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Le tourisme en Afrique : 7 millions d’emplois à créer en 10 ans

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Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), le nombre de visiteurs internationaux comptabilisés dans le monde, en 2017 était de 1,326 milliard de personnes. Ce nombre de visiteurs a généré un volume de recettes de 1340 milliards de dollars. Dans cette performance, l’Afrique n’a enregistré qu’un revenu marginal, bien qu’en croissance par rapport à 2016. Le continent n’a en effet capté que 37 milliards de dollars US, généré par les 63 millions de touristes internationaux qu’il a attiré. 

Une dizaine de pays parmi lesquels l’Afrique du Sud, les Seychelles, la Tunisie, l’île Maurice ou encore la Namibie ont attiré une grande partie de ces revenus grâce à leurs investissements stratégiques dans l’infrastructure de base. Ils ont en effet perçu avant les autres le potentiel socio-économique que renferme le secteur et y accordent une plus grande attention. Mais beaucoup reste à faire pour hisser le continent au rang de destination touristique de premier choix, comme l’Asie qui attire déjà 323 millions de visiteurs pour 390 milliards de dollars US générés en 2017. Soit 64 milliards de dollars et 112 millions de touristes en plus que l’Amérique. 
L’Europe demeure le continent le plus prisé avec 672 millions de visiteurs pour 519 milliards de dollars US capturés.

Les grands défis que devra surmonter le secteur touristique africain pour devenir un pilier de la croissance économique du continent sont administratifs, réglementaires et infrastructurels.

Les faiblesses : Bien que plusieurs pays soient dotés d’une stratégie de développement du tourisme, élaborée par les ministères concernés, les actions concrètes qui concourent à la consolidation du tourisme comme pilier de l’économie demeurent faibles. Les obstacles qui entravent encore la pleine expression du potentiel touristique de l’Afrique sont nombreux, mais 3 d’entre eux focalisent l’attention :

1) Pour se rendre dans de nombreux pays d’Afrique, les visiteurs doivent d’abord se débattre avec une procédure d’obtention de visa parfois fastidieuses. L’e-Visa n’est pas encore très répandu en Afrique. Le service qui facilite l’obtention des titres consulaires peut pourtant jouer un rôle décisif dans le choix de la destination de voyage. Un touriste voudra toujours se rendre dans les coins du monde auxquels il a facilement accès.

2) Au problème administratif, il faut ajouter la cherté des billets d’avion. En Afrique, très peu de pays disposent d’une compagnie de transport aérienne nationale à travers laquelle les touristes peuvent directement rejoindre leur destination. La dépendance aux compagnies privées étrangères soumet les touristes à des tarifs souvent prohibitifs. L’argent étant le nerf de la guerre, une destination plus chère ne retiendra pas toujours les visiteurs à budgets modestes, largement majoritaires.

3) Le manque d’infrastructures d’accueil adaptées représente aussi un défi que les pays africains doivent relever s’ils veulent véritablement voir leur secteur touristique décoller. Au-delà des hôtels, des infrastructures physiques de base tels que des aéroports bien développés, des ports et des réseaux routiers et de chemins de fer, l’accès à des infrastructures de soutien telles que l’assainissement, l’approvisionnement en eau potable et en électricité et les télécommunications sont nécessaires pour assurer le confort des touristes et assurer l’attrait touristique du pays.

Le modèle rwandais : Le Rwanda, par exemple, l’a compris. Le pays a investi dans la modernisation de ses infrastructures aéroportuaires et a obtenu des retombées positives avec une augmentation du nombre de visiteurs résultant de l’extension de RwandAir à plus de 20 destinations sur le continent. La CNUCED, dans son « Economic Development in Africa report 2017 : Tourism for Transformative and Inclusive Growth », estime que l’aéroport international de Kigali, classé troisième aéroport du continent, affiche aujourd’hui la croissance la plus rapide depuis que le gouvernement rwandais y a investi 50 millions de dollars. La modernisation de l’aéroport international de Kamembe achevée en 2015 et la construction de l’aéroport international de Bugesera en 2018, d’un montant total estimé à 800 millions de dollars financé par un partenariat public-privé, ont pour objectif de renforcer davantage la capacité aéronautique du Rwanda.  Au- delà des infrastructures de transport, des investissements importants dans les télécommunications et dans les TIC, ainsi que la présence croissante de chaînes hôtelières internationales, renforçant l’offre de chambres d’hôtel, sont venu renforcer la compétitivité du secteur. Le développement des TIC a créé une demande de produits touristiques complémentaires liés à la santé, ce qui a incité le Rwanda à devenir un centre régional d’excellence en matière de santé électronique, de génie biomédical, de vaccins et de logistique de vaccination. Les améliorations dans les transports et les infrastructures de soutien ont diversifié les services touristiques dans le pays. En 2017, le pays a accueilli plus d’un million de touristes qui ont généré un revenu de 438 millions de dollars, d’après l’OMT.

