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Economie algérienne : Ce que dit le nouveau rapport de la Banque mondiale

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La Banque Mondiale vient de publier son rapport sur les perspectives économiques de l’Algérie pour 2023, intitulé : « Rapport de suivi de la situation économique : Poursuivre l’effort de diversification » (Automne 2023).

Dans la partie du rapport intitulée « Développements économiques récents », notamment le premier semestre 2023, la Banque Mondiale a relevé que la croissance dynamique de la production hors hydrocarbures s’est poursuivie au cours des six premiers mois de l’année en cours, « bien qu’à un rythme plus lent, soutenue par l’investissement et la consommation publique. »

Dans la même partie du rapport, la même source a relevé la baisse de production du pétrole brut au premier semestre 2023 et la hausse de celle du gaz naturel. En raison des réductions volontaires de l’Opep de la production de pétrole pour soutenir les prix, l’Algérie a vu sa production dominier de 3,6% en glissement trimestriel au deuxième trimestre 2023, et de 5,7% par rapport au troisème trimestre 2022, selon la Banque Mondiale, qui note que « les données de suivi des navires pétroliers suggèrent cependant que les exportations de pétrole brut sont restées stables au S1-2023 et que les exportations de condensats ont augmenté, ce qui suggère un déclin de la production et des exportations de pétrole raffiné, renforcé par la hausse de la consommation intérieure. »

« L’augmentation de la demande intérieure surcompensant la forte baisse de la demande extérieure, la production de gaz naturel a augmenté au premier semestre 2023 », relève le rapport, qui indique que les exportations par gazoduc ont chuté de 15,4 % en glissement annuel durant le premier semestre 2023, « notamment en raison de la baisse de la demande européenne dans un contexte d’hiver plus doux, en partie compensées par la hausse des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) (+6,8 % en g.a.) ». Néanmoins, ajoute la même source, la production de gaz naturel a augmenté de 4,8 % en glissement annuel au premier trimestre 2023, « suggérant une forte augmentation de la demande intérieure, en cohérence avec le dynamisme de l’activité industrielle. »

Baisse de la valeur des exportations d’hydrocarbures (1er semestre 2023)

« La baisse des prix du pétrole et du gaz s’est combinée à celle des volumes exportés, entraînant une baisse marquée des exportations d’hydrocarbures », indique le rapport, qui précise que « le prix du pétrole brut algérien a culminé en juin 2022 à 126,7 $ US par baril, avant de diminuer progressivement à 83,7 $ US en août 2023, dans un contexte de ralentissement de l’activité économique mondiale et d’introduction d’un plafond pour le prix du pétrole russe. »

« D’autre part, les prix des exportations de gaz sont régis par des contrats à plus long terme, ce qui, avant la guerre de la Russie contre l’Ukraine, signifiait que les prix du gaz naturel suivaient les prix du pétrole avec un retard », selon la même source, qui note qu’au premier semestre 2023, « la baisse des volumes d’exportation de pétrole et de gaz, celle des prix du pétrole et la baisse attendue des prix du gaz naturel ont ainsi entraîné une baisse de la valeur des exportations d’hydrocarbures de 7,7 G$ US au S1-2023 par rapport au S2-2022, passant de 32 à 24,4 G$ US. »

L’excédent du compte courant s’est réduit (1er semestre 2023)

Sous l’effet de la baisse des exportations d’hydrocarbures et hors-hydrocarbures, ainsi que de la reprise des importations, l’excédent du compte courant s’est réduit au S1-2023. « L’effet de la baisse des exportations d’hydrocarbures a été accentué par la baisse des prix des engrais, diminuant la valeur des exportations hors hydrocarbures, ainsi que par la reprise des importations d’équipements », note le rapport de la Banque Mondiale,

« En conséquence, les termes de l’échange (ratio entre les indices de prix à l’exportation et à l’importation) ont diminué au S1–2023, en raison de la baisse des prix à l’exportation, après avoir augmenté de 50 % en 2022 », relève la même source, qui ajoute : « Néanmoins, l’excédent du compte courant a permis à l’Algérie de continuer d’accumuler des réserves de change, atteignant 68,8 G$ US, soit 17,2 mois d’importations, en juin 2023, contre 61,7 G$ US à la fin-2022, soit 15,9 mois d’importations de biens et de services. »

Augmentation des importations (1er semestre 2023)

