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L’informel et la contrefaçon, gangrènent l’Économie

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Incapables de fabriquer des produits standardisés, les entreprises algériennes éprouvent des difficultés à écouler leurs produits sur le marché national. Les protections multiformes dont elles viennent de bénéficier (surtaxe d’un millier de produits importés, octrois de crédits à la consommation pour l’achat de produits locaux, campagnes publicitaires etc.) ne sont pas parvenues à faire bouger les lignes en faveur de la préférence nationale. Les algériens qui en ont les moyens préfèrent acheter des produits « made in la bas » plutôt que des « made in bladi » quitte à payer plus cher. Marchands et producteurs sont de ce fait tentés de profiter de la notoriété des produits étrangers les mieux vendus en Algérie dans notre pays en les important par des voies illégales ou en imitant leur fabrication. Tout le génie des entreprises qui s’inscrivent dans cette logique consiste alors à copier le plus fidèlement possible leurs designs poussant même l’audace jusqu’à accaparer les logos des firmes détentrices des brevets. Les marchandises sont alors écoulées à travers les innombrables marchés et  réseaux de distribution informels qui agissent avec une facilité déconcertante sur l’ensemble du territoire national. Le marché de la contrefaçon a pris une telle ampleur qu’il est aujourd’hui très difficile de faire la distinction entre un authentique produit de marque et son « clone » sorti d’une fabrique clandestine. L’imitation est aujourd’hui si parfaite que les consommateurs se retrouvent souvent à payer très cher des produits qui ne sont en réalité que articles mieux contrefaits que les autres du fait des progrès technologiques (PAO,CAO, Scanners etc.) enregistrés par l’industrie de la contrefaçon. Toute la différence entre un produit d’origine et un produit contrefait réside dans la qualité des matières premières utilisées, mais il faudrait pour s’en apercevoir avoir des outils d’analyse très sophistiqués dont peu de laboratoires de contrôle disposent.

Les producteurs de marques déposées sont, on l’a compris, les plus exposés à cette déferlante de produits contrefaits qui affecte notamment les vêtements et chaussures de sport, les cosmétiques, les consommables audio visuels, les parfums, les pièces de rechange et les appareils électroniques. Ils vivent très mal ce fléau qui se développe à l’échelle mondiale et qui perturbe leurs pronostics de vente et leurs objectifs en matière de marketing. La concurrence déloyale que leur livrent contrefacteurs et marchands clandestins soumet à rude épreuve leur inventivité et leur capacité à obtenir des rapports qualité-prix en mesure de garantir une bonne durée de vie commerciale à leurs produits. Il faut en effet savoir que la seule chose à laquelle s’attachent les contrefacteurs est le design, autrement dit l’apparence physique des produits à imiter. La qualité des compositions chimiques et organiques qui différencient un bon produit d’un autre, est leur dernier souci, d’autant plus que l’écrasante majorité des clients n’y est pas regardante. Seul le design compte pour eux et les contrefacteurs le savent pertinemment. La liberté que s’accordent les contrefacteurs peut alors gravement déteindre sur les qualités attendues du produit acheté à moindre coût (solidité, confort, sécurité etc.). Dans certains cas, les produits contrefaits constituent un véritable danger public, comme c’est le cas pour les pièces détachées automobiles, les cosmétiques, les médicaments et les articles électroménagers).
Mais que peut-on concrètement faire face à ce fléau contre lesquels toutes les nations du monde peinent à lutter ? En Algérie, la permissivité du contrôle, est telle qu’elle favorise l’invasion du pays par toutes sortes de produits contrefaits qu’on ne craint même pas d’exposer ouvertement dans les vitrines des magasins agréés et sur étals des marchés informels Les milliers de commerces clandestins qui activent à travers le pays, constituent une aubaine pour ces produits contrefaits qui s’y écoulent allégrement. L’une alimentant l’autre, la contrefaçon et le commerce informel se présentent donc comme un couple infernal qui peut nuire aussi bien à l’industrie qu’au commerce d’un pays. Et c’est vraiment le cas en Algérie où des milliers d’entreprises de production et distribution ont dû fermer ou changer d’activité sous l’effet de cette concurrence déloyale qu’ont exercé sur eux contrefacteurs et marchands informels.

Si lutte contre l’industrie de la contrefaçon il doit y avoir, elle devrait donc impérativement être menée de concert avec le commerce informel qui, à l’évidence, constitue le plus gros réceptacle des produits contrefaits. Tant que les zones commerciales de non-droit existeront il n’y a, on l’a compris, aucune chance que l’industrie et le commerce de la contrefaçon disparaissent. Bien au contraire, l’entrée en lice de contrefacteurs de mieux en mieux outillés pour la circonstance, seront de nature à doper encore davantage ces dysfonctionnements économiques. Des ateliers clandestins sont, du reste, déjà à l’œuvre pour fabriquer des chaussures de sports imitant celles de marques prestigieuses, comme nous avons pu le constater dans certains marchés d’Alger. La presse signale de son coté une prolifération de sur vêtements et de cosmétiques sur lesquels sont apposés de fausses griffes de grandes marques, à travers de nombreuses villes et villages du pays. C’est dire l’ampleur prise par ce fléau contre lequel aucune stratégie efficace de lutte n’a été pensée et mise en œuvre pour le conjurer.

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