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Mbarek Malak Serrai, consultant en économie : « On est entrée dans un conflit de groupes d’intérêts »

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Dans cet entretien, le consultant M Serrai donne son avis sur plusieurs sujets qui font l’actualité de la contestation populaire : sur l’impact de cette crise sur l’économie du pays, sur le risque de transfert illicite de devise et la fuite des capitaux et le détournement de l’argent public, sur l’ouverture des enquêtes de corruption et enfin sur le nouveau gouvernement.

Algérie-Eco : Vous étiez absent pendant quelques temps pour des raisons de santé, mais vous revoilà pour nous éclairer sur ce qui se passe actuellement en Algérie, vous qui avez dénoncé à maintes reprises la corruption. D’abord que représente pour vous cette contestation populaire et quel impact sur l’économie du pays?   

M Serrai : Il y a une espèce d’agitation de la jeunesse et de nombreux responsables administratifs, le pays est en phase de gestation pour une meilleure option de gestion politique et économique. Il y a certains projets qui sont à l’arrêt en attendant les résultats de ce mouvement, pour des problèmes de budgets, ceci n’est pas pour autant un problème car il y a un intérêt signalé par les étrangers qui continuent de croire en Algérie, car le mouvement est pour l’instant soft et pacifique, l’attitude de la jeunesse est honorable et n’a pas dérangé les étrangers. Quant aux investisseurs étrangers qui sont à l’extérieur du pays, ils ont marqué pour l’instant un pas d’arrêt jusqu’au dénouement de la crise. Ils observent et attendent le dénouement de la crise pour relancer leurs projets en Algérie.

Certaines informations circulent sur des transferts illicites de devises et la fuite des capitaux et sur le détournement de l’argent public. Qu’en pensez-vous ?

Ce qu’il faut retenir c’est qu’il y a des annonces de fuite des moyens financiers soient par le marché parallèle, soit par la surfacturation ou les transferts illicites vers l’étranger. Il faut essayer d’arrêter cela. Il faudrait trouver les moyens juridiques raisonnables, et il ne faut pas incriminer tout le monde car même s’il y a des opérateurs malsains, il y a d’autres qui respectent les lois. Donc il y a deux catégories d’opérateurs économiques.

Justement que pensez-vous de l’ouverture, par le parquet d’Alger, d’enquêtes préliminaires de corruption touchant des hommes d’affaires ?  

Il y a d’abord l’effet d’annonce et la question qui se pose, est-ce que ces personnalités ont commis de graves affaires de corruption. Si on leur reproche de voler de l’argent, c’est à la justice de les arrêter, c’est à la justice d’enquêter sur eux. Moi la question qui me vient en tête, pourquoi on en parle pas des autres personnes, car les noms des hommes d’affaires qui circulent actuellement ne sont qu’une fine partie de ces gens connus pour la corruption. On est entrée dans un conflit de groupes d’intérêts ce qui pourrait poser de graves problèmes de sécurité. Ça ne suffit pas et ça donne une mauvaise image du pays.

Quel commentaire faite vous aussi sur le nouveau gouvernement ?

Le nouveau gouvernement ne peut pas convaincre car le premier ministre est rejeté par la population pour ce qu’il a fait lorsqu’il était à la tête du ministère de l’Intérieur. Bedoui est connu pour être derrière le trafic cde vote donc il n’est pas crédible. Pour le nouveau ministre des finances MLoukal, il est connu également lorsqu’il était directeur général de la BEA où il a servit de nombreux crédits qui n’ont pas été remboursés. Le nouveau ministre de l’intérieur aussi n’est pas crédible, puisqu’il est déjà de la maison, et il a participé au confectionnement des listes électorales et au trafic des résultats des votes. A ma connaissance sa famille n’est pas d’accord avec cette nomination et lui demande de se retirer.

Aussi le député Indépendant de la wilaya de Djelfa Fethi Khouil nommé comme ministre des relations avec le Parlement dans le nouveau Gouvernement n’a pas été consulté à ma connaissance avant sa désignation. Il n’a pas encore accepté le poste.

Pour le nouveau ministre de la justice, il n’est pas connu donc on ne sait pas s’il serait à la mesure de faire face à la conjoncture actuelle car le ministère de la justice doit être très fort et puissant c’est la période des accusations, et il faut nettoyer le corps de la justice, celui de la magistrature régionales, et il faut éviter les abus, car il y a risque de tomber dans le piège des règlements de compte. Je ne pense pas que cette nouvelle équipe pourrait sauver le pays.

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