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Une bonne stratégie de digitalisation peut permettre à l’Afrique de combler rapidement son retard économique

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En agissant rapidement et résolument, les pays africains peuvent rattraper leur retard sur la scène économique mondiale. Selon un rapport publié par le groupe allemand Siemens, en collaboration avec la société de conseils Frost & Sullivan, la digitalisation offre au continent l’occasion d’accélérer sa croissance. Toutefois, cette fenêtre reste assez étroite, et les décideurs doivent «hic et nunc» mettre en place une stratégie afin de réussir.

Le groupe allemand a implémenté un projet de recherche décrivant l’état actuel des industries clés à travers le continent et identifiant les défis et opportunités. Intitulée «L’avènement de la digitalisation et son impact sur l’Afrique», l’étude a examiné les prévisions de croissance et les domaines dans lesquels l’adoption de technologies intelligentes serait la plus bénéfique pour les industries en expansion afin de favoriser une croissance durable. Ainsi, quatre secteurs clés sont passés sous la loupe, en l’occurrence ceux de l’eau, des aliments et boissons, des mines et minéraux, ainsi que le secteur manufacturier.

Alors que l’analyse avancée et la numérisation sont de plus en plus adoptées dans certains secteurs industriels, comme celui de l’automobile, il existe de réelles possibilités d’application dans d’autres secteurs industriels tels que l’industrie minière ou l’industrie alimentaire et des boissons qui contribuent de manière significative aux principales économies africaines.

La question que les gouvernements doivent se poser est de savoir comment conjuguer la création d’emplois et la numérisation. 

«Pour la première fois dans l’histoire, nous avons une opportunité incroyable d’utiliser la technologie intelligente pour transformer des économies entières à un rythme sans précédent. L’Afrique doit mettre en place des stratégies efficaces dès maintenant pour réussir», a commenté Ralf Leinen, vice-président senior des industries digitales de Siemens pour l’Afrique de l’Est et du Sud.  Selon lui, les résultats de l’étude ne sont qu’un point de départ, et l’entreprise espère qu’elle amorcera un dialogue et fournira un cadre à certaines des occasions uniques qui existent. 

Le secteur de l’eau : Actuellement, moins de 1% de l’eau dans le monde est potable. L’Afrique compte le plus grand nombre de pays manquant d’eau, la majeure partie du continent dépendant des eaux de pluies et de surface pour son approvisionnement. De nombreuses sources d’eau douce existantes ont été polluées à tel point que l’accès à l’eau potable est de ±51 %. La rareté de l’eau est un problème de plus en plus préoccupant pour le continent et les projets d’approvisionnement en eau ne représentent que 1,3 % du total des investissements en infrastructures en Afrique selon les données de Siemens.

Comme solution à ce problème, les chercheurs de la société pensent à la digitalisation. La digitalisation pourrait notamment s’appliquer à la détection des fuites d’eau, la gestion des conduits d’eau, ainsi qu’à la mesure du débit d’irrigation et de consommation.  Selon le document, en optimisant les infrastructures existantes, l’Afrique peut accroître rapidement et efficacement son accès à l’eau.

Le secteur des aliments et boissons : La population urbaine en Afrique devrait passer de 35 % en 2010 à 56 % en 2050. Cette urbanisation rapide, combinée à l’évolution des préférences vers le commerce de détail formel, va stimuler la demande de produits de consommation courante. Les fabricants de produits alimentaires et de boissons devront tenir compte de nombreux facteurs pour répondre aux exigences de plus en plus individuelles des clients. Entre autres facteurs cités par le rapport, on retrouve une qualité élevée et constante des produits, une disponibilité maximale des installations, une utilisation optimale des ressources et une flexibilité toujours croissante. Selon l’étude, la maîtrise de tous ces points, aujourd’hui et à l’avenir, «n’est possible qu’avec la digitalisation». Cette dernière peut aider à automatiser les tâches à forte intensité de main d’œuvre qui, par le passé, étaient effectuées manuellement.

Le secteur minier : L’exploitation minière est l’un des principaux moteurs économiques de nombreux pays africains. Au cours des dernières années, ce secteur a subi des pressions en raison de la faiblesse des investissements, de l’augmentation des coûts et des problèmes de main-d’œuvre. Les grèves paralysantes des dernières années ont progressivement poussé les sociétés minières à mettre en œuvre la mécanisation à plus grande échelle, afin d’améliorer la rentabilité et de demeurer concurrentielles à l’échelle mondiale.  «Bien que l’exploitation de l’or soit en déclin en Afrique du Sud, des études montrent qu’un total de 496 millions de tonnes des 592 millions de millions de tonnes de ressources aurifères peuvent être exploitées par des procédés mécanisés.  Cela équivaut à 11 grandes mines d’or», révèle le rapport de Siemens.

De plus, apprend-on, depuis 2000, plus de 75 % des nouvelles découvertes de métaux communs ont été faites à plus de 300 m de profondeur. Dans un tel contexte, les chercheurs de la firme allemande pensent que seule l’automatisation peut améliorer la sécurité et l’efficacité, afin que l’exploitation minière demeure un moteur économique durable pour l’avenir. Elle aidera l’industrie minière à relever les défis auxquels elle est confrontée en augmentant la productivité et en réduisant les coûts d’exploitation et d’extraction. Toutefois, l’intégration réussie de la technologie ne sera possible que grâce aux efforts concertés des fournisseurs de technologie, de l’industrie, des instituts de recherche et des organismes qui travaillent à améliorer l’industrie minière.

Le secteur manufacturier : Le secteur manufacturier, bien qu’il soit le plus avancé dans l’intégration des technologies numériques en Afrique, reste un acteur marginal qui lutte pour avoir un impact plus important sur le PIB des pays. 

La croissance du PIB par habitant devrait stimuler la demande locale de produits manufacturés tout en offrant la possibilité de créer des structures de production axées sur l’exportation. Les pays africains sont riches en ressources minérales qui sont exportées «sans grande valeur ajoutée et ont donc une valeur marchande inférieure». Les produits finis sont ensuite importés à un prix beaucoup plus élevé, ce qui constitue une perte de devises.

Pour Siemens et Frost & Sullivan, l’Afrique doit mettre l’accent sur le développement d’industries et de chaînes d’approvisionnement qui peuvent ajouter de la valeur à ses matières premières, et contribuer de manière plus importante à l’économie locale. Pour cela, le continent doit saisir les opportunités offertes par la numérisation afin de réduire les coûts, offrir une meilleure qualité de production, une flexibilité et une efficacité accrues.

Afp

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