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Me Bouchachi : « Le Hirak ne s’arrêtera pas le 12 décembre »

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L’avocat et militant des droits de l’Homme, Me Mostefa Bouchachi s’est exprimé, lundi, sur l’élection présidentielle du 12 décembre, estimant que « le Hirak ne refuse pas les élections mais, il est contre les conditions dont lesquelles elles sont organisées » par le pouvoir. Il a affirmé que « le Hirak ne s’arrêtera pas le 12 décembre » et qu’il se poursuivra jusqu’à « la satisfaction des revendications du peuple algérien ».

« Il y a de mauvaises interprétations disant que le Hirak ne veut pas des élections », a-t-il dit, rappelant que « depuis le début du Hirak le 22 février jusqu’à aujourd’hui, les algériennes et les algériens qui sont sortis, l’ont fait pour de vraies élections sans les restes de la bande (El Issaba) ».

Selon Me Bouchachi « tout le monde veut des élections présidentielles » mais non pas comme celles organisées par le passé par le système qui choisissait le président et venait au peuple pour légitimer le choix du pouvoir. « Les algériens à travers cette révolution bénite, ont exprimé leur souhait d’organiser des élections à travers des consultations auxquelles prendront par tous les citoyens, et par la suite désigner les personnes de confiance qui organiseront ces élections », a-t-il rappelé dans une intervention vidéo sur sa page Facebook.

L’avocat a regretté le fait qu’on a laissé passer cette « chance en or » de l’histoire de l’Algérie pour aller vers une transition démocratique à laquelle participeront : Le Hirak, la classe politique, la société civile et les institutions de l’Etat. « Il semble que le système a refusé cette chance en or, et on a perdu l’idée d’une réconciliation nationale et d’aller vers des élections de consensus », a-t-il déploré.

« Les élections que veulent les algériens ne sont pas celles que veut organiser aujourd’hui le régime », car, a-t-il enchaîné, ces élections sont organisées dans une totale restriction de la liberté d’expression, la fermeture totale de l’espace public, la restriction totale des libertés et des droits.

« Ce qu’on appelle l’autorité d’organisation des élections, elle est la fabrication du pouvoir et les personnes qui la composent, ne sont pas indépendants à ce point. Beaucoup d’entre eux étaient des fonctionnaires (de l’Etat), c’est pour cela que cette autorité ne peut pas organiser des élections propres », a estimé Me Bouchachi, ajoutant que « le système qui veut organiser des élections de cette façon, opère depuis 5 mois des arrestations parmi les jeunes activistes du Hirak, des symboles du Hirak et des journalistes, qui ont une autre vision des choses sur la faon d’organiser des élections. Chaque vendredi, mardi, et depuis quelques temps, tous les jours, les algériens sortent dans les rues pour dénoncer cette façon d’organiser des élections parrainées par le systèmes des gangs ».

« Je pense que ce genre d’élections, ne conduiront pas à une vraie démocratie, mais, c’est une façon de recycler le système politique. C’est malheureux, parce que tout le monde attendait que ces élections conduiraient à de véritables institutions où la source de pouvoir serait le peuple », a-t-il dit, ajoutant que « le système s’est entêté et a refusé un vrai dialogue et à ce que ces élections soient organisées par des personnes auxquelles ferait confiance le peuple algérien. C’est une fuite en avant ».

« Ceux qui tiennent à l’organisation d’élections dans ces conditions, se rendront compte qu’elles ne conduiront pas à la solution de la crise que vit l’Algérie, mais, elles vont approfondir la crise politique, et conduiront vers l’élection d’un président faible qui ne dirigera pas véritablement l’Algérie et affaiblira son rôle dans toute la région », a-t-i mis en garde.

Me Bouchachi a appelé à la sagesse et à penser à l’intérêt de l’Algérie en allant vers des élections de consensus, mais, a-t-il regretté « on a laissé partir cette chance ».

