs et de l’entreprise ».

Jeudi dernier, les membres fondateurs de la SPA El Watan ont expliqué que « ce retard de paiement est imputable au blocage des comptes bancaires de l’entreprise depuis le mois de mars dernier en raison d’un contentieux l’opposant à l’administration fiscale. »

« Les démarches de la direction d’El Watan en vue de l’établissement d’un échéancier de paiement portant sur une dette d’un montant de 55 millions de dinars n’ont pas abouti », ont-ils indiqué, et d’ajouter : « De son côté, le CPA ( Crédit Populaire d’Algérie) réclame à l’entreprise le remboursement d’une partie de la ligne de crédit d’un montant de 45 millions de dinars contractée auprès de la banque. »

« Pression fiscale énorme »

Ce mercredi 20 juillet, le directeur de publication d’El Watan, Mohamed Tahar Messaoudi, s’est exprimé sur la crise financière que traverse le journal depuis quelques mois. Selon lui, le journal risque la fermeture.

« La situation que nous vivons actuellement est liée à la volonté des pouvoirs publics de nous mettre sous une pression fiscale énorme. Pendant la pandémie de Covid-19, le journal n’a bénéficié d’aucune aide publique contrairement à d’autres entreprises. Pendant ce temps, des journaux qui tirent à 2000 exemplaires/jour, continuaient de bénéficier de la manne publicitaire, parfois sans être vendus », a explique M. Messaoudi, dans un entretien accordé à nos confrères de 24h Algérie.

« El Watan, premier journal algérien à avoir investi et acheté des rotatives et qui paye toutes ses charges, n’a bénéficié d’aucun sou de l’Etat », a-t-il rappelé, et d’ajouter : « En principe, l’Etat régulateur aurait dû intervenir pendant la crise sanitaire en répartissant la manne publicitaire d’une manière juste. Cela n’a pas été fait ou, pire,  fait dans un cadre illégal. »

« Il y a eu l’octroi d’indus avantages. Pourquoi donne-t-on de la publicité à des journaux qui ne sont pas vendus ou à très faible tirage? Des journaux qui n’emploient même pas dix salariés », a-t-il dénoncé, en ajoutant que « la SPA El Watan, qui emploie 150 salariés, a investi et contribué à la création d’emplois et de la richesse en Algérie. En retour, nous risquons aujourd’hui de perdre tous ces postes d’emploi. »

Selon lui : « Avec la fermeture d’El Watan, l’imprimerie sera également fermée. Cela va inévitablement entraîner la chute du quotidien El Khabar qui tire dans ces rotatives. El Khabar, un journal à gros tirage qui emploie beaucoup de salariés. Pourquoi tout ce gâchis. J’ai soulevé ces problèmes devant le ministre de la Communication lors d’un colloque sur le projet de loi sur l’information à Ain Benian (Alger). »

« Le journal s’achemine vers la fermeture définitive »

A la question de savoir si le journal risque de déposer le bilan, M. Messaoudi a répondu : « Oui, on risque la fermeture du journal. Le syndicat a engagé une grève cyclique. Les travailleurs sont excédés par le fait de n’avoir pas été payés pendant quatre mois. Ils ont raison. C’est intenable pour un salarié de travailler sans contrepartie. »

« Pourquoi le journal n’arrive à payer ses salariés? » Le directeur de publication d’El Watan, répond : « Parce que les comptes de l’entreprise sont bloqués. L’administration fiscale a bloqué nos comptes. »

« Cela a commencé en mars 2022. Au début, c’était le compte de l’agence principale (Crédit populaire d’Algérie). Là, tous nos comptes sont bloqués : CPA, AGB, BNP Paribas El Djazair », a-t-il précisé, en faisant savoir : « Il y a eu un redressement fiscal. En urgence, nous devons payer 2,5 milliards de centimes. Et le reste par modération. Nous avons fait la proposition d’établir un calendrier de paiement. Nous attendons toujours la réponse de l’administration fiscale. Nous sommes dans la légalité. Nous avons choisi de suivre pas à pas les exigences formulées par les impôts. Nous avons dit que nous étions disposés à payer nos impôts avec un échéancier. »

« L’administration fiscale est en train de ponctionner dans nos comptes. Si aucune mesure n’est prise pour desserrer l’étau, le journal s’achemine vers la fermeture définitive », a-t-il dit.

Et d’ajouter : « Le journal ne peut plus fonctionner sans argent, sans utiliser ses comptes, sans payer ses salariés, les prestataires de services, le loyer. Nous avons un tas de créances. Le Conseil d’administration doit se réunir pour étudier un rapport d’experts que nous avons sollicité. Nous nous réunirons ensuite en assemblée générale extraordinaire des associés pour décider de la fermeture ou non du journal. Dans un mois, nous serons fixés. »

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