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Abdelhak Lamiri, expert en économie : « Nous avons très mal négocié l’accord d’association avec l’UE »

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Dans cet entretien, l’expert en économie, MLamiri réagit aux dernières critiques de l’UE à l’égard des décisions prises par l’Algérie concernant le commerce extérieur. Selon lui, dans l’accord avec l’UE, l’Algérie n’a pas exigé en retour des résultats en matière de mise à niveau de ses entreprises, ce qui fait que l’on s’ouvre avec des faiblesses manifestes en termes de compétitivité et l’UE s’en tient à l’accord.

Algérie-Eco : Les relations entre l’Algérie et l’UE sont tendues. Les critiques de l’UE se font plus négatives quand la Commission aborde la question de la limitation des importations : quotas d’importations pour les véhicules, le ciment et suspension d’importation de près de 900 produits à partir de 2018. Quel commentaire faites-vous?

MLamiri : Le dossier Algérie UE est extrêmement compliqué. Nous avons très mal négocié un traité qui permettait à l’UE de protéger partiellement son agriculture alors qu’on devrait ouvrir progressivement la plupart des secteurs économiques. On ne peut protéger notre économie qu’avec leur accord après concertation. Nous n’avons pas exigé en retour des résultats en matière de mise à niveau de nos entreprises, ce qui fait que l’on s’ouvre avec des faiblesses manifestes en termes de compétitivité. L’UE s’en tient à l’accord. L’Algérie devrait donc donner des dates pour la levée de ces restrictions. Il y a des pays comme l’Italie et l’Espagne qui sont fortement lésés parce qu’ils importent l’essentiel de nos exportations d’énergie. Il y a des manières plus intelligentes de se protéger mais la gestion économique de notre pays manque de vision et d’audace. L’UE s’en tient aux accords. Il faut négocier pour trouver un terrain d’entente.

Selon l’UE, ces mesures sont contraires aux clauses de l’Accord d’association qui régit, entre autres, les relations commerciales entre l’UE et l’Algérie. Qu’en pensez-vous?

Les accords permettent pendant des périodes difficiles le recours à un certain protectionnisme mais il aurait fallu des concertations préliminaires. L’accord a été négocié par des non professionnels de l’économie et des négociations. Nous nous trouvons dans une mauvaise situation. il faut négocier pour trouver un terrain d’entente.

Les organisations patronales, l’UGTA et d’autres spécialistes dénoncent cette attitude de la part de l’UE. Est-ce que c’est justifié?

Les syndicats et les patrons dénoncent une certaine approche à partir d’une vision nationaliste de l’économie. Il fallait matérialiser ce nationalisme dans les accords. Or, les accords ont été très mal négociés et ne permettent pas à l’Algérie de disposer pleinement de sa souveraineté nationale. c’est justifié de notre point de vue: nous avons de grandes difficultés. Mais les européens s’en tiennent à l’accord signé. Encore une fois de plus nous avons d’autres options plus innovantes et qui règlent beaucoup de problèmes en même temps.

Est-ce que vous pensez que l’appui de l’UE aux Réformes de l’Algérie est menacé?

L’appui de l’UE aux réformes n’a rien donné et ne donnera rien. C’est à nous d’en concevoir et d’exécuter de bonnes réformes. pour ce qui est de la balance des paiements la seule solution à long terme c’est de laisser le dinars se dévaluer, autoriser les bureaux de change et les banques à en acheter et vendre librement les devises (absorber le marché informel), contribuer partiellement à son alimentation en devises (par exemple, la moitié des recettes des hydrocarbures) et subventionner en interne les produits de première nécessité. Nous irons vers un équilibre de la balance des paiements sans interdire quoi que ce soit.

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