Le rapport a également noté l’augmentation des importations au premiers semestre 2023, « tirée par les biens d’équipements, répondant à la dynamique d’investissement, surcompensant la baisse des prix des denrées alimentaires importées », indique la Banque Mondiale, qui note que « la réglementation relative à l’importation de voitures a été assouplie, mais les autres mesures récentes de contrôle quantitatif et qualitatif des importations ont été maintenues, tandis qu’un Haut Conseil pour la Régulation des Importations a été créé. »

Au cours du premier semestre 2023, la facture des importations a augmenté de 6,9% en glissement annuel, « tirée par une forte augmentation des importations d’équipements (+20,2 % en glissement annuel), répondant à la demande d’investissement », ainsi que « par l’augmentation des importations de biens de consommation non alimentaires (+13,0 % en glissement annuel) ». « En revanche, la baisse des prix mondiaux des céréales et des produits laitiers a contribué à une diminution de la valeur des importations alimentaires (–2,9 % en glissement annuel) », relève le même rapport.

L’inflation tirée par les prix des produits agricoles

Le même rapport note également qu’au premier semestre 2023, la chute des prix des hydrocarbures, dans un contexte d’augmentation de la masse salariale dans la fonction publique, exerce une pression sur le déficit budgétaire. Il est également relevé que l’inflation reste élevée en 2023, tirée par le prix des produits agricoles. Elle a atteint 9,7 % sur les huit premiers mois de 2023, celle des produits alimentaires atteignant 14,0 %.

Au cours des 8 premiers mois de 2023, « l’inflation s’est accélérée à 9,7 %, celle des produits agricoles frais étant considérablement plus élevée (24,1 %), probablement en partie à cause de l’effet de la faible pluviométrie sur la production agricole, avec un impact disproportionné sur les ménages à faible revenu », note le rapport.

Et d’ajouter : « Dans le même temps, la contribution des produits agroindustriels à l’inflation est tombée de 41,0 % au deuxième trimestre 2022 à 10,8 % au deuxième trimestre 2023 et celle des produits manufacturés est restée stable, les autorités ayant interdit les importations privées de céréales et de légumineuses, soutenu une appréciation du taux de change et tandis que l’augmentation des prix des produits alimentaires et manufacturés importés ralentissait. »

« Étant donné que les produits agricoles frais et les services sont plus susceptibles d’être produits localement que les produits agroindustriels et les produits manufacturés, leur plus grande contribution combinée à l’inflation (de 32 à 60 % entre le T4-2022 et le T2-2023) suggère que les facteurs nationaux jouent maintenant un rôle plus important dans la dynamique de l’inflation », note la même source.

Taux de change du dinar

Selon le rapport, au premier semestre 2023, « le taux de change du dinar s’est stabilisé par rapport aux principales devises, alors que la baisse des prix des hydrocarbures exerçait de nouvelles pressions sur les équilibres extérieurs de l’Algérie et, au T3-2023, il s’est déprécié de 0,7 % par rapport au dollar américain. » « Comme le dinar a suivi une trajectoire similaire par rapport aux monnaies utilisées avec ses principaux partenaires commerciaux (dollar américain, euro, yuan), les taux de change effectifs nominaux et réels (pondérés en fonction des échanges) se sont également renforcés au S2-2022, avant de se stabiliser au S1-2023 », explique la Banque Mondiale.

« La politique monétaire est restée inchangée depuis l’augmentation du taux de réserves obligatoires en avril 2023, mais la croissance de la masse monétaire a ralenti au T2-2023 », relève la même source, et d’ajouter : « La croissance du crédit au secteur privé est restée modérée, tandis que la croissance du crédit aux entreprises publiques s’est légèrement accélérée. »

L’activité hors hydrocarbures continuera à soutenir la croissance

Pour ce qui est perspectives et risques, la Banque Mondiale prévoit que l’activité hors hydrocarbures continuera à soutenir la croissance. « En 2023, la croissance dynamique du secteur hors hydrocarbures devrait contraster avec la croissance modérée de la production d’hydrocarbures », lit-on dans le document.

