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Un ancien investisseur de Facebook alerte sur le « côté sombre » du réseau social

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L’investisseur américain Roger McNamee, ancien mentor et soutien financier du fondateur de Facebook Mark Zuckerberg, met en garde contre le « côté sombre » du réseau social, déclare-t-il dans un entretien accordé à l’AFP.

Selon Roger McNamee, qui publie cette semaine « Facebook, la catastrophe annoncée » en français aux éditions Quanto, le groupe ne s’attaque « pas assez » franchement à la désinformation ou aux discours de haine sur tous ses réseaux sociaux.

QUESTION : Comment votre perception de Facebook a- t-elle évolué depuis votre rencontre avec Mark Zuckerberg en 2006 ?

R : Il m’a fallu beaucoup de temps pour réaliser que ce jeune homme très idéaliste, très optimiste avait aussi un côté sombre et que cela finalement contribuerait à un succès phénoménal mais que cela aurait des conséquences importantes en termes de santé publique, de démocratie, de respect de la vie privée et de la concurrence. (…) Il y avait des signes que des choses n’allaient pas dans Facebook dès 2007-2008, mais à chaque fois, la société semblait en tirer une leçon et aller de l’avant. (…) En janvier 2016, durant la primaire démocrate, j’ai observé des comportements qui semblaient peu authentiques au sein de groupes Facebook. Il s’agissait de discours haineux, notamment dans des groupes se faisant passer pour des soutiens de Bernie Sanders. (…) Puis en juin 2016, le Brexit. Pour la première fois, j’ai réalisé que les outils publicitaires, qui rendent Facebook si précieux pour les entreprises, pouvaient servir dans une élection et en déformer le résultat d’une manière qui fragilise la démocratie. Cette fois, cela m’a vraiment inquiété.

QUESTION : Les appels à démanteler Facebook se sont multipliés et des procédures sont désormais lancées aux États-Unis. Peuvent-elles aboutir ?

R : Je n’ai pas la réponse. Il y a trois ans, je n’aurais pas imaginé que nous en serions là, que des pays réfléchiraient sérieusement à une intervention antitrust (visant à limiter la concentration économique, ndlr). Mais selon moi, l’antitrust dépasse le seul démantèlement des entreprises. (…) Nous devons également reconnaître que le +business model+ de ces compagnies est un danger pour la démocratie, la santé publique et la vie privée, parce que nos données personnelles sont traitées comme un bien. Ces sociétés disent +si nous nous emparons de ces données ou les achetons, et bien nous les possédons+. Moi je dis que les données personnelles sont un droit civique. C’est un droit de l’homme.

QUESTION : Facebook souhaite lancer sa cryptomonnaie, la Libra. A quoi peut-elle lui servir ?

R : L’argument qu’ils mettent en avant, c’est que dans les pays en développement, en Inde, en Afrique, dans des endroits où il n’y a pas de banques, cette monnaie qui s’échange par téléphone, peut permettre des activités bancaires. Et cela peut effectivement être le cas. Mais ce qu’ils ne disent pas, c’est que du jour au lendemain, les marchés financiers peuvent passer à une monnaie comme la Libra, car c’est une manière de contourner les impôts, les contrôles et la capacité des gouvernements à maintenir des marchés financiers en ordre.

QUESTION : Mark Zuckerberg a également annoncé travailler au chiffrement des conversations, collaborer avec la police sur les vidéos de fusillades en direct, avec des médias contre la désinformation…

R : Je reconnais au moins un mérite à Facebook : ils essaient de faire changer les choses. Pas assez à mon avis, mais c’est bien mieux que Google. Après, honnêtement, je pense que Facebook ne fait vraiment quelque chose que sur son produit phare (l’application Facebook elle-même, ndlr). Instagram (qui appartient à Facebook, ndlr) par exemple est très vulnérable aux ingérences électorales. Mais il y a toutes sortes de choses illégales qui y circulent, que ce soit en rapport avec la drogue ou de la propagande terroriste

Afp

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