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Les ratés de l’industrie du montage automobile en Algérie

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Placé sous le thème de l’aftermarket au service de la relance de l’industrie automobile en Algérie, le salon Equi Auto Algeria 2020 a ouvert ses portes lundi 2 mars, au Palais des expositions d’Alger. Ce salon a été l’occasion de faire l’autopsie d’un échec cuisant.

« Le secteur de l’après-vente automobile est en pleine croissance pour la simple raison que le parc automobile algérien avoisine officiellement les sept millions », a souligné M. Nabil Bey-Boumezrag, commissaire général du salon, indiquant que près de 40% des véhicules du parc dépassent vingt ans d’âge, ce qui implique beaucoup de réparation et de maintenance.

De son côté, M. Mohamed Yaddadene, consultant et expert en automobile, a indiqué que l’Algérie « a mis la charrue avant les bœufs. On aurait dû réfléchir à une démarche plus noble », estimant que « le pays a raté le coche car on n’a pas réfléchi à une stratégie industrielle qui se devait de reposer sur une démarche en relation avec l’aftermarket et les services ».

Pour M. Yaddadene, « la relance du secteur automobile ne pourra pas se faire de si tôt, en décrétant des textes qu’on appliquerait du jour au lendemain », précisant qu’on devrait revenir à une stratégie qui mettrait sur le même piédestal l’industrie mécanique et automobile. La réflexion dans des bureaux nous a mené à ce qu’on connaît aujourd’hui ». Il affirme que le secteur de l’automobile connaît aujourd’hui les pires problèmes depuis 2014.

L’expert a par ailleurs indiqué que la suppression de la règle 49/51 régissant l’investissement étrangers en Algérie est un fait positif, affirmant que le secteur de l’automobile « va connaître un creux de la vague », mais M. Yaddadene se dit convaincu que ce secteur repartira de nouveau, notamment avec la contribution de tous les professionnels.

Il a indiqué : « on devrait capitaliser sur la ressource humaine. La formation est la base et si on investit dans les ressources humaines en donnant des outils, on pourra relever le défi. »

Quant à Mohamed Siad, p-dg des sociétés du groupe Siad, il a souligné : « on devrait d’abord créer autour du constructeur automobile des sous-traitants ou des constructeurs d’ensembles », tout en insistant sur la nécessité, notamment pour les fabricants de pièces de rechange, « d’établir un business plan et de connaître à l’avance le volume minimum nécessaire ».

Il a également insisté sur le fait d’avoir des textes de loi clairs et nets qui facilitent l’investissement. A ce propos, M. Siad a indiqué que  » dans le secteur automobile, la règle 49/51″a dérangé tout le système de la construction ».

Importation de véhicules d’occasions

Commentant la déclaration du président Abdelmadjud Tebboune qui constate que «l’usine Renault qui est ici n’a rien à voir avec celle qui est installée au Maroc», M. Siad a indiqué qu’au Maroc le montage se fait en zone franche, ce qui n’est pas le cas en Algérie.

Il a par ailleurs dénoncé la concurrence déloyale qui règne dans le secteur. « On est concurrencé par l’informel, la contre-façon et par des pratiques illicites. Nous avons aussi des soucis de bureaucratie », a-t-il affirmé.

Il demande aux pouvoirs publics d’associer les acteurs de l’automobile à la nouvelle stratégie qui est en train de se dessiner. « Nous avons des solutions et nous sommes une force de proposition », a-t-il souligné.

M. Yaddadene estime que l’importation des véhicules d’occasion n’est pas la solution, expliquant que le véhicule d’occasion en Europe reviendrait aussi cher qu’un véhicule neuf vendu en Algérie, en raison de l’existence sur le continent européen d’un marché de véhicules d’occasion intégrés dans la stratégie de certains concessionnaires automobiles.

On aurait aimé voir un cahier des charges sur la revente des véhicules d’occasion en Algérie, a-t-il indiqué.

Les intervenants s’accordent à dire que le montage automobile en Algérie se fait en DKD, à savoir la déconstruction. « On démonte un véhicule et on le ramène en Algérie pour le remonter, ce qui coûte deux fois plus cher ».

Le constat des intervenants a ce salon est amer et sans appel. Selon eux, l’industrie automobile en Algérie n’est pas aujourd’hui à même de répondre aux besoins du marché national ou international, voire même aux besoins des constructeurs automobiles.

Les intervenants ont également insisté sur le volet formation des acteurs de l’automobile en Algérie, en appelant à la segmentation de l’activité, ce qui permettra de bien cibler les besoins en formation et de professionnaliser les intervenants du secteur. Toutefois, les participants au salon se disent prêts à accompagner l’activité de montage automobile en Algérie, notamment en fournissant et en fabriquant les pièces de rechange.

La 14e édition du salon se tient dans des conditions marquées par l’apparition du coronavirus, ce qui a vu la suspension de la participation au salon de certains pays fortement touchés, à l’instar de la Chine, de la Corée du Sud et de l’Italie.

A noter que le salon se tient dans des conditions marquées par l’arrêt de l’activité d’assemblage de véhicules en Algérie, faute de kit CKD/SKD. L’usine d’assemblage de Renault Algérie a mis au chômage technique quelques 1300 salariés. Le groupe SOVAC, représentant de la marque allemande Volkswagen en Algérie affirme que 500 conteneurs sont toujours bloqués au niveau du port d’Oran.

Depuis hier, s’est ouvert le procès en appel de Sellal et Ouyahia, qui ont été respectivement condamnés en première instance à 12 et 15 ans de prison ferme, ainsi que d’autres hauts responsables impliqués dans l’affaire du montage automobile. Le compteur de l’industrie automobile en Algérie est remis à zéro jusqu’à nouvel ordre.

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