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Le succès de l’initiative chinoise des « nouvelles routes de la soie » dépendra de la mise en place de réformes profondes

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L’initiative des « nouvelles routes de la soie » pourrait accélérer le développement économique et réduire la pauvreté dans un grand nombre de pays en développement, à condition cependant qu’elle s’accompagne de réformes profondes à même de renforcer la transparence, améliorer la soutenabilité de la dette et atténuer les risques environnementaux, sociaux et de corruption. Telle est le principal constat d’une nouvelle étude du Groupe de la Banque mondiale consacrée aux corridors de transport que cherche à développer la Chine dans le cadre de sa Belt and Road Initiative (BRI).

Cette étude, intitulée Belt and Road Economics, a été réalisée sous la forme d’une analyse indépendante et empirique afin d’aider les dirigeants des pays en développement à peser les avantages et les risques que présente leur participation à ces projets. Elle évalue le réseau des projets de transport envisagés dans quelque 70 pays situés le long des axes terrestres et maritimes reliant l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Et propose une série de recommandations qui permettront aux pays en développement concernés de tirer pleinement parti des avantages potentiels de ces projets, tout en en limitant les risques multiples.

« Pour réaliser les ambitions des nouvelles routes de la soie, les pays participants devront entreprendre des réformes tout aussi ambitieuses, souligne Ceyla Pazarbasioglu, vice-présidente de la Banque mondiale pour les pôles Croissance équitable, finance et institutions. Il sera particulièrement important d’améliorer la communication et la transparence des données, notamment en ce qui concerne la dette et la commande publique, et de se conformer aux normes sociales et environnementales les plus exigeantes. »

En supposant que l’initiative soit intégralement réalisée, elle pourrait faire reculer la pauvreté modérée (soit un seuil de 3,20 dollars par jour) au profit de 32 millions de personnes. L’étude estime également que les échanges commerciaux pourraient augmenter de 6,2 % à l’échelle mondiale, et de 9,7 % pour les économies traversées par les corridors de transport. Enfin, globalement, la hausse du revenu mondial pourrait atteindre jusqu’à 2,9 %. En outre, dans celles à faible revenu plus particulièrement, les investissements directs étrangers pourraient grimper de 7,6 %. Cependant, pour certains pays, le coût des infrastructures liées à l’initiative risque de l’emporter sur les gains potentiels.

L’ampleur de ces gains dépendra notamment de l’adoption d’un certain nombre de réformes complémentaires, indique l’étude réalisée par une équipe d’économistes du Groupe de la Banque mondiale sous la direction de Michele Ruta. Le revenu réel des pays traversés par les nouvelles routes de la soie pourrait notamment être de deux à quatre fois plus élevé si les projets s’accompagnent de mesures de facilitation du commerce et de réduction des restrictions aux échanges. Le renforcement de politiques de l’emploi favorisant la mobilité de la main-d’œuvre et les ajustements pourra en outre contribuer à un partage plus équitable des gains.

Pour autant, l’initiative comporte des risques qui sont aggravés par le manque de transparence et les éventuelles défaillances institutionnelles dans les pays participants. Alors que beaucoup de projets concernent plusieurs économies, il sera indispensable d’assurer une coordination entre tous les pays traversés par un corridor. Par ailleurs, révèle l’étude, sur les 43 économies pour lesquelles des données détaillées sont disponibles, douze risquent d’être confrontées à moyen terme à une détérioration de la viabilité de leur dette. Les risques sont également importants sur le plan de l’environnement, avec des prévisions de hausse des émissions de carbone de 0,3 % à l’échelle mondiale, mais pouvant aller jusqu’à 7 % dans les pays actuellement peu émetteurs de CO2.  « La réussite des nouvelles routes de la soie dépendra de la mise en place de mesures qui s’articulent autour de trois grands domaines : la transparence, les failles spécifiques à chaque pays et la coopération multilatérale, indiqueCaroline Freund, directrice du pôle Macroéconomie, commerce et investissement à la Banque mondiale. Il est en effet nécessaire d’instaurer une plus grande transparence à tous les niveaux, de la planification des projets à la passation des marchés en passant par la budgétisation, mais aussi en ce qui concerne la notification de la dette. Les pays devront aussi collaborer pour parvenir à tirer pleinement parti de l’initiative. Enfin, un grand nombre d’entre eux devront renforcer leurs normes environnementales, déployer des filets de protection sociale et améliorer la mobilité de la main-d’œuvre. »

Source : WBANK

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