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Pétrole : Mourad Preure, expert international en énergie, « le marché tend à s’équilibrer »

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L’OPEP et, ses 10 alliés menés par la Russie représentent 40% de la production mondiale. Le marché tend à s’équilibrer, puisque les stocks ont quasiment diminué, notamment aux Etats-Unis, a indiqué ce lundi l’expert international en énergie, M. Mourad Preure, lors de son passage à la radio algérienne.

« La décision de l’OPEP d’augmenter la production ne marque pas une rupture », estime l’expert en énergie, puisque « le cartel s’est  toujours trouvé face un dilemme de défense des prix ou des parts de marché ». Ces deux principes sont antinomiques, dès lors que la défense des prix se fait au détriment des parts de marché et vice versa. M. pense que l’OPEP n’a pas renoncé à la défense des prix.

Evoquant la demande mondiale de pétrole, M. Preure a indiqué qu’ « en 2017, la demande a été de 98 millions de barils par jour et elle augmentera de 1,3 million de barils par jour en 2018. On s’attend à une demande de 100,6 millions de barils par jour en 2019 », ajourant « les prix du pétrole sont pris dans une tendance haussière de longterme qui prend en compte l’anticipation d’épuisement et des facteurs à court terme, comme une crise économique ».

Par ailleurs, la décision d’augmenter la production pétrolière de 700.000 à 1 million de barils par jour a été prise par l’OPEP et ses alliés vendredi dernier, « sans préciser les quotas alloués à chaque pays », a-t-il souligné.

L’accord sur la baisse de 1,8 million de barils par jour, dont 1,2 million pour l’OPEP, a été observé de façon obséquieuse par l’alliance.

L’influence du pétrole de schiste américain sur les prix

Evoquant le pétrole de schiste américain, M. Preure a rappelé qu’«on pensé que le pétrole de schiste américain allait être plus flexible », expliquant que « quand les prix augmentent, la production réagit et neutralise les efforts de l’OPEP pour défendre les prix », ajoutant « mais le pétrole de schiste s’est monté moins flexible qu’on s’y attendait ».

M. Preure a minimisé l’influence des producteurs de schiste sur le marché pétrolier. « Il faut ramener les Etats-Unis à leur juste mesure. Il y a 48 milliards de barils de réserve sur 1.700 milliards de barils de réserve dans le monde, soit 2,8% des réserves mondiales», a-t-il expliqué.

A ce propos, l’intervenant a précisé qu’ « en 2014, les Etats-Unis disposaient de 1.500 puits en acticité. En 2015,  l’année où la crise pétrolière avait atteint son paroxysme, les Etats-Unis disposaient de 500 puits et aujourd’hui, le pays dispose de 850 puits en activité ».

L’alliance entre l’Arabie Saoudite et la Russie est un nouveau paradigme qui est en train de structurer le marché pétrolier, puisque les pays de cette alliance, qualifiée d’oligopole,  représentent « 50% de l’offre mondiale », a-t-il souligné.

M. Preure s’est interrogé sur la capacité des producteurs américains de schiste à inonder le marché pour faire baisser les prix, et ce malgré une baisse des coûts de production de 35% ces dernières années. L’intervenant estime que « cela n’est pas possible, parce que le marché est tendu ».

L’expert en énergie estime que « l’Arabie saoudite a des besoins de financement et le pays est engagé dans une transition  politique. Le programme 2030 proposé par le prince Mohamed Ben Salman va coûter de l’argent et l’ouverture du capital d’Aramco, valorisée par l’Arabie Saoudite à 2.000 milliards de dollars, est problématique », expliquant que la valeur d’une entreprise pétrolière est intrinsèquement liée à la valeur de ses réserves. De ce fait, les Saoudiens n’ont pas intérêt à ce que les prix du pétrole baissent.

Interrogé sur la possibilité de maintenir les prix entre 65 et 70 dollars le baril, M. Preure a rappelé que « les prix étaient orientés à la hausse sur le long terme et les tendance de moyen et long terme convergent ».

L’industrie pétrolière en souffrance

M. Preure estime que « l’industrie pétrolière est en souffrance » expliquant qu’ « on risque d’aller vers un choc pétrolier au-delà de 2020. Chaque année, il faut découvrir 3 millions de barils par jour, l’équivalent de la mer du Nord », ajoutant « la demande va augmenter de 1,4 millions de barils par jour durant les dix prochaines années ».

Pour M. Preure, les tendances à court terme, comme les crises économiques et l’arrivée du schiste américain, ont eu un effet minime sur les prix. Il est revenu sur les nouveaux paradigmes du secteur qui risquent de changer la donne, tels que la demande des pays émergents va représenter 80% de la croissance de la demande durant les 30 prochaines années. L’alliance entre l’Arabie Saoudite et la Russie, l’apparition d’autres monnaies, outre que le dollar, telles que le yuan chinois et le rouble.

En effet, la Chine représente 13% de la consommation mondiale pour seulement 4,3 % de la production mondiale, précise M. Preure.

Concernant le secteur des hydrocarbures an Algérie, M. Preure a souligné que « le problème réside dans la demande interne, puisqu’on consomme trop par rapport à la création de richesse. On consomme deux fois plus d’énergie que les pays de l’OCDE ».

Transition énergétique en Algérie

M. Preure a rappelé que « nous sommes essentiellement portés sur les hydrocarbures », ce qui démontre la part insignifiante des énergies renouvelables dans notre consommation énergétique. Il a également rappelé que « nous avons un ensoleillement sur 86% du territoire  national, soit 3.500 heures par an, alors que la France qui dispose seulement de 1.400 heures d’ensoleillement par an, a lancé un projet de 30 milliards d’euros pour produire 35 mégawatts d’électricité issus des renouvelables ».

A ce sujet, l’intervenant a indiqué que « l’Algérie risque de passer à côté de la transition énergétique, nous avons besoin de faire reposer notre modèle énergétique sur les renouvelables et demain sur le nucléaire ».  

Interrogé sur la révision de la loi sur les hydrocarbures, M. Preure a rappelé que « entre 1986 et 2006, l’Algérie a connu une stabilité sur le plan juridique et en l’espace seulement d’une année, la loi a été changée deux fois ». A ce propos, il recommande le retour au contrat basé sur le principe du partage de production.

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