AccueilLa uneEn proie à de graves difficultés structurelles : Le syndicalisme en péril

En proie à de graves difficultés structurelles : Le syndicalisme en péril

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Pratiquement absent dans le secteur privé, le syndicalisme, pourtant légalisé par le droit algérien, a perdu beaucoup de terrain dans le secteur public, où sa régression se poursuit de façon inquiétante.

Trois difficultés structurelles majeures expliquent ce reflux de l’action syndicale, qui avait pourtant, on s’en souvient, connue son temps de gloire durant les décennies 70 et 80.

Parmi ces causes structurelles, il y a tout d’abord l’obstruction faite par l’Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA) qui avait détenu des décennies durant le monopole du syndicalisme algérien, à l’émergence du pluralisme syndical, souhaité par un nombre considérable de travailleurs, déçus par l’UGTA. Dés l’entame de la réforme de 1988, ces derniers avaient massivement exprimé le souhait de confier leurs revendications et la défense de leurs droits, à des syndicats autonomes représentatifs et totalement indépendants du pouvoir en place. Les obstacles multiformes dressés contre les syndicats autonomes naissants, par l’UGTA et les autorités politiques, ont eu pour conséquence de plomber l’action syndicale autonome, constamment noyée dans de faux problèmes et des obstacles bureaucratiques créés de toutes pièces pour les affaiblir ou les faire disparaître. Ce climat malsain, savamment entretenu par l’UGTA et les gouvernants, a provoqué un sentiment de lassitude, aussi bien, chez les travailleurs, que chez les syndicalistes, pourtant nombreux à d’être aventurés sur le terrain du syndicalisme indépendant que l’Etat venait pourtant d’ouvrir officiellement en 1990 au moyen d’une batterie de lois. Pas moins d’une trentaine de nouvelles organisations syndicalistes avaient en effet été créés à faveur de ces lois, mais très peu d’entre elles exercent aujourd’hui encore dans des conditions idoines, faute de soutien de la puissance publique. Pratiquement tous ces syndicats, ont fait face â des contraintes que les pouvoirs publics et l’UGTA, n’ont jamais cessé d’exercer sur eux, pour les affaiblir ou carrément pour les torpiller. Les adhésions aux syndicats autonomes ont, de ce fait, pratiquement disparue dans les entreprises publiques, apprend t-on d’une source proche d’une grande entreprise nationale. Seule l’UGTA parvient, par toutes sortes de stratagèmes, à attirer ou à maintenir dans ses rangs, quelques travailleurs soucieux de préserver leurs emplois et garder certains privilèges, ajoute notre source.

Il y a ensuite, toutes les difficultés managériales dont souffre l’écrasante majorité des entreprises publiques économiques, si mal en point au plan financier, qu’elles n’ont plus aucun avantage matériel à offrir aux travailleurs, qui n’ont même plus la certitude d’un salaire régulier. Être syndicaliste dans ces conditions, n’est vraiment pas recommandé, tant les faibles ressources excluent de fait les revendications sociales qui constituent la raison d’être des syndicats. Cette impuissance des syndicats a beaucoup nui à leur aura, au point où les travailleurs en sont arrivés à contester leur utilité. Être syndicaliste dans ces conditions n’est plus un honneur, mais une charge ingrate dont les travailleurs comprennent de moins en moins l’utilité, reconnaît un syndicaliste d’une organisation autonome.

Il y a enfin, la dépermanisation massive de l’emploi, qui s’est opérée au début des années 2000 et qui se poursuit aujourd’hui encore. Outre la division dans les rangs des travailleurs que cette dernière a créé, entre titulaires de contrats à durée indéterminée (CDI) et contrats à durée déterminée (CDD), la dépermanisation a rendu les travailleurs à contrats précaires, très vulnérables aux pressions des dirigeants d’entreprises, qui peuvent mettre fin à leurs carrières à tout moments. Exercer une responsabilité syndicale ou tout simplement adhérer à un syndicat d’entreprise, est à l’évidence très périlleux pour cette catégorie de travailleurs, qui préfèrent s’en éloigner.

Dans certaines entreprises publiques, les dirigeants ne se gênent même plus pour jouer sur cette division, pour tuer dans l’œuf toutes velléités de revendications qui ont du reste, pratiquement disparues comme par miracle.

Plus aucun contrepouvoir ne leur étant désormais opposés, les dirigeants d’entreprises publiques, sont de plus en plus nombreux à renouer avec des pratiques contraires au droit du travail: non application des conventions collectives, abus d’autorité, sanctions et licenciements abusifs, suspensions indues d’avantages légaux etc.

Les dépassements ont pris une importance telle, dans tous les secteurs d’activité économiques (secteur public y compris), qu’il devient indispensable que l’Etat régulateur intervienne pour légiférer de toute urgence afin d’ empêcher la déchéance sociale de l’emploi précaire. Cette protection est d’autant plus nécessaire, que les contrats à durées déterminées (CDD), sont appelés à prendre une grande ampleur à la faveur de la crise économique qui a déjà commencé à poindre et risque de s’installer dans la durée. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à baisser rideaux et celles qui survivront seront si fragiles qu’elles seront contraintes de privilégier le recours aux emplois précaires. C’est dire la gravité du problème, que l’Etat doit gérer du mieux possible, en réhabilitant notamment les syndicats autonomes, seuls à même d’empêcher l’embrasement du front social.

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