« Dans le scénario de base, la croissance du PIB devrait atteindre 2,5 % en 2023, soutenue par les secteurs hors hydrocarbures (+2,7 %). Le PIB des hydrocarbures devrait augmenter modérément (+1,6%), malgré la baisse de la production de pétrole, limitée par les quotas de l’OPEP », prévoit le rapport, qui ajoute : « L’activité devrait être tirée par la croissance de l’investissement, certains grands projets d’investissement dans les mines et le transport allant de l’avant, stimulant les secteurs de la construction et de l’industrie. »

« Dans un contexte de ralentissement de la consommation privée, la croissance du secteur des services devrait ralentir. Après que l’Algérie ait connu sa troisième sécheresse hivernale consécutive, la production agricole devrait diminuer. Les exportations nettes contribueraient négativement à la croissance, les investissements et la baisse de la production agricole stimulant les importations, tandis que la baisse des quotas de production de pétrole et de la demande européenne en gaz freinerait les exportations », indique le même rapport.

La croissance du PIB devrait être plus forte en 2024 et 2025

« La croissance du PIB devrait être plus forte en 2024 et 2025, grâce à la reprise de la production agricole et de la production de pétrole brut à la suite de celle des quotas de l’OPEP. La production d’hydrocarbures augmenterait modérément en raison de la remontée des quotas de l’OPEP et de celle de la demande de gaz en Europe », prévoit encore la Banque Mondiale.

Et d’ajouter : « La croissance de l’investissement devrait rester robuste et continuer à soutenir l’activité industrielle, étant tirée par le secteur privé dans un contexte de poursuite d’une politique prudente d’investissement public. » « La consommation privée devrait ralentir modérément, l’effet de base lié à la COVID-19 s’effaçant et l’inflation élevée réduisant le pouvoir d’achat réel, et la consommation publique aussi, dans le contexte d’un ralentissement de la croissance des dépenses publiques. En conséquence, la croissance du secteur des services devrait ralentir », estime la même source, qui ajoute : « Dans l’hypothèse d’un retour à des conditions climatiques normales, la production agricole se redresserait également. »

L’inflation devrait rester supérieure à 9 % en 2023

Selon l’institution financière internationale : « L’inflation devrait rester supérieure à 9 % en 2023 » et « diminuer progressivement en 2024 et 2025 ». « L’inflation alimentaire étant plus élevée que l’inflation globale, les ménages à faible revenu seront particulièrement exposés à une baisse de leur pouvoir d’achat », relève la Banque Mondiale, et d’ajouter : « Cependant, les resserrements récents des contrôles du prix des céréales et légumineuses pourraient limiter les augmentations des prix des produits agroindustriels, exerçant plutôt une pression sur le coût des dépenses publiques de subventions universelles. »

« L’inflation devrait diminuer progressivement en 2024 et 2025, à mesure que la pluviométrie retrouve un niveau normal, que la croissance de la masse monétaire, celle des dépenses publiques et celle des prix alimentaires à l’importation s’atténue, et en raison de l’effet différé de l’appréciation du dinar », prévoit la même source, qui estime : « Par ailleurs, la mise en œuvre de politiques qui renforcent la compétition entre entreprises sur le marché des biens et services, et qui renforcent la sécurité alimentaire face aux chocs climatiques, permettraient de limiter les hausses de prix à plus long terme. »

La balance courante devrait rester positive en 2024 et 2025

« Les soldes budgétaires et extérieurs devraient se détériorer initialement, puis se stabiliser », prévoit également le rapport, qui précise que « la balance courante devrait rester positive en 2024 et 2025, dans un contexte de croissance limitée des exportations et des importations. » « Avec la chute des prix des hydrocarbures et la diminution de la production de pétrole à la suite des réductions des quotas de l’OPEP, le compte courant devrait passer d’un excédent record de 9,8 % du PIB en 2022 à 2,8 % en 2023, avant d’atteindre 1,4 % en 2024 et 0,5 % du PIB en 2025 », détaille la Banque Mondiale.

Et d’ajouter : « La valeur des exportations d’hydrocarbures diminuerait sous l’effet conjugué de la baisse des volumes due à la hausse de la consommation domestique et de la baisse des prix due au ralentissement de l’économie mondiale. » « Dans le même temps, la valeur des importations augmenterait, l’investissement stimulant les importations d’équipements industriels et la faiblesse de la production agricole stimulant les importations des produits alimentaires en 2023 », indique la Banque Mondiale, qui note : « Néanmoins, l’accumulation de réserves depuis 2021 a permis à l’Algérie de se constituer un coussin de sécurité, et il est attendu que les réserves de changes se maintiennent entre 16 et 17 mois d’importations de biens et de services entre 2023 et 2025. »