« Le Hirak n’est pas lié à une quelconque date »

Sur l’avenir du mouvement populaire si les élections du 12 décembre venaient à avoir lieu, Me Bouchachi a estimé que « le Hirak n’est pas lié à une date quelconque ou d’un rendez-vous quelconque ». « Les algériens sortis depuis le 22 février, l’ont fait pour un objectif : Réaliser la démocratie pour tous les algériens et que les institutions futures de l’Etat émanent de la volonté populaire. Le Hirak ne s’arrêtera le 12 décembre, car, jusqu’à l’heure, les revendications légitimes du peuple algérien ne sont pas satisfaites et ces élections ne répondront pas à ces revendications », a-t-il expliqué, ajoutant que « je pense que le Hirak va se poursuivre jusqu’à la satisfaction des revendications des algériennes et des algériens ».

Aux pessimistes quant à l’organisation de ces élections par le système après 10 mois de lutte dans le cadre du Hirak, l’avocat a expliqué que « nos revendications sont d’aller vers une véritable démocratie, la lutte continue et ne sont pas liées à cette date (la présidentielle du 12 décembre), donc, les algériens vont continuer leur Hirak ».

Me Bouchachi a appelé les algériens à penser à d’autres moyens de lutte, pour exprimer leurs revendications. « Ce qui est certain, le Hirak n’est pas lié à la date du 12 décembre », a-t-il insisté, ajoutant qu' »on avait souhaité que le 12 décembre serait une fête nationale, ce qui ne sera pas en fin de compte, et je crois que le Hirak va continuer et avec la même force, et peut-être qu’il inventera d’autres moyens de lutte dans la prochaine étape ».

Rappelant toutes les initiatives lancées depuis le début du Hirak par la classe politique, la société civile et les personnalités nationales pour sortir de la crise, notamment, la plateforme de Ain Beniane du 15 juin et toutes les feuilles de route proposées par les personnalités nationales, il a souligné que le pouvoir a rejeté toutes ces initiatives et tout dialogue. « Avec toutes les mesures prises par le système et le pouvoir de fait durant toute cette période (Hirak), elles n’expriment aucune volonté d’aller vers une démocratie où la source de pouvoir est le peuple. On n’ pas pu aller vers un consensus », a-t-il relevé,

Déplorant le fait que la période de transition à laquelle a appelé l’opposition et des personnalités nationales soit diabolisé par le système et certaines personnes qui orbitent autour de lui, Me Bouchachi a expliqué que « tous les régimes qui sont passés d’un système dictatorial et corrompu vers une démocratie l’ont fait par une période de transition conduite par des personnes auxquelles fait confiance le peuple », estimant que « tout le monde est d’accord que le régime sous lequel on a vécu a appauvri le pays et a fraudé la volonté du peuple ».

Il a rappelé que « nous n’avons pas demandé une longue période de transition, mais une période de transition pour organiser des élections qu’organiseront des personnes propres et indépendantes du système ».

« Ceux qui ont ordonné les arrestations ont causé du tort à l’Algérie »

Concernant les détenus du Hirak qui sont des centaines selon Me Bouchachi, celui-ci a noté qu’ils sont poursuivis essentiellement pour « atteinte à l’unité nationale », « publication ayant trait à porter atteinte à l’intérêt suprême de l’Etat », « incitation à attroupement », « atteinte au moral de l’armée », « port de l’emblème amazigh ».

Selon lui « il y a des personnes arrêtées parce qu’elles ont exprimé leurs opinions sur la manière de solutionner la crise en Algérie ». Me Bouchachi a réaffirmé en « toute objectivité et neutralité » que les détenus d’opinion « n’ont pas commis de crime puni par la loi algérienne », ajoutant que « le but de ces poursuites est de casser le Hirak ».

Il a indiqué que « ceux qui ont ordonné les arrestations par centaines de manifestants et militants du Hirak, peut être pour briser le mouvement, ont causé du tort à l’Algérie », car, a-t-il dit, des ONG internationales et le monde en parlent de cette révolution pacifique mais de l’autre côté ils en parlent des détenus.

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