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L’importation de véhicules d’occasion renvoyée aux calendes grecques

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La loi de Finances 2020 entrée en vigueur en janvier dernier a réintroduit l’importation de véhicules de moins de trois ans d’âge, après 15 ans d’interdiction. Une décision tant attendue par une partie des citoyens.

La loi de finances complémentaire pour 2020 a apporté des modifications à certaines dispositions de loi, telles que la suppression de l’obligation d’importation sur devises propres, tout en confirmant l’exclusion des véhicules à motorisation diesel de toute opération d’importation.

Malgré l’adoption des textes de loi autorisant l’importation de véhicules de moins de trois ans d’âge, les Algériens désireux d’acquérir ce type de véhicule attendent toujours. Ainsi, il semble que l’autorisation accordée au citoyen algérien d’importer les véhicules d’occasion est renvoyée aux calendes grecques.

En effet, la Direction générale des Douanes a expliqué en janvier dernier que l’autorisation d’importation prendra effet seulement « après la spécification de certaines procédures d’application ».

Ainsi, une décision interministérielle impliquant quatre ministères, en l’occurrence le ministère des Affaires étrangères, le ministère de l’Intérieur, ministère des Finances et ministère de l’Industrie devait spécifier en détail les procédures d’importation des véhicules d’occasion en Algérie. La décision se fait encore attendre.

Le ministre du commerce Kamel Rezig, a déclaré, en janvier dernier, que les mesures techniques et réglementaires relatives à l’importation des véhicules d’occasion de moins de trois ans d’âge seraient prêtes dans deux mois au plus tard. Cependant, rien n’a encore été annoncé dans ce sens.

Le gouvernement avait décidé d’interdire l’importation de véhicules neufs et d’occasion pour se lancer dans l’industrie de montage automobile qui, on le sait maintenant, a été un véritable fiasco industriel et financier. Les opérateurs activant dans l’industrie du montage automobile ont bénéficié d’avantages fiscaux exorbitants qui ont coûté cher au Trésor public et sans atteindre les taux d’intégration escomptés.

Les procès des anciens premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ainsi que les anciens ministres de l’Industrie poursuivis dans le cadre d’affaires de corruption liées à l’industrie de montage automobile ont montré l’étendue de cette supercherie.

Face à l’échec cuisant de l’industrie de montage automobile, le gouvernement Djerad a décidé, en mai dernier, de supprimer le régime préférentiel d’importation SKD/CKD destiné au montage automobile. Et dans le cadre de la nouvelle politique de réorientation industrielle décidée part le président Tebboune, le gouvernement semble miser davantage sur l’importation de véhicules neufs via les concessionnaires.

Vers une nouvelle réorganisation industrielle ?

En effet, le Conseil des ministres qui s’est réuni hier dimanche a décidé d’adopter les cahiers de charges relatifs à la réorganisation des activités industrielles, dont le montage de véhicules et l’importation de véhicules neufs. A propos de l’importation des véhicules d’occasion, le récent Conseil des ministres n’en a pas soufflé mot.

Il convient de rappeler que le ministre de l’Industrie Ferhat Ait Ali a déclaré, en février dernier, en marge de la présentation du plan du gouvernement devant le Conseil de la nation. Là encore, rien n’est fait jusqu’à présent dans ce sens.

Toutefois, la nouvelle réorganisation industrielle que le président Tebboune appelle de ses vœux suscite des interrogations, notamment la hausse des taxes douanières imposées à l’importation de véhicules neufs en fonction de leurs cylindrées et de leurs motorisations.

Cette augmentation des taxes est-elle un moyen pour le gouvernement de récupérer les avantages fiscaux accordés aux usines de montage automobile ? Qu’adviendra-t-il des véhicules montés en Algérie et qui restent en stock, notamment depuis la suppression du système préférentiel SKD/CKD ? Seront-ils écoulés sur le marché national dans le cadre de futures opérations d’importation de véhicules neufs ?

Autant de questions qui restent toujours en suspens et auxquelles le gouvernement devra répondre tôt ou tard et de manière claire, d’autant plus qu’il vise, à travers cette nouvelle réorientation industrielle, à asseoir une véritable industrie automobile en Algérie.

Toutefois, l’avenir des usines de montage automobile reste suspendu. Les salariés sont dans le flou total. Le ministre de l’Industrie Farhat Ait Ali a affirmé récemment que ces usines peuvent reprendre leurs activités, à condition de répondre aux nouvelles exigences du cahier des charges, notamment un taux d’intégration de 40%. Cela interroge sur la capacité de ces usines à atteindre un tel taux, alors qu’elles n’ont  jamais dépassé les 15% depuis leur installation en Algérie.

Les tergiversations et le tâtonnement des gouvernements successifs dans ce domaine n’augurent rien de bon quant à leur capacité et leur volonté de faire baisser les prix et de répondre à la demande nationale en constante augmentation. A ce propos, M. Ait Ali a affirmé en avril dernier, que la solution pour casser les prix est « de les produire localement ».

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