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Plan de relance économique : Quelle place pour le privé ?

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Présenté comme la consécration d’une volonté politique de prendre énergiquement en mains l’économie, le plan de relance tant de fois promis, tarde à être rendu public. Il avait, faut-il le rappeler, pour but de définir la doctrine économique de l’Etat, mais aussi, les priorités et les échéances en matière de réalisations.

Cet objectif officiellement proclamé n’est en réalité pas nouveau, puisque les deux présidents de la république et les quatre gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays ont, tous sans exception, inscrit dans leurs agendas politiques, la publication d’un plan de relance censé remettre l’économie algérienne sur rails tout en la projetant dans l’avenir. Pour diverses raisons, les algériens n’ont jamais disposé de ce document, qui reste à ce jour une promesse que le pouvoir n’est pas pressé de tenir.

Ce ne sont pourtant pas les conférences autour de ce sujet qui ont manqué. On se souvient qu’Abdelmalek Sellal a eu la sienne, Ahmed Ouyahia aussi, ainsi qu’Abdelaziz Djerad qui avait confié à son ex-ministre de l’industrie Ferhat Ait Ali, l’organisation de cette messe à la fin de l’année 2020. On pensait que l’affaire était close, ne serait-ce que du fait que le président Tebboune l’avait cautionné à travers une lettre adressée aux conférenciers, qui insistait sur l’importance de cette rencontre ayant pour but de trouver les voies et moyens de relancer une économie en panne. Il n’en fut malheureusement rien et, plus de 6 mois après, les acteurs économiques attendent toujours ce document phare, dont on évoque déjà avant sa publication, sa nécessaire refonte.

Mis à part quelques laconiques comptes rendus de presse, aucune production intellectuelle digne de ce nom n’a en effet été publiée et ce document a pris l’apparence d’une Arlésienne, un événement dont tout le monde parle, mais qu’on ne voit jamais. Sans plan de relance économique, l’Algérie apparaît comme un pays qui perd du temps et navigue à vue, avec un risque évident de naufrage.

Ce ne sont pourtant pas les bonnes raisons de produire cette feuille de route économique, à la fois doctrinale et programmatique, qui manquent. En matière de politique économique tout est en effet à concevoir, tant l’aisance financière des 15 dernières années avait relégué cette question importante, au rang de préoccupation subalterne. Les caisses de l’Etat étant pleines on avait continué à dépenser sans compter dans de la réalisation de programmes de toutes sortes, comme si le développement économique était seulement une affaire de redistribution de la rente pétrolière. Seul le Trésor avait le droit de s’en occuper et le privé qui dispose pourtant de fortunes considérables, n’avait le droit d’intervenir qu’en tant que sous traitant où client de l’Etat, jamais en tant que partenaire à part entière.

La situation financière de l’Etat n’étant plus la même, une autre façon de promouvoir le développement économique et social s’impose, avec à la clé, une implication plus massive du privé dans la prise en charge d’un plus large éventail d’investissements et de participation à leur gestion. On se pose par exemple la question de savoir pour des opérateurs privés qui ont le droit d’acquérir des camions de gros tonnages n’auraient pas le droit d’acquérir et de gérer des avions?

Cette question est d’une importance capitale car aucun pays au monde n’a pu se développer en ne comptant que sur l’Etat et en marginalisant les promoteurs privés. Dans l’état actuel de l’organisation de l’économie mondiale, le développement ne peut s’appuyer que sur le privé. Tant que ce dernier ne domine pas largement l’économie, le pays restera archaïque et vulnérable aux mutations technologiques.

C’est ainsi que le monde désormais globalisé fonctionne aujourd’hui et il faudrait que l’Algérie s’y plie en abandonnant le modèle excessivement étatique, hérité de l’ère socialiste. A défaut, elle ne ferait que perdre du temps et, au bout du compte, « développer son sous-développement ».

Arc-boutée sur de fausses certitudes entretenues par le confort de la rente pétrolière l’Algérie n’a jamais songé à associer pleinement les promoteurs privés dans les efforts de développement économique. Elle se prive ainsi, non seulement, de capitaux considérables que pourraient mobiliser les 4000 à 4500 millionnaires en dollars que compte le pays, mais aussi et surtout, de leurs capacités managériales.

Nous demeurons quant à nous convaincus, que ce n’est que lorsque cette épineuse question de la participation du capital privé au développement économique et social du pays sera résolue, que les autorités politiques et les acteurs économiques, pourront enfin mutualiser leurs efforts. Si le tant attendu plan de relance économique, venait à occulter cette réalité, l’Algérie continuera à tourner en rond en se contentant de consumer ses recettes d’hydrocarbures quand elles sont disponibles et en sombrant dans l’immobilisme quand ces dernières viennent à manquer.

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