Un potentiel gigantesque : D’après Mukhisa Kituyi, le Secrétaire général de la CNUCED «Pour des millions d’Africains, le tourisme est une bouée de sauvetage – son potentiel pour la transformation et la croissance inclusive doit être exploitée ».

Dans son rapport « Travel & Tourism Economic Impact 2017, Sub Saharan Africa », le Conseil mondial des voyages et du tourisme estime que la contribution totale du tourisme au PIB du continent évaluée à 108,0 milliards USD (7,1% du PIB) en 2016, devrait augmenter à 178,5 milliards USD en 2027 (soit 7,3% du PIB). La contribution totale du secteur sur l’emploi, devrait passer d’un total de 15,7 millions d’emplois directs et indirects en 2016 à 22,3 millions d’emplois en 2027, intégrant les femmes et les jeunes. Plusieurs secteurs comme les transports, la restauration, les services et l’agriculture, sont concernés. Mais pour atteindre ces belles perspectives, les nations africaines, au-delà de la résolution de leurs défis réglementaire et infrastructurel, devront également se donner les moyens de tirer le meilleur des richesses naturelles dont elles disposent. Rien qu’en segmentant le secteur, de belles opportunités affaires se dessinent.

A travers l’écotourisme, sous-secteur dynamique du tourisme associé à la protection de l’environnement, l’Afrique a le potentiel pour contribuer au développement du tourisme durable. En raison de la riche diversité des paysages naturels, de la faune sauvage et des zones protégées sur le continent, les pays africains ont un avantage concurrentiel qui, correctement exploité, peut contribuer à faire d’eux « the place to be » au cours des dix prochaines années. En plus de l’attrait de la nature, le continent peut aussi surfer sur son historie et la culture de ses nombreux peuples. Le tourisme culturel pourrait influer sur les marchés comme celui de l’artisanat, des arts de la scène et la musique. Il pourrait enrichir les opportunités économiques pour les artisans locaux semi-qualifiés et non qualifiés du secteur informel.

Pour le tourisme médical, quelques pays comme l’Égypte, le Kenya, l’île Maurice, le Maroc, l’Afrique du Sud ou encore la Tunisie s’y sont déjà investis. La Tunisie est aujourd’hui un marché du tourisme médical robuste et un grand exportateur de services de santé. Au cours des dernières années, le nombre de touristes médicaux admis a considérablement augmenté, passant de 42 000 en 2003 à 150 000 en 2010, faisant de la Tunisie une destination de premier plan du tourisme médical sur le continent. Dans le même temps, la contribution du segment de marché a considérablement augmenté. Les exportations directes de services de santé, à l’exclusion des revenus générés par les cliniques privées et quelques établissements publics, sont passés de 22 millions de dollars en 2003 à 82 millions de dollars en 2010. Les soins de santé représentaient 6,2% du PIB en 2010. La compétitivité de la Tunisie en matière de soins de santé, chirurgie plastique, soins dentaires, etc., a été un moteur essentiel du développement de ce tourisme.

En 2009, le gouvernement avait même lancé une stratégie visant à transformer le pays en un centre médical régional. Dans le cadre de son Plan Tunisie 2020, le gouvernement a également donné la priorité au développement du tourisme de bien-être.

Le tourisme d’aventure, pour les férus d’exploration et de sensations fortes, est une niche encore peu exploitée sur le continent. Bien que certains pays comme l’Afrique du Sud, la Tanzanie ou encore la Zambie l’ont déjà adopté et proposent divers services comme la chasse aux grands gibiers, du trekking, du rafting, il reste encore beaucoup à exploiter. Le Tchad y est d’ailleurs très intéressé. Lors de sa première participation au salon professionnel de l’industrie du tourisme, qui s’est tenu du 25 au 28 septembre 2018 à Paris, Madeleine Alingué, la ministre du Développement touristique, de la Culture et de l’Artisanat, a déclaré que son pays s’est lancé dans « un travail initiatique, de reconnaissance et de localisation » du Tchad auprès du public. « Nous voulons changer l’image du Tchad, un travail a été fait dans la région pour plus de stabilité (…) Nous voulons nous ouvrir au tourisme d’aventure, donner de la visibilité à nos sites inscrits au patrimoine de l’Unesco. Parcs nationaux, faune et flore : nous avons tout un potentiel à valoriser », a-t-elle affirmé. Pour le tourisme d’affaires, la Côte d’Ivoire prend progressivement ses marques. Selon le « Hospitalty Report 2018», Abidjan est actuellement la troisième ville africaine la plus prisée par les hommes d’affaires, juste derrière le Nigeria et le Maroc. 

La capitale ivoirienne accueille de plus en plus d’événements d’envergure mondiale, mais aussi d’organisations internationales qui choisissent la ville comme siège. « Avec un flux touristique estimé à 3 475 263 en 2017 contre 3 083 246 l’année précédente, la Côte d’Ivoire a enregistré une augmentation de 12,7% du nombre de visiteurs dans le pays », a indiqué Cyrille Nomel, directeur Jumia Travel Côte d’Ivoire. 

Ecofin

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