Le déficit budgétaire devrait se creuser en 2023 et 2024

« Sous l’effet de la baisse des recettes d’hydrocarbures et de l’augmentation des dépenses, le déficit budgétaire devrait se creuser en 2023 et 2024 avant de se résorber », prévoit la même source, qui ajoute que « les recettes des hydrocarbures diminueraient en 2023 mais cela serait compensé par une hausse marquée des dividendes de la Sonatrach. »

Selon le même rapport : « Néanmoins, la hausse importante des dépenses en salaires et une hausse modérée des dépenses d’investissement ferait augmenter le déficit budgétaire. En 2024, le retour à un niveau de dividendes modéré et la hausse continue des dépenses en salaires générerait une autre augmentation du déficit, avant une stabilisation en 2025, dans l’hypothèse d’une politique de dépenses prudente. Ainsi, après une augmentation de 2,9 % du PIB en 2022 à 6,8 % en 2023 et 8,9% en 2024, le déficit budgétaire global se résorberait modérément en 2025. »

La dette publique devrait augmenter modérément, le Fonds de Régulation des Recettes finançant partiellement le déficit budgétaire, selon la Banque Mondiale. « Dans le scénario de base, le ratio de la dette publique au PIB augmenterait de 5 points de pourcentage du PIB entre 2023 et 2025, pour atteindre 60,2 % du PIB en 2025. L’utilisation des fonds accumulés dans le FRR permettrait de ralentir le rythme d’endettement au cours de la période de projection, et les émissions régulières de bons du Trésor combleraient partiellement les besoins de financement budgétaire », explique la même source.

Impératif de diversification économique

« La croissance économique, ainsi que les soldes budgétaire et extérieur, demeurent sensibles aux fluctuations des prix des hydrocarbures », souligne le rapport, qui rappelle qu' »en 2022, les prix élevés des hydrocarbures ont entraîné un excédent record du compte courant et une réduction significative du déficit budgétaire. »

« Avec la baisse des prix des hydrocarbures, ces tendances devraient s’inverser en 2023 », prévoit la même source, qui note que « l’évolution des prix des hydrocarbures représente un risque important pour les perspectives de 2024 et 2025, tant à la hausse qu’à la baisse, en raison de la fragilité des perspectives mondiales, de l’incertitude entourant l’évolution de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, et de la résurgence des conflits au Moyen-Orient. »

« La poursuite des réformes visant à encourager l’investissement du secteur privé, la croissance et la diversification est nécessaire pour améliorer la performance et la résilience de l’économie », recommande la Banque Mondiale, qui met en garde contre « les risques émanant des fluctuations des prix du pétrole » qui « soulignent la nécessité d’améliorer durablement les équilibres macroéconomiques. »

Poursuite des réformes

« La diversification des recettes d’exportation hors hydrocarbures et l’attraction des investissements étrangers amélioreraient la résilience extérieure de l’Algérie face aux fluctuations des prix du pétrole », estime la même source, qui précise : « Sur le plan budgétaire, la rigidité accrue des dépenses courantes dans un contexte de volatilité des recettes d’hydrocarbures augmente la pression pour mobiliser plus de recettes fiscales, renforcer l’efficacité et l’efficience des dépenses de manière équitable, notamment celles de l’investissement public. »

« Par conséquent, et conformément au Plan d’Action du Gouvernement de 2021, la poursuite de la mise en œuvre des réformes visant à stimuler l’investissement privé et à permettre au secteur privé formel de devenir le moteur d’une croissance durable et diversifiée reste essentielle à la performance et à la résilience de l’économie algérienne », préconise la même source.

Les phénomènes naturels extrêmes

« Au-delà de la sensibilité aux hydrocarbures, les phénomènes naturels extrêmes dans la région et l’expérience de l’Algérie soulignent les risques qu’elles font peser sur la croissance et le développement », indique le rapport, qui rappelle : « Comme les autres pays d’Afrique du Nord, l’Algérie est exposée à plusieurs risques climatiques et géologiques, tels que les inondations, les séismes et les sécheresses. »

« Au cours des trois dernières années, les épisodes de sécheresse ont notamment entraîné des répercussions marquées sur la production et les prix alimentaires. Étant donné que les phénomènes naturels extrêmes peuvent perturber tous les secteurs de l’économie et mettre en péril les gains durement acquis en matière de développement, l’intensification de la réduction des risques de catastrophe, et leur financement, peut contribuer à sauver des vies et à protéger la croissance, en s’appuyant sur le cadre juridique algérien en matière de gestion des risques de catastrophe », explique la même source.

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