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Rééquilibrer la balance commerciale, réguler les marchés, stabiliser les prix … les promesses sans lendemain de M. Djellab

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Nos responsables politiques nous ont habitués aux promesses sans lendemain.  A chaque mois de Ramadan la flambée des prix des produits de large consommation est au rendez-vous, et ce malgré les propos du ministre du commerce, M. Saïd Djellab, qui avait rassuré les Algériens sur la stabilité des prix et le contrôle des marché. « Nous allons garantir la disponibilité de tous les produits sur le marché à des prix raisonnables et combattre la spéculation à l’approche du mois de Ramadhan », s’est-il engagé.

Face aux pressions exercées par l’opinion publique, le ministre avait occupé le terrain médiatique et multiplié les sorties pour rassurer les Algériens. Toutefois, le ministre s’était trop avancé, en faisant cette promesse qui, à l’évidence, n’a pas été tenue, puisque les prix des fruits, légumes et viandes avaient enregistré une hausse vertigineuse et inexpliquée durant le mois sacré. Les assurances du ministre du commerce se sont avérées caduques.

En dépit des hausses des prix constatées pendant cette période, le ministre du commerce soutenait mordicus que les prix allaient se stabiliser, voir même amorcer une baisse. Rien de cela ne s’était produit. Pour le ministre le coupable est vite trouvé, c’est  l’anarchie qui règne sur le marché national et la spéculation.

« Le marché national des fruits et légumes n’est pas organisé. C’est un marché qui manque de transparence et d’organisation », avait-il expliqué. Aveu d’échec ou mea-culpa de la part du ministre, il en demeure pas moins que ses promesses sont restées lettre morte. Force est d’admettre qu’il a prêché dans le désert, puisque son département ministériel n’a jamais réussi à endiguer la frénésie des prix.

Même le ministre de l’Agriculture, du développement rural et de la pêche, M. Abdelkader Bouazgui, s’y était mis, en rassurant, lui aussi, les Algériens sur la disponibilité des produits durant le Ramadhan, dont essentiellement le lait en sachet, les viandes et les légumes. Voilà à quoi est réduit le citoyen, à un simple et vulgaire consommateur. Consomme et tais-toi !

Deux poids, deux mesures. Après les sorties médiatiques et les déclarations à tout-va de M. Djellab, qui ont accompagné le mois de ramadan, le ministre reste silencieux à l’approche des fêtes de l’Aïd, où les prix des produits alimentaires sont repartis à la hausse, ainsi que les prix du bétail qui frise l’insolence, voir l’indécence.  Est-ce l’effet des vacances ou de la canicule qui a consigné le ministre au silence ? Quoi qu’il en soit, promesse tenue ou non, nos responsables n’ont pas à rougir. Et probablement l’Aïd se prête moins au populisme.

Limitation des importations : le grand cafouillage

Autre domaine dans lequel s’est illustré le ministre du commerce par des décisions sans lendemain, c’est le casse-tête chinois de limitation des importations, puis de leur suspension pure et simple, avant d’établir une liste de 851 produits interdits à l’importation. Dans ce dossier, les services du ministère ont fait preuve d’une totale improvisation.

En effet, dans un contexte de crise économique marqué par une baisse brutale des cours du pétrole et une baisse drastique des réserves de changes, le gouvernement a cherché par tous les moyens à réduire la dépendance du pays aux importations et d’équilibrer la balance commerciale.

A cette fin, il a pris des mesures draconiennes en termes de commerce extérieur, en décidant de mettre en place un régime de licences d’importations. Ce dernier a touché, dans un premier temps, les véhicules de tourisme, le ciment et les produits électroménagers, puis il s’est répandu à d’autres produits, comme les cosmétiques.

Ces décisions n’ont pas manqué d’irriter la Commission européenne qui a fait savoir, par la voie de sa commissaire au Commerce, Mme. Cécilia Malmström, son mécontentement à l’égard de ces mesures, en les qualifiant de non conformes à l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE signé en avril 2002 et entré en vigueur le 1er septembre 2005. Mme. Malmström a menacé de recourir aux clauses de règlement des différends

La haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme. Federica Mogherini, avait indiqué à Bruxelles, en mai denier, à l’issue du 11ème Conseil d’association Algérie-UE, «je souhaite également réaffirmer notre volonté à ce que les mesures de régulation des échanges commerciaux soient prises dans le respect de l’accord d’association ».

Une délégation de l’Union européenne, à sa tête le directeur général du commerce à la Commission européenne, M. Ignacio Garcia Bercero, a été dépêchée en mai dernier à Alger pour discuter des différends nés des mesures de restriction.

En réponse aux pressions des chancelleries européennes, le ministre du Commerce, avait affirmé en avril dernier, en marge d’une rencontre sur les exportations hors-hydrocarbures, que les principaux objectifs de la suspension provisoire d’importations de 851 produits sont le « rééquilibrage de la balance commerciale » et « l’octroi d’une marge de manœuvre aux opérateurs économiques pour augmenter leurs capacités de production et encourager l’investissement dans certaines filières ».

A noter que le ministre du commerce avait défendu une nouvelle politique commerciale de l’Algérie, en installant un groupe de travail chargé d’œuvrer à la réalisation du développement durable des exportations agricoles et en créant un club des exportateurs pour la filière des fruits et légumes.

Malgré l’activisme du ministre, les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous. L’Algérie accuse toujours un déficit commercial abyssal, et ce en dépit d’une baisse de près de 48%, au premier semestre 2018, où le déficit commercial s’est établi à 2,95 milliards de dollars, contre un déficit de 5,65 milliards de dollars durant la même période de 2017. Force est de constater que cette baisse est due à la hausse des prix de pétrole, résultant de l’accord de l’OPEP et non OPEP, ainsi que des tensions géopolitiques.

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