AccueilContributionsDégradation de l’économie: Le hirak, cible d’une campagne de délation

Dégradation de l’économie: Le hirak, cible d’une campagne de délation

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Une offensive de communication consistant à déstabiliser le soulèvement populaire du 22 février 2019 par tous les moyens possibles, est en préparation et, dans certains cas,  déjà commencé à être mise en application. C’est présentement le cas de la crise économique que l’on veut imputer, contre toute logique, au Hirak que l’on somme d’arrêter ses actions pour, dit-on, préserver l’intérêt national.  Sur les plateaux de TV et sur les réseaux sociaux des économistes à la solde ont déjà commencé à interpeller, directement ou de façon pernicieuse, les algériens à arrêter de manifester au risque de couler l’économie algérienne.

La réalité est pourtant bien évidente. Elle prouve on ne peut plus clairement que l’insurrection populaire, qui n’a que quatre mois d’existence, n’a d’aucune manière perturbé le fonctionnement de l’économie, dont les indicateurs principaux avaient, chiffres à l’appui, commencés à se dégrader au minimum trois années plus tôt. Une dégradation perceptible à travers, notamment, le déclin des recettes d’hydrocarbures, des réserves de change, la dérive du dinar, la reprise de l’inflation et la baisse de la croissance. Le Hirak à qui l’on veut coller l’éminence d’une crise économique pour disculper ses véritables auteurs, n’a donc rien à voir avec les difficultés présentes, qui ne sont que l’héritage d’une mauvaise gouvernance, à laquelle ce mouvement populaire n’est mêlé ni de près, ni de loin. Cette révolution pacifique qui n’occupe la rue que les jours fériés n’a donc pas à culpabiliser. Elle n’a jamais rien détruit, jamais perturbé le travail dans les usines, le commerce, le transport et les institutions. Il est donc faux d’affirmer, comme l’a fait la ministre de l’industrie, que le Hirak a occasionné à notre économie de grosses pertes de production qu’elle chiffre à un milliard de dollars, uniquement dans le secteur public économique.

C’est en effet Mme Djamila Tamazirt, ministre de l’Industrie et des Mines qui fut la première à ouvrir le bal des calomnies en balançant ce chiffre tout à fait fantaisiste de un milliards de dollars de pertes occasionnées par des grèves. Un chiffre impossible à admettre lorsqu’on sait que la production globale de toutes les entreprises publiques et privées réunies, ne dépasse guère 7 milliards de dollars. Selon cette ministre quelques journées de grève induites par le Hirak auraient détruit un septième (1/7) de la production industrielle nationale. C’est évidemment une information indigeste à connotation politique, communiquée uniquement pour discréditer le mouvement populaire qui déstabilise depuis bientôt quatre mois le pouvoir politique. C’est une information tronquée qui n’a évidemment trouvée preneurs qu’auprès de ceux que le Hirak dérange., l’écrasante majorité des algériens sait en effet que le coût à payer des insurrections populaires ne peuvent provenir que des dégâts matériels, de l’absentéisme, de la chute de la productivité, des perturbations dans les réseaux de transport et de communication qui réduisent la mobilité des marchandises et de personnes et enfin l’apparition de pratiques comme le stockage de denrées, le retrait de l’épargne dans le système bancaire et le transfert de fonds vers l’étranger, qu’on très observés durant ces quatre mois de manifestations. Les seules perturbations du transport et des moyens de communication ont été provoquées par le gouvernement. Il s’agit, on l’a compris des arrêts du métro, du tramway et des bus en provenance de régions externes à Alger, ainsi que des fréquentes coupures du réseau internet sur ordre de l’autorité politique.

Même si cela ne peut être aujourd’hui chiffré, car le Hirak est encore trop récent, on peut, il est vrai, émettre des hypothèses quant à un probable déclin des investissements, qui comme chacun le sait, sont très sensibles à la stabilité et à la visibilité économique. Il est effectivement fort probable que la mise en œuvre de certains projets d’investissement soient relégués à des dates ultérieures, ce qui peut se comprendre, mais qui ne justifie en aucun cas, l’incrimination du Hirak qui n’a fait que traduire une volonté légitime de changement dans la  gouvernance du pays, la gestion de l’économie y compris. On sait par exemple que l’instabilité juridique, le favoritisme, la corruption et les fuites de capitaux ont causé de gros ravages sur l’investissement et si le Hirak parvenait à y mettre fin par son action, ce serait le plus grand service qu’on puisse rendre à l’économie en général et à l‘investissement, en particulier. A quoi serviraient en effet des investissements accordés aux seuls proches des clans du pouvoir, dont une part non négligeable des crédits finit dans les banques étrangères par le truchement des surfacturations. On avait à un moment redouté le départ des investisseurs étrangers, mais rien de tel ne s’est produit, du fait que leurs investissements sont scellés par des contrats qui prévoient certaines clauses qui leur garantissent une certaine sécurité, sur laquelle veillent du reste leurs ambassades.

Mais plutôt que de chercher dans le Hirak un bouc émissaire à qui endosser les conséquences d’une mauvaise gouvernance qui a sévi depuis deux décennies, ne serait-il pas plus judicieux de procéder le plus rapidement possible à l’installation des instances de transition, tel que réclamé par le peuple. Un gouvernement de transition confié à des personnes compétentes et adoubées par le peuple, serait de l’avis de tous, le meilleur moyen de stopper le déclin d’une économie en perdition.

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