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Mebarek Malek Serrai, expert en économie: « Il est temps d’engager un audit agricole des wilayas au sud »

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Dans cet entretien, l’expert et consultant international en économie, MSerrai évoque certains problèmes qui persistent dans les projets agricoles surtout dans les wilayas du Sud. L’expert s’étale surtout sur le phénomène de la bureaucratie qui persiste estimant que le travail de « nettoyage » est à faire en profondeur dans les structures du Ministère de l’Agriculture et surtout au niveau local DSA, Wilaya, circonscriptions agricoles, offices et instituts spécialisés dans l’agriculture, banques, agences agricoles etc…

Algérie-Eco : Au moment où le gouvernement accorde une grande priorité au secteur agricole, afin de compenser les pertes du secteur des hydrocarbures, plusieurs projets agricoles restent bloqués. Pourquoi à votre avis ?

M.Serrai : Pour ce cas précis en particulier de la promotion des projets agricoles c’est éternel dilemme que nous observons et subissons, nous opérateurs économiques, bureaux d’études, ingénieurs et techniciens agricoles vétérinaires, simples agriculteurs. L’administration en charge telles les directions des services agricoles, les circonscriptions agricoles, les daïras, les wilayas sont encore en retard dans leur organisation avec de faibles moyens humains et logistiques pour faire face aux demandes sans cesse croissantes des investisseurs potentiels dans l’agriculture.

Les multiples actions structurantes au bénéfice de l’agriculture du sud tant annoncées à répétition et attendues accusent un retard considérable et condamnable (hydraulique, électrification de sites et grands périmètres agricoles, ouverture de pistes d’accès aux exploitations agricoles créées nouvellement (peu) ou en attente de voir le jour, déploiement de la sécurité rurale (gendarmerie) etc.

La logique veut que le grand déficit en céréales, légumineuses, oléagineux, mais et toute la filière avicole, viandes rouges, lait etc. ainsi du fait quenotte autonomie de consommation n’est couverte qu’a environ 72%etc., Compensé par des importations payées en devises devrait inciter tous les responsables en charge du secteur de redoubler d’efforts. Il n’y a pas de task force permanente qui alerte et propose des actions correctives.

Le discours politique officiel est logique, encourageant et même juste dans sa vision de politique agricole et politique économique ne trouve malheureusement pas toujours preneur au niveau des responsables locaux. Les déclarations positives de nombreux responsables locaux du secteur agricole sont en grande partie fausses et trompeuses. Il faut donc corriger cet état de fait et si nécessaire écarter les auteurs. L’Algérie nouvelle ne peut plus se permettre de tels manquements abusifs.

Nous considérons qu’il est temps d’engager une audite agricole des wilayas au sud pour répertorier des milliers de dossiers en souffrance dans les méandres poussiéreuses des DSA et wilayat-Ghardaïa, Naama, El Oued, Biskra, Adrar, El Bayed, Médéa etc.

Preuve à l’appui nous détenons des listes de promoteurs demandeurs de terrains agricoles qui attendent depuis 2013 soit sept ans ; c’est ahurissant et certains excellents projets pour les productions de luzerne, d’aliments   de bétail et de divers oléagineux attendent leur (libération) par les services des wilayas de Ghardaïa et de Menéa depuis 2011/2012 ; scandaleux car les demandeurs de terrains agricoles ne sont pas respectés. Pourtant nous considérons que les services de Mr le Premier Ministre qui font selon nous un effort titanesque devrait débusquer tous les saboteurs de l’agriculture et permettre de nouvelles productions et une réduction de notre dépendance alimentaire des importations très coûteuses.

La lutte contre la bureaucratie est actuellement le cheval de bataille du Gouvernement. Vous avez à maintes reprises dénoncé ce phénomène. Pourquoi les résultats de cette bataille tardent à se concrétiser sur le terrain ?

