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Ouganda : Yoweri Museveni réélu président pour la sixième fois, l’opposant Bobi Wine dénonce des fraudes

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Le président Yoweri Museveni, au pouvoir en Ouganda depuis 1986, a été réélu samedi 16 janvier, pour un sixième mandat avec 58,64 % des voix, a annoncé la Commission électorale, alors que de son principal adversaire, Bobi Wine, a obtenu 34,83 % des voix.

M. Wine – Robert Kyagulanyi Ssentamu de son vrai nom – a contesté les résultats du scrutin, dénonçant « une mascarade complète »et estimant avoir « largement remporté » l’élection. Selon M. Wine, cette élection a fait l’objet du « pire trucage jamais connu » en Ouganda. Il a promis de fournir des preuves vidéo une fois l’accès à Internet rétabli.

Le député de 38 ans et ex-chanteur de ragga, populaire auprès de la jeunesse ougandaise, a dénoncé des fraudes massives – telles que des bourrages d’urnes, des bulletins préremplis, des électeurs n’ayant reçu les bulletins que pour les législatives ou des agressions contre les observateurs de son parti, parfois chassés des bureaux de vote.

Depuis vendredi soir, des soldats encerclent son domicile, en périphérie de la capitale, Kampala. Son parti dénonce « une assignation à résidence », là où le gouvernement affirme que les militaires assurent sa sécurité.

Le président de la Commission électorale, Simon Mugenyi Byabakama, a appelé la population à « rester calme et accepter le résultat de ces élections ». De son côté, la police a conseillé aux Ougandais de ne pas sortir pour célébrer ou contester les résultats, invoquant les mesures de lutte contre le Covid-19, les mêmes utilisées durant la campagne pour empêcher les rassemblements de l’opposition.

Le parti de M. Wine, la Plate-forme de l’unité nationale (ou NUP, pour National Unity Platform, en anglais), n’a pas exclu la possibilité de manifestations. « Les gens sont en colère parce que leur vote a été volé. Ils n’ont pas besoin de moi ou de Bobi [M. Wine] pour leur dire de se mettre en colère, a déclaré le porte-parole du NUP, Joel Ssenyonyi. Même nous, nous ne pouvons pas les contrôler. »

Les élections se sont déroulées à l’issue d’une campagne particulièrement violente, marquée par le harcèlement et les arrestations de membres de l’opposition, des agressions contre les médias et la mort d’au moins 54 personnes dans des émeutes à la suite d’une énième arrestation de M. Wine, dont la campagne a été largement entravée.

Avec une participation de 57,22 %, ce scrutin s’est déroulé dans un calme apparent jeudi, mais sous la forte et oppressante présence de policiers antiémeute et de militaires, et sur fond de coupure d’Internet, entrée samedi dans son quatrième jour.

Mardi soir, M. Museveni avait publiquement assumé la censure des réseaux sociaux. Il s’agit selon lui d’une mesure de rétorsion à la suspension par Facebook de plusieurs comptes liés au gouvernement, accusés de se coordonner pour influer artificiellement sur le débat public.

Ancien guérillero, d’abord applaudi comme un dirigeant moderne après les horreurs des régimes d’Idi Amin Dada et de Milton Obote, M. Museveni s’est progressivement mué en président autoritaire. Son parti hégémonique, le Mouvement de résistance nationale, a modifié deux fois la Constitution pour lui permettre de rester au pouvoir.

Afp

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