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Tewfik Hasni, consultant en transition énergétique: « Il est temps de s’orienter sur le potentiel énorme du solaire »

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Dans cet entretien, l’expert en énergie, MHasni, nous livre ses impressions sur la dernière décision prise par l’Algérie concernant l’approvisionnement en gaz de l’Espagne par un gazoduc direct reliant les deux pays. 

Algerie-Eco : Le ministère de l’Énergie et des Mines a annoncé dernièrement le plein engagement de l’Algérie à assurer l’ensemble des approvisionnements en gaz de l’Espagne par un gazoduc direct reliant les deux pays, ce qui laisse entendre que l’Algérie se passera du gazoduc Maghreb-Europe, qui relie l’Europe en passant par le Maroc. Quel commentaire faites-vous à ce sujet?

MHasni : Il faut savoir que la capacité de transport des 2 gazoducs Duran Farrel et Medgaz représente 20 milliards M3/an, elle pouvait être portée à 24 milliards M3/an. L’erreur avait été de penser que l’Europe pouvait être approvisionnée en gaz en passant par L’Espagne. Les capacités exportées se sont limitées à 12 milliards M3/an. La raison était que le gazoduc n’a jamais pu passer  à travers les Pyrénées. Le seul accord signé dernièrement avec l’Espagne porte sur 10 milliards de M3/an. Le Ministre a confirmé que le seul marché visé était l’Espagne. Le raccordement du gazoduc qui passe par le Maroc au Medgaz permet de couvrir plus que de besoin les engagements avec l’Espagne qui sont de 10 milliards de M3/an.

Quelles sont les répercussions d’une telle décision sur les exportations algériennes de gaz vers l’Europe?

Il faut être réaliste, le marché gazier européen va être saturé avec le North-Stream 2 russe  qui va ajouter 65 milliards de M3/an à un prix imbattable. Le contrat avec l’Espagne a été établi à un prix politique de 6 $/MMBTU. Les israéliens avec le gaz en méditerranée ainsi que les turcs s’engagent aussi  à livrer en gaz naturel et en GNL par bateaux aussi bien l’Europe que le Maroc. Notre pays ne peut envisager que du GNL vers l’Europe. La rentabilité de l’opération d’exportation ainsi que la disponibilité de ressources gazières rendent cela très difficile.

En dépit d’un contexte particulier lié à la prolongation de la pandémie de Covid-19, l’Algérie a enregistré un bond appréciable de ses exportations gazières durant le premier trimestre 2021 grâce à une hausse de la production, combinée au renforcement de la demande de ses clients. Quelles sont les raisons de ce rebond à votre avis?

Je ne peux confirmer votre assertion sur le rebond de la production et de l’exportation. Je ne pense pas non plus qu’il faille être autiste sur le fait que la rente pétrolière et gazière soit arrivée à sa fin. Il est temps de s’orienter sur le fondamental à savoir le potentiel énorme du solaire (thermique et photovoltaïque) qui seul peut assurer notre sécurité énergétique et constitue notre source de financement extérieur par les exportations potentielles.

Il faut aussi comprendre que les dernières décisions des institutions financières internationales (Banque Mondiale, etc..) ont prohibé le financement des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables. Les investisseurs sont disposés à venir dans la mesure où les réformes levant les contraintes administratives et législatives soient levées.

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