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L’Afrique du Nord face au défi de sa transition énergétique

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La crise du Covid 19 peut constituer « une opportunité » pour les pays d’Afrique du Nord de « réévaluer leurs stratégies énergétiques » pour accorder en particulier une plus grande place aux filières renouvelables, souligne l’Agence internationale de l’énergie dans un rapport présenté le 21 septembre. L’AIE y effectue un état des lieux de la situation de 5 pays (Algérie, Égypte, Libye, Maroc, Tunisie), en leur adressant des recommandations.

Une très forte dépendance au pétrole et au gaz : Parmi les réussites de l’Afrique du Nord en matière d’énergie, l’AIE souligne que les pays d’Afrique du Nord ont déjà tous quasiment atteint l’objectif d’accès « universel » à l’électricité (entre autres grâce à d’importants programmes d’électrification rurale) et à des moyens de cuisson « propre », (avec le développement des réseaux de distribution de gaz naturel et de GPL). Outre ce satisfecit, il reste un chantier énorme – et « un potentiel considérable » – pour faire émerger des systèmes énergétiques plus « durables » en Afrique du Nord. L’AIE rappelle en particulier que les énergies fossiles dominent encore très largement le mix énergétique de la région : le pétrole compte à lui seul pour 45% à 85% de la consommation finale d’énergie selon les pays.

La « transition énergétique » est certes des plus en plus présentée comme une priorité (en particulier au Maroc ) mais le pétrole et le gaz restent au cœur des systèmes énergétiques de la région, ayant en particulier « constitué un élément central de la croissance économique » de l’Algérie, la Libye et l’Égypte. L’AIE appelle à faire évoluer les pratiques du secteur des hydrocarbures : l’intensité carbone liée à leur exploitation est « parmi les plus élevées au monde ».

Les émissions combinées de méthane en Algérie, en Libye et en Égypte se sont notamment élevées à près de 10 millions de tonnes en 2019, soit environ 12% des émissions mondiales de méthane liées au pétrole et au gaz (entre 40% et 55% des émissions de méthane en Afrique du Nord pourraient être évitées à coût nul selon l’AIE). La région compte par ailleurs pour 10% des volumes mondiaux de gaz « torché ». Et la crise du Covid-19, qui a fait chuter les revenus pétroliers et gaziers de l’Algérie et de la Libye « de près de 75 à 90% », met à rude épreuve ces économies, preuve selon l’AIE de l’urgence d’une transition énergétique. L’Agence internationale de l’énergie souligne par ailleurs la nécessité que les pays d’Afrique du Nord réalisent des progrès en matière d’efficacité énergétique, alors que leurs consommations sont amenées à fortement augmenter dans les prochaines décennies.

Le déploiement des filières renouvelables productrices d’électricité : L’électricité joue encore un « rôle marginal » dans les systèmes énergétiques d’Afrique du Nord, hormis en Égypte. Et les énergies renouvelables ne comptaient en 2018 que pour 4,6% de la production électrique moyenne de cette région (contre 25% au niveau mondial), alors même que cette dernière dispose de conditions « parmi les plus favorables au monde » pour l’exploitation de l’énergie solaire et d’un potentiel éolien « significatif » le long des côtes. Il existe toutefois de fortes disparités entre les 5 pays étudiés : le Maroc, où presque 20% de la production électrique provient des énergies renouvelables, fait figure de porte-étendard des filières renouvelables dans la région (misant entre autres sur le solaire thermodynamique).

Les pays d’Afrique du Nord se sont fixé des objectifs de long terme pour le déploiement de capacités électriques renouvelables sur leurs territoires, notamment 10 GW au Maroc (contre 3,74 GW en 2019) et 22 GW en Algérie (0,7 GW en 2019) à l’horizon 2030 et 54 GW en Égypte (contre 5,5 GW en 2019) d’ici à 2035 (date à laquelle la part des renouvelables est censée atteindre 42% du mix électrique national). Au cours de la dernière décennie, la production d’électricité d’origine renouvelable en Afrique du Nord a déjà « augmenté de plus de 40% » selon l’AIE, mais le niveau initial de développement pris comme référence était extrêmement faible.

Notons que l’hydroélectricité reste pour l’heure la principale filière renouvelable productrice d’électricité en Afrique du Nord (avec près de 5 GW de capacités installées, principalement situées en Égypte), devant l’éolien (dont le développement est principalement porté par le Maroc, l’Égypte et la Tunisie).

Dans son scénario « Africa Case » (compatible avec « l’Agenda 2063 » défini au sein de l’Union africaine), l’AIE estime que les énergies renouvelables pourraient compter pour 28% de la production totale d’électricité en Afrique du Nord à l’horizon 2030. Le « potentiel technique » de ces filières est bien supérieur : de l’ordre de 34 100 TWh par an à l’horizon 2050, soit « presque 9 fois l’ensemble de la production électrique annuelle de la région à l’heure actuelle », selon des estimations du Centre européen pour l’énergie, l’environnement et la technologie (CIEMAT). Il est rappelé que l’intégration à grande échelle des centrales renouvelables à production variable nécessitera toutefois de disposer de systèmes électriques très flexibles, en renforçant entre autres les réseaux et en développant les capacités de stockage.

afp

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