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Le vieux T’kout à Batna, une destination touristique à découvrir

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Le vieux T’kout (90 km au sud-est de Batna), sacrée en juillet dernier meilleure dechra de la wilaya des Aurès, possède suffisamment d’atouts pour s’imposer en tant que destination touristique par excellence et un lieu à découvrir et, surtout, à admirer.

L’endroit qui allie splendeur de la nature, beauté de l’architecture locale et histoire ancienne, n’a pas été suffisamment valorisé, estime Dr Farid Abdeslam, un intellectuel amoureux de la région, bien que cette dechra antique ait fasciné des voyageurs et des chercheurs occidentaux tombés sous son charme.

Des visiteurs qui ont su, pour certains, rendre cette atmosphère si particulière qui « enveloppe » tous ceux qui découvrent le vieux T’kout et ses environs. Une atmosphère où la brise des montagnes se mêle à la chaleur du désert et à la majesté des forteresses solidement agrippées au sol.

Un décor somptueux que de nombreux auteurs occidentaux n’ont pas manqué d’exalter. Du français Ernest Fallot 1855-1929), qui l’évoque dans son livre « Par-delà la Méditerranée » au britannique Melville William Hilton-Simpson (1881-1938) qui décrit sur l’Oxford Academic Journals le système d’irrigation à partir du bassin dit « madjen » qui reçoit l’eau directement des « kasrias » (dispositif de distribution vers les seguias remontant à la période romaine), en passant par le français Claude-Maurice Robert (1895-1963) qui décrit le même procédé dans son ouvrage « Le long des oueds de l’Aurès ».

L’une des caractéristiques les plus importantes de la dechra du vieux T’kout est sans conteste l’ancienne mosquée, construite à la fin du XVIème siècle, et dont on attribue la construction à Sidi Abdeslam Ben Ahmed Al-Moualla, selon Dr Farid Abdeslam qui indique que ce dernier est le descendant d’un Cheikh qui s’installa à T’kout, mis en valeur ses terres et planté des vergers, attirant vers la dechra des habitants de la région et des contrées voisines.

La mosquée qui, selon la source, est typique des anciens lieux de culte des Aurès, notamment en matière d’esthétique et de décorations, s’élève près d’une source d’eau qui se jette dans le « madjen ».

Les premiers habitants ont exploité ce bassin à travers diverses époques historiques pour arroser leurs terres et leurs vergers, après avoir formé le noyau de la dechra qui s’est étendue pour devenir le T’kout actuel.

Le point de vue depuis le minaret de la mosquée embrasse les terres environnantes, les bassins alentours et le cheminement du cours d’eau connu sous le nom de l’Oued Alma, ainsi que les vestiges des « Thakliît » ou magasins collectifs.

Les habitants de T’kout sont également fiers de leur « hazemmourth hamellalt » (olive blanche, par rapport à la couleur blanchâtre de l’huile qui en est tirée), récoltée d’un olivier aux racines imposantes et à la taille distinctive. Un arbre dont les habitants de la région affirment qu’il date de plusieurs siècles et qu’il produit encore les meilleurs types d’olives.

Souk de l’automne et Chaib Achoura, évènements phares

 L’autre particularité de T’kout est cette ancienne tradition appelée, ici, « Souk (marché) de la fête de l’automne ». Un événement organisé à la fin du mois d’août, éminemment festif, rayonnant sur un large périmètre, appelé localement « Hameghra N’tmenzouth », et qui donne lieu à des spectacles folkloriques animés par des troupes de Rahaba et des cavaliers en costumes traditionnels faisant tonner des salves de baroud.

En plus d’être, du fait des expositions organisées pour l’occasion, une vitrine des productions locales en matière d’agriculture, d’arboriculture et d’artisanat, T’kout, durant « Hameghra N’tmenzouth », devient aussi – autre singularité – un lieu de rencontre des notables et des Chouyoukh de la région qui se concertent, résolvent les problèmes en suspens parmi la communauté et règlent des différends à l’amiable.

Selon Dr Djamel Mesrahi, chercheur et spécialiste en histoire ancienne de l’université de Batna-1, la manifestation est un événement économique et une manifestation relevant de l’anthropologie culturelle qui reste un facteur de communication et de communion entre les habitants de T’kout et ceux des régions voisines. De nombreux intellectuels et militants associatifs, en particulier les jeunes qui ont donné un nouveau souffle à la manifestation, estiment que l’adhésion à cette ancienne tradition n’est pas seulement une renaissance des coutumes ancestrales, mais un moyen de faire découvrir les attraits historiques et touristiques de cette région des Aurès, son architecture typique, ainsi que son patrimoine culturel et civilisationnel.

L’un de ces militants associatifs, Hicham Berrehaïl, évoque, de son côté, cette autre fête distinctive appelée « Chaïb Achoura », célébrée durant 10 jours à partir de Moharram (jour de l’an de l’Hégire) et qui transforme la ville de T’kout, explique-t-il, en « véritable théâtre à ciel ouvert ».

Durant cet événement, les rues, les ruelles et les places de l’agglomération pullulent de monde, les habitants rivalisant d’ingéniosité et de talent pour présenter, en revêtant des costumes de déguisement, un spectacle coloré et enjoué combinant danse, chant, musique et toutes sortes d’expressions corporelles.

Le président de l’Assemblée populaire communale de T’touk, Abdelhafid Soltani, est formel : « les monuments anciens de la ville, ses fêtes, ses us et coutumes, son patrimoine matériel et immatériel en font une destination privilégiée qui commence à attirer l’attention et à éveiller la curiosité », surtout, ajoute cet élu, « après que le village a remporté le prix de la meilleure dechra de la wilaya de Batna, organisé l’année dernière par la direction du tourisme et de l’artisanat ».

L’importance et la renommée de cette petite ville des Aurès, bâtie sur une colline d’où elle domine les plaines environnantes, s’en sont trouvées démultipliées, surtout que les découvertes archéologiques qui y ont été effectuées démontrent que la zone était habitée depuis la période numide.

La pierre gravée d’inscriptions libyques, découverte dans la région de T’kout en octobre dernier lors de travaux de fouilles sur un terrain privé, prouve une présence humaine il y a 4.000 ou 5.000 ans avant JC, selon les données recueillies sur place.

La dechra du vieux T’kout, avec ses venelles étroites et ses vergers luxuriants, incite ses visiteurs à y revenir pour découvrir d’autres vestiges du patrimoine culturel. Un patrimoine riche et diversifié que les jeunes et les intellectuels de la région s’attachent à mettre en valeur à travers les deux événements « Souk de la fête de l’automne » et « Chaïb Achoura » sur lesquels les habitants de la région fondent de grands espoirs pour gagner leur pari.

Un pari ambitieux mais parfaitement réalisable : transformer T’kout en véritable destination touristique à même d’impulser le développement économique de cette région montagneuse, relativement isolée, mais si attachante.

APS

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