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Energies renouvelables : « le retard cumulé par l’Algérie est conjoncturel et pas structurel » (expert)

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L’expert international en énergie électrique, le Docteur Ryad Boudjemadi, a estimé, ce lundi, que le retard cumulé par l’Algérie dans le domaine des énergies renouvelables est conjoncturel et pas structurel.

Intervenant sur les ondes de la radio chaîne 3, Dr Boudjemadi a indiqué que retard cumulé par l’Algérie, à l’instar d’autres pas, est un retard conjoncturel pas structurel, donc facilement rattrapable, car on apprend à colmater les erreurs en marchant. A ce propos, il faut rappeler que dans le programme national des 22 000 MW (Méga Watts) d’électricité solaire, environ 400 MW ont été installés, soit environ 1,8% du total.

L’expert a estimé que l’Algérie va réussir sa transition en passant par cet appel d’offre de 1000 Mégawatts, en affirmant que « l’Algérie maitrise les appels d’offres ». Lors d’une réunion du Gouvernement tenue la semaine dernière, le ministre de la Transition énergétique et des énergies renouvelables, Chems Eddine Chitour, a annoncé que l’appel d’offres pour la réalisation de 1000 MW de centrales solaires, sera lancé incessamment.

« C’est une chance que le mix algérien soit principalement gazier et qu’on puisse améliorer en intégrant de nouvelles technologies de production d’électricité notamment le solaire dont l’Algérie est un eldorado pour le solaire avec le taux d’ensoleillement le plus élevé au monde », a estimé Dr Boudjemadi qui a également noté que l’Algérie dispose d’un gisement dans l’éolien.

« Il y a une étude de la Banque Mondiale publiée en septembre 2020, qui démontre que le premier potentiel africain (dans l’éolien) est en Algérie », a-t-il indiqué, en précisé que ce potentiel est évalué à 7 Giga Watts et qui est « juste énormissime », et c’est la moitié des 15 000 MW qu’on veut lancer.

« Le mix énergétique pourrait dépasser facilement les 45 voire les 50% du renouvelable dans le mix qu’on a aujourd’hui », a-t-il estimé, en ajoutant : « La chance est que le gaz est là pour stabiliser l’intermittence du solaire lors des saisons nuageuses ».  Plaidant pour un investissement mixte, Ryad Boudjemadi a estimé que l’Etat ne peut à lui seul réussir la transition ni le privé seul d’ailleurs. « La transition énergétique se concrétise la main dans la main », conseille-t-il.

Comment financer ces projets dans le renouvelable, sachant que l’Algérie fait face à une rareté des ressources financières due à la crise économique qui est la conséquence de la chute des prix du pétrole et les effets de la crise sanitaire provoquée par la pandémie du coronavirus (Covid-19? A ce sujet, Dr Boudjemadi a expliqué que ces projets seront financés par l’argent économisé dans l’efficacité énergétique qui sera réalisée notamment dans les secteurs gros consommateurs d’énergie (bâtiment, l’éclairage public, l’industrie, l’automobile…) et les foyers. Il a précisé que dans le bâtiment ont peut faire jusqu’à 40% d’économie d’énergie, plus de 70% dans l’éclairage public et autour des 30% dans le secteur de l’industrie.

Le prix de l’électricité solaire a baissé à un centime de dollar

L’expert a souligné qu' »aujourd’hui le prix de l’électricité solaire n’arrête pas de baisser et le record a été battu récemment en Arabie Saoudite où il a atteint un centime de dollar le kilo watt heure (KWh), sachant que le prix du gaz tourne aujourd’hui autour de 5 à 6 centimes de dollar ».

« Il ne faut pas perdre de vue que la transition énergétique ce n’est pas que le solaire. La transition énergétique c’est un ensemble et une combinaison de piliers et de dimensions », a expliqué Dr Boudjemadi qui a énuméré à ce propos plusieurs dimensions, à savoir : « le mix énergétique qui sert à aller vers une sécurisation de l’énergie », « l’efficacité énergétique », « la préparation du « smart-énergie » (l’intelligence dans l’économie de l’énergie, NDLR) », « le Power 2x », et enfin « le positionnement de notre pays dans l’internationalisation du savoir-faire dans le domaine des énergies renouvelables ».

« La transition énergétique est indéniable. Il y a des facteurs exogènes et endogènes qui font qu’on est obligé d’aller vers cette transition énergétique », a-t-il expliqué. Selon lui, le premier facteur exogène, c’est la ratification de l’accord de Paris (France) lors de la COP21 dans le cadre de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Parmi les facteurs endogènes, l’expert a cité l’utilisation locale du gaz. « Dans ce facteur-là, aujourd’hui, on a remarqué qu’ on a dépassé les 45% d’utilisation locale du gaz, et il y a deux questions qui se posent : est-ce qu’on va laisser ce gaz pour les générations futures ou on va aller le vendre sur le marché extérieur pour engranger des devises? », a-t-il ajouté.

Le troisième point cité par Dr Boudjemadi et lié au deuxième point, c’est le prix du gaz et du pétrole dans le monde qui est volatile (Yo-Yo). « A un certain moment, les recettes de l’Algérie puissent en grande partie ne plus dépendre de ce signale. Toute l’Algérie suit le cours du pétrole », a-t-il dit. Autre point évoqué par l’invité de la radio chaîne 3, c’est l’arrivée du renouvelable sur le marché mondial, dont le prix du solaire, de l’éolien… est entrain de baisser.

Le renouvelable, un pourvoyeur de 4 à 5 postes par MW installé

L’expert a également cité l’aspect social et sociétal, estimant que les comportements et les mentalités des gens ont changé et que les citoyens ont pris conscience de l’importance de ne pas gaspiller les ressources comme l’énergie et l’eau. Aussi, il a cité l’évolution des technologies 4G et la 5G vont impacter à la fois notre quotidien et l’industrie.

« En Corée du Sud, il sont en train de tester la 6G qui va bouleverser le monde », a-t-il estimé, en soulignant les retombées à moyen et long terme sachant que tous les métiers qui gravitent autour de bases solaires sont pourvoyeurs de postes d’emploi. « Le renouvelable, c’est un pourvoyeur de 4 à 5 postes (d’emploi) par Méga Watt installé », a-t-il soutenu.

« Un projet solaire n’est qu’un projet financier, or les prix des équipements sont en baisse continuelle », a-t-il dit, en indiquant qu’eu égard des coûts, de l’aspect dette, de l’aspect indicateurs de rentabilité sont autant d’incitateurs pour aller sans plus tarder vers cette transition énergétique.

Selon lui, plus les coûts sont bas, plus la maturité de la dette est longue, plus l’investisseur est moins gourmand et plus on atteindra le prix le plus bas. Le gain est sûr à court et long terme. Le rendement est bénéfique et pour l’investisseur et pour le pays. On va atteindre un prix d’électricité très bas, mais il restera haut par rapport au prix des pays avancés en la matière puisqu’il reste dépendant des équipements importés et la logistique qui va avec, a encore expliqué l’expert en énergie électrique.

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