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Hausse de la masse monétaire hors circuit bancaire : Les explications de l’expert financier, Souhil Meddah

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L’expert financier et directeur général du cabinet RMGC Advice & Solution, Souhil Meddah, revient dans cet entretien, sur la dernière note de la banque d’Algérie sur l’évolution de la situation monétaire et prudentielle pour l’année 2020, notamment la masse monétaire hors circuit bancaire.

Algérie-Eco : La BA a annoncé une hausse de la masse monétaire hors circuit bancaire de 5437 milliards DA fin 2019 à 6140 milliards DA fin 2020. Comment expliquez-vous cette augmentation de plus de 12%?

Souhil Meddah : Il est tout à fait clair que pendant une période exceptionnelle, il faut s’attendre à des faits exceptionnels qui produiront également des effets exceptionnels !

Cette hausse du volume des valeurs transigées dans le circuit hors banques, est en partie justifiée, par les effets des actes relationnistes de plusieurs agents économiques, surtout vis-à-vis des ménages d’une part, mais aussi des autres acteurs, qui pendant les périodes de confinement et de gèle des quelques activités (surtout de services), ont opté pour la thésaurisation de leurs avoirs dans des circuits non financiers et autres statiques, afin d’en disposer facilement en cas de besoin.

Ce fait a entre-temps causé d’autres effets annexes, notamment sur les mouvements des masses en M1, qui se sont éloignés du circuit bancaire classique, en causant au passage un assèchement temporaire des quantités en monnaie fiduciaire, sans avoir un effet direct sur les revenus ou sur les droits des personnes.

Les dépôts à vue ont diminué de plus de 3% à fin 2020 pour s’établir à 4211 milliards DA. Quelle est la conséquence de cette baisse sur la liquidité bancaire ?

Les effets directs de ce mouvement de flux, sont d’ordre quantitatif, et qualitatif. D’ordre quantitatif qui se résume par des valeurs bancarisées qui ne sont pas maîtrisées par les agents financiers (les banques primaires), qui échappent au circuit classique et qui de ce fait, ce même circuit nécessite un réapprovisionnement supplémentaire en monnaie fiduciaire, dans le cas où la quantité nécessaire pour son équilibre n’est pas directement réintégrée pour son absorption dans la masse en M1.

D’ordre qualitatif, c’est le fait que des que le volume des valeurs fiduciaires augmente sans une absorption rapide avec notamment en contrepartie des quantités thésaurisées sous plusieurs formes qui tardent à réintégrer le système classique, l’instabilité entre la liquidité bancaire qui diminue face aux quantités de monnaies fiduciaires qui augmentent, peut produire temporairement quelques dédoublement d’emplois sur le mouvement concrétisés au sein du marché réels, qui ne sont pas visibles, mais important en terme de conséquences directs ou indirects.

Alors que les dépôts à vue ont baissé, les dépôts à terme ont augmenté de plus de 3% à fin 2020. D’où vient ce décalage ?

Il peut s’agir des dépôts effectués par des acteurs économiques ou des institutions n’ayant pas à leur charge des plans de charges ou des plans d’affaires qui nécessitent des financements immédiats, donc de ce fait cette tendance coïncide avec le ralentissement de l’activité économique dans le plan des transactions du marché réel, ce qui implique que certaines valeurs sont thésaurisées de façon a pouvoir les institutionnaliser auprès des acteurs financiers.

Également, cette tendance reflète un signe de déstabilisation du mécanisme des échanges entre acteurs économiques non financiers, qui de fait de l’imprécision sur le volume des transactions soit en demande publique ou en commande privée, pousse quelques acteurs économiques, notamment les opérateurs à recourir aux choix d’investissement orientés vers les placements à terme. Si ce signe se confirme, il est très important de se poser la question sur l’étendue des voies de richesses qui sont absentes et qui n’absorbent pas ou peu, les masses monétaires surtout en M2.

Dans l’absolu, une masse monétaire qui est placée en M2, doit naturellement produire des masses en M1, c’est à dire des valeurs de rendement et de distribution de revenus qui seront systématiquement être distribués en valeurs liquides a vue, soit en M1.

Il s’agit d’un fait qui d’une part, ne doit pas s’éterniser, car les opérateurs dans leurs vocation ont l’obligation de recycler de fructifier leurs valeurs sur le marché réel des transactions et, d’autre part, doit compter sur des emplois productifs, rapides et consistants, pour en créer des valeurs ajoutées et des revenus directs et indirects.

La Banque d’Algérie a indiqué que la liquidité bancaire a diminué passant de 1100 milliards DA à fin 2019 à 461 milliards DA à fin septembre 2020. Quelles sont les conséquences de cette baisse sur les crédits à l’économie ?

Le volume de la liquidité bancaire se croise avec la hausse ou la baisse de l’activité économique. Dans le cas où cette liquidité est en diminution, cela explique de facto que l’activité économique (échanges entre agents économiques) a déjà subie une baisse en emplois sur ressources d’une part et d’autre part, qu’elle n’arrive pas à donner plus de ressources pour d’autres volumes d’emplois futurs.

Ceci étant déjà une conséquence de la première phase consommée, cette situation va probablement causer plus de contraintes financières pour faire face aux besoins de reprendre la voie progressive de la croissance économique. C’est l’une des pièces nécessaires de création plus d’échanges, de valeurs ajoutées et de revenus fiscaux.

En tant qu’instrument de lubrification du domaine économique, soit en micro ou en macro, cette situation inconfortable nécessite d’une part l’intervention de l’Etat comme donneur d’ordre pour réengager des instruments accélérateurs d’échanges et multiplicateurs de valeurs, mais d’autre part, d’impliquer aussi une politique monétaire dynamique pour fournir des accumulation de ressources disponibles ou en crédits à titre compensatoire pour le compte de tous les agents économiques dans la perspective de rééquilibrer les rythmes des activités factuels, des revenus divers et des échanges marchands.

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