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Algérie post-Bouteflika : une transition diplomatique verrouillée

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A quelques jours du débat général de la 74 ième session régulière de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU), qui se déroulera du 24 au 30 septembre 2019, à New-York (Etats-Unis), le traitement de la crise politique en Algérie amène à s’interroger sur l’initiative d’une nouvelle diplomatie promouvant les intérêts de la nation. De nombreux  dossiers concernant la politique étrangère du pays, demeurent en suspens.

Alors que les objectifs du soulèvement populaire du 22 Février se poursuivent, les réactions de la classe politique au discours à la nation du chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, le 3 Juillet 2019, renouvelant l’appel au dialogue pour établir les jalons du processus de concertation inclusive en vue de résoudre la crise, ont été mitigées. D’autant plus qu’il faut noter  la situation paradoxale que traverse le pays depuis le déclenchement  du soulèvement populaire : depuis le 22 Février, le régime politique s’attachait  à l’ordre constitutionnel. Or, cet attachement créa la rupture avec l’ordre constitutionnel, le 11 Mars, faisant entrer le pays dans une phase ‘’post-constitutionnelle ‘’.

‘’Ce dialogue est urgent, parce que le pays doit recouvrer au plus vite sa normalité politique et institutionnelle, qui le mettrait en position de faire face aux incertitudes économiques et sociales et aux menaces qui pèsent sur notre sécurité nationale du fait d’un environnement extérieur particulièrement complexe’’ a déclaré le chef de l’Etat ,lors de son discours le 3 Juillet.

En effet, la présence de  groupes terroristes dans la région sahélo-saharienne pose un défi majeur au  Comité d’Etat-major opérationnel conjoint (CEMOC). Le CEMOC est une structure militaire créée en 2010 et  qui regroupe l’Algérie le Mali, le Niger et la Mauritanie. La lutte contre le terrorisme est la principale mission de ce comité.

D’où  cette situation diplomatique paradoxale : d’une part,  le Comité de suivi de la mise en œuvre de l’accord pour la paix  et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger de 2015, est présidé par l’Algérie et,  d’autre part, l’absence d’une rénovation institutionnelle entrave le fonctionnement régulier de l’Etat algérien. Préoccupée par la situation au Mali, où la mise en application de plusieurs  composantes de l’accord d’Alger traîne en longueur, l’ONU a crée un panel d’experts chargé de présenter un rapport sur l’état de l’avancement de l’accord.

En l’espace d’une année, trois rapports  du groupe d’experts sur le Mali créés en application  de deux résolutions (2374) et (2432) du conseil de sécurité de l’ONU ont été élaborés. Le premier  rapport onusien en date du 9 Août 2018  mentionne que ‘’Le Comité d’Etat-major Opérationnel Conjoint (CEMOC) n’a néanmoins mené aucune opération depuis l’adoption de la résolution 2374 (2017)’’.Ce même rapport souligne que  le Groupe d’experts a demandé néanmoins à s’entretenir avec les autorités compétentes à Alger pour recueillir davantage de détails sur les saisies et, peut-être, établir un lien entre ces armes et les groupes armés opérant au Mali ou repérer un éventuel réseau de trafiquants. Néanmoins, les visites proposées n’ont pas pu être organisées.’’

Le dernier rapport est daté du 7 Août 2019 .Parmi les recommandations formulées dans ce rapport figure celle-ci :prendre langue avec ‘’ Le Gouvernement algérien pour organiser une visite officielle du Groupe d’experts dans le pays avant la fin de son mandat actuel et souligne combien il importe de voir l’Algérie donner suite aux lettres du Groupe d’experts de demande de compléments d’informations concernant des personnes se trouvant en territoire algérien ou de nationalité algérienne qui menacent la mise en œuvre de l’Accord ou sont parties à la criminalité organisée.’ 

Alors qu’une succession de soulèvements et de révolutions  traverse le monde arabe depuis le début de l’année 2011, le pari reste important pour le régime politique algérien  dans sa quête de vouloir se reconstituer. Parmi les indices liés à la régénération du régime politique algérien : la remise des lettres de créances du chef de la mission diplomatique iranienne au chef de l’Etat, le 14 Août .Par ce geste, le régime algérien maintient un comportement qui obéit à un opportunisme politique, destiné à saper les activités de l’opposition au régime d’Al-Assad. Face à la mainmise militaire de l’Iran sur la Syrie, seule  la rupture des relations diplomatiques avec le régime  iranien et le régime syrien amorcera une étape qualitativement nouvelle, dans la transition diplomatique.

Dans le même sillage, la thèse d’une contre-révolution menée par les  régimes dictatoriaux au Moyen-Orient (le régime  iranien notamment),  par crainte d’une propagatation et de déstabilisation de leurs régimes, n’est pas à exclure. Néanmoins il faut noter que l’espérance produite par la disparition en 2011 de la dictature de Benali, pour une démocratie tunisienne  stable, n’a pas favorisé l’affirmation  des mêmes revendications pour le peuple algérien. 

En effet, la hausse des prix des denrées alimentaires et la fermeture du champ politique  ont été des éléments déclencheurs des émeutes et des mouvements sociaux entre 2010 et 2011, en Algérie, mais sans pouvoir renverser le régime politique. La levée de l’état d’urgence en février 2011 fut la seule  réponse majeure à la vague de protestations massives. D’où les questions suivantes : Pourquoi les protestations  qui  ont éclatées en 2011 en Algérie durant le printemps arabe, ont été avortées ?   L’opposition populaire au 5ième mandat du chef de l’Etat est-elle la conséquence de  la dégradation économique du pays ? 

Benteboula Mohamed-Salah. Géographe

Auteur du livre ‘’La diplomatie algérienne à deux têtes ‘’ Editions Amazon

beyusek@hotmail.fr

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