Tous les médias et tous les spécialistes ou simples citoyens grands victimes de cette bureaucratie irriguée par une corruption pandémique, le dénoncent en permanence sans grands résultats.

Il faut aller vers une révolution culturelle profonde et écarter ceux qui bloquent afin de créer un mouvement positif de travail, d’une discipline et d’arriver à des résultats plus probants dans la nouvelle agriculture du grand sud qui se conjugue avec la nouvelle Algérie.

Le peuple Algérien m’est témoin, j’ai toujours dénoncé cette bureaucratie entretenue par la gangrène de la corruption. Le travail de « nettoyage » est donc à faire en profondeur dans les structures du Ministère de l’Agriculture et surtout au niveau local DSA, Wilaya, circonscriptions agricoles, offices et instituts spécialisés dans l’agriculture, banques, agences agricoles etc.….

Une solidarité agissante est nécessaire et inéluctable avec les efforts du Président de la République et son gouvernement pour moraliser d’avantage le secteur, injecter de jeunes cadres non pollués par la corruption et les superviser par de grands spécialistes engagés et « clean ».

Le ministère de l’agriculture et du développement rural a annoncé dans un communiqué, avoir convenu avec le ministère de la Micro-entreprise, des startups et de l’économie de la connaissance, d’un programme d’action commun visant le soutien des projets d’investissement en faveur des jeunes et de la femme rurale en matière de valorisation des produits agricoles pour créer des postes d’emploi, devant cette situation est-ce réalisable à votre avis ?

Il faut d’abord nettoyer le passif négatif douloureux donc préparer un terrain adéquat, une plateforme de travail très claire et accessible à ces jeunes et surtout corriger et alléger les circuits bureaucratiques encombrants et préparer une législation qui soit non pas un frein douloureux comme vécu par le passé mais par un support facile à comprendre, modérateur et facilitateur.

Tout le peuple algérien a souffert et même suffoqué par moments et par endroits par une pléthore de textes staliniens difficiles à expliquer. Ces textes ont érigé de nombreux fonctionnaires comme obstacles à la modernisation rurale et la promotion de l’homme rural et créé un décalage visible avec les citoyens citadins.

La prudence dans les déclarations positives est recommandée car les déceptions dans le dépassement du timing pourraient provoquer des réflexes négatifs. L’intérêt annoncé au profit des jeunes et de la femme rurale reste encore dans le mérite des déclarations positives du gouvernement. L’idée est excellente, il faut la promouvoir par un travail d’approche en association directe avec le monde rural qui a toujours exigé qu’il soit consulté sur des programmes qui le touchent directement pour sa réussite.

En référence à mon expérience personnelle et dans le cadre de précédentes expériences internationales avec deux bureaux d’études allemand et italien et les universités d’ESSEN et de Rome sur le même sujet, j’ai en effet constaté que tout projet d’aide au développement rural et la promotion du monde rural, l’aide aux jeunes et à la femme rurale ne peut réussir que s’il y a une véritable et large consultation de la base sociale et de ses leaders. Je souhaite par conséquent que le ministère de l’agriculture et le ministère de la Start up et de l’économie et de la connaissance ne « concoctent » pas de projets dans les bureaux fermés mais sur la base d’un sondage social en milieu rural par de véritables spécialistes (agronomes, psychologues sociologues, médecins de compagnes, statisticiens etc…) ;  il faudrait donc bien conseiller les jeunes cadres du ministère de la micro-entreprise des start up et de l’économie de la connaissance. En plus de la création de l’emploi il faudra réussir à fixer les jeunes en milieu rural en leur assurant toutes les facilités et LES COMMODITÉS de vie, réorienter « l’immigration » des grands centres urbains vers le monde rural en créant aussi une activité socioculturelle et agro-industrielle conséquente.

Même les communes agricoles du grand sud devraient recevoir plus de jeunes du Nord, volontaires ou encouragés pour se fixer et s’installer à condition de développer très rapidement le logement rural dans les régions concernées.

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