Le président de la Fondation Casbah, Ali Mebtouche a fait état, dimanche à Alger, du recensement de 330 bâtisses menaçant ruine à la Casbah d’Alger, appelant les autorités wilayales à agir pour rattraper le retard accusé dans le règlement du dossier.
« La Fondation, qui a recensé 330 bâtisses menaçant ruine n’a aucune responsabilité à avoir dans les effondrements répétés survenus à la Casbah », a-t-il précisé devant la presse, imputant ces accidents aux « mauvaises politiques appliqués à cette ville antique », rapporte l’agence officielle APS.
Il a appelé, à ce propos, à « la divulgation des budgets affectés à la restauration de la Casbah depuis 1962 à nos jours ».
Affirmant que le temps était venu de reprendre le dossier de la Casbah dans une transparence totale permettant de mettre fin aux pertes humaines et matérielles, le président de la Fondation Casbah, s’est interrogé sur « le bien fondé » des travaux engagés notamment en ce qui concerne « la restauration de 364 maisons et la mobilisation de 54 architectes spécialisés ».
Les occupants eux-mêmes en faute
Concernant l’effondrement, la semaine dernière, d’une bâtisse sise à la rue Bouderias ayant entraîné la destruction de deux immeubles mitoyens, M. Mebtouche a évoqué des raisons « objectives » derrières ces incidents tragiques, en allusion à « des erreurs commises par les occupants eux mêmes ».
À ce propos, il a expliqué que les occupants actuels « ont substitué aux matériaux traditionnels, comme la terre et la chaux, des matériaux modernes inadaptés, comme le ciment, tout en opérant des modifications intérieures sans autorisation des autorités concernées ». Il a cité, également, le remplacement du bois des portes et des fenêtres par de l’aluminium ainsi que des surélévations qui fragilisent les fondements des anciennes bâtisses.
Ces négligences sont à mettre sur le compte des autorités locales qui n’ont pas veillé au respect de la loi 98-04 relative à la protection du patrimoine culturel et qui interdit la modification, sans autorisation de l’expertise technique, de bâtisses classées patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1992.
La Fondation Casbah a proposé, par le truchement ses membres présents à cette rencontre, « la reconstruction des immeubles effondrés dans le même style architectural pour le confortement des bâtisses attenantes », et aussi pour « ne pas laisser les assiettes inoccupées afin d’éviter leur transformation en décharges anarchiques ou encore en parkings, comme c’est le cas actuellement ».
Pour sa part, Othmane Bouras, membre de bureau de la Fondation, a indiqué que « 80% des maisonnettes à la Casbah sont des propriétés privées, soit plus de 4.000 contre 20% de « habous », estimant que « c’est là une entrave majeure à la gestion de cette ville ».