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Réserves de change: La descente aux enfers

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A la fin du mois d’avril 2019 l’Algérie ne disposait plus que de 72,6 milliards de dollars de réserves de change et d’environ 12 milliards de dollars de lingots d’or. Pas de quoi être rassuré sur le proche avenir, notamment, quand on sait que les réserves de change sont alimentées quasi exclusivement par les ventes d’hydrocarbures qui ne font plus recettes et que nos stocks d’or stagnent, pour de troubles raisons à 173,6 tonnes (environ 10 milliards de dollars), depuis 2009.

Si on ne dispose d’aucune information fiable sur le rôle économique assigné aux réserves d’or dont le poids n’a pas bougé depuis dix années alors que la mine d’Abalessa est entrée en production il y a au minimum six années, il y a par contre, de l’inquiétude à se faire sur la fonte massive de nos réserves de change qui ont déclinées d’environ 120 milliards de dollars en l’espace d’à peine cinq années. L’érosion qui se fait au rythme de 25 milliards de dollars par an est alarmante, d’autant plus que rien ne semble pouvoir l’arrêter, puisqu’elle avait continué à perdre, en ce début d’année 2019, pas moins de 7,3 milliards de dollars en seulement quatre mois. Les 200 milliards de dollars que l’Algérie avait placés dans un compte du Trésor américain comme gage de solidité de son économie et comme source de cumul d’intérêts, ont fondu comme neige au soleil et rien ne peut aujourd’hui stopper cette descente aux enfers qui succède à l’épuisement total du Fond de Régulation des Recettes en 2015.

Les cours du pétrole étant plombés à des prix qui n’ont aucune chance d’excéder 70 dollars le baril sur le moyen terme, au lieu des 110 dollars nécessaires pour faire fonctionner la machine économique algérienne et dégager des excédents à affecter aux réserves de change, la voie est largement ouverte au déclin de cette épargne, au moyen de laquelle l’Algérie garantissait sa solvabilité financière internationale et confortait ses principaux indicateurs macro-économiques. Ce matelas de devises qui fondra totalement d’ici la fin de l’année si le rythme actuel des importations venait à se maintenir et que les cours du pétrole n’opèrent pas une remontée spectaculaire, mettra évidemment, l’économie algérienne en état de grave détresse qui contraindra très probablement le gouvernement algérien, quelle que soit son obédience, à solliciter pour la seconde fois, après celle de 1994, l’aide du Fond Monétaire International. Pour de nombreux économistes, le concours prochain du FMI sera effectivement une « fatalité structurelle » que l’Algérie devra inévitablement subir dès le début de l’année 2020, avec toutefois l’espoir qu’un nouveau système de gouvernance légitime et compétant, se constitue d’ici là. A défaut, ça serait une véritable catastrophe pour le pays qui sera exposé aux affres de la récession économique, avec son lot, de chômage, de pénuries, d’inflation et de dévaluation monétaire. Les autorités politiques le savent pertinemment et, ce serait vraiment criminel de leur part, qu’ils enfoncent, en connaissance de cause, leur pays dans une crise économique sans pareil, uniquement pour sauver ce système dont ils émanent. Aussi devraient-ils rapidement prendre attache avec les animateurs de la révolution du 22 février 2019 pour solutionner de la meilleure façon possible, les problèmes politiques qui minent le pays et, tout particulièrement, l’économie.

Si, et seulement si, l’Algérie parvient à se doter d’un chef d’Etat légitime, issu d’un scrutin honnête et transparent, toute une panoplie de solutions à la crise serait alors envisageables, à commencer par le lancement d’un gigantesque emprunt obligataire, auquel pourraient souscrire tous les algériens disposant d’un minimum d’épargne, les hommes d’affaires, l’émigration, les banques et toutes les institutions disposant de capitaux oisifs. Un gros pactole pourrait ainsi être amassé pour être affecté uniquement aux secteurs les plus rentables de l’économie. Un gouvernement légitime serait également de nature à redonner confiance aux investisseurs algériens et étrangers et, notamment, aux 4500 millionnaires algériens en devises recensés par WWF, qui accepteraient de mettre une partie de leurs fortunes dans des projets d’investissement dont le pays a tant besoin. A défaut d’une refonte totale du mode de gouvernance rentier et bureaucratique actuel, il ne faudrait par contre pas s’étonner que notre balance des paiements continue à décliner, que nos réserves de change fondent chaque jour un peu plus, que notre industrie se désertifient au profit des importations et du commerce informel, mais aussi et surtout, que les investisseurs fuient le pays.

C’est dire l’importance du bon déroulement du prochain scrutin présidentiel, duquel devrait être issu le prochain chef de l’Etat légitiment élu par le peuple algérien, à l’effet de bouleverser complètement le mode gouvernance d’économie algérienne, aujourd’hui pris en otage par un régime politique qui navigue à contre courant de l’histoire et des intérêts de la nation. C’est en grande partie l’objectif de cette nouvelle république que le peuple algérien ne désespère pas de construire, au moyen de cette révolution qu’il a engagée avec courage et détermination, un certain 22 février 2019.

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