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Crise entre l’Algérie et l’Espagne : de nombreux secteurs impactés

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La crise entre l’Algérie et l’Espagne dure depuis maintenant six mois. Cette situation de blocage a impacté de nombreux secteurs économiques dépendant des deux marchés algérien et espagnol.

La brouille entre Alger et Madrid a été induite par le revirement du gouverment espagnol, dirigé par Pedro Sanchez, sur la question du Sahara occidental. En mars dernier, Pedro Sanchez avait exprimé publiquement son soutien au plan d’autonomie marocain pour ce territoire occupé.

En réaction, l’Algérie avait procédé le 8 juin à la suspension du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qu’elle a conclu le 8 octobre 2002 avec le Royaume d’Espagne.

Cette décision a été suivie immédiatement par le gel des domiciliations bancaires des opérations de commerce extérieur de produits et services de et vers l’Espagne. Cette décision a été notifiée aux banques et établissements financiers par l’Association des banques et établissements financiers (Abef).

Cette situation, qui dure depuis six mois, a paralysé les échanges économiques entre les deux pays. Dans de nombreux secteurs, comme l’agroalimentaire, chimie, textile, BTP… « tout est à l’arrêt », a relevé Djamel Eddine Bouabdallah, président du Cercle de commerce et d’industrie algéro-espagnol (CCIAE), dans une déclaration à l’agence AFP.

A l’exception du gaz, dont les livraisons à l’Espagne se sont poursuivies ces derniers mois, à un tarif néanmoins révisé à la hausse par le groupe Sonatrach, selon Djamel Eddine Bouabdallah qui a noté que des entreprises ont d’ores et déjà dû mettre la clé sous la porte.

Des dizaines d’entreprises tournent au ralenti

Selon l’AFP, des dizaines d’entreprises espagnoles tournent aujourd’hui au ralenti, faute de pouvoir vendre leurs produits en Algérie. Une situation dont sont également victimes certaines PME algériennes, dépendantes des matières premières et des pièces de rechange « made in Spain ».

Ainsi, Julio Lebrero, patron d’Aecomhel, une entreprise espagnole spécialisée dans la fabrication d’engins de travaux publics, a confié à la même source que depuis juin, « nous ne pouvons ni exporter ni importer, toutes les opérations sont en stand-by ».

Propriétaire à 40 % du groupe algérien Europactor, cette PME réalise la quasi-totalité de son activité en Algérie. Ce qui la place dans une situation délicate : « Cela fait six mois que nous n’avons pas facturé un seul euro, c’est intenable », a expliqué M. Lebrero, qui se dit « très inquiet ».

Pour sa part, le PDG d’Omnicrea Consultoria, cabinet de conseil spécialiste du marché algérien, Affonso Tapia, a souligné que ce gel, annoncé par l’Abef, « a fortement affecté les échanges » entre les deux pays.

Face à ce blocage, certains groupes font transiter leurs marchandises via des pays tiers. Mais en raison du surcoût qu’elle entraîne, cette option n’est à la portée que de grandes entreprises.

Un manque à gagner de 487 millions d’euros pour l’Espagne en quatre mois

« Pour l’Espagne, la facture est salée », rapporte l’AFP, qui cite le ministère espagnol du commerce, dont les statistiques montrent que les exportations vers l’Algérie ont chuté à 138 millions d’euros entre juin et septembre, contre 625 millions sur la même période de 2021. Soit un manque à gagner de 487 millions d’euros en seulement quatre mois.

Rien que dans le secteur de la céramique espagnol, très dépendant du marché algérie, le gel des transactions a déjà coûté plus de 70 millions d’euros. « On a demandé de l’aide aux autorités, mais sans obtenir de réponse », a déploré une porte-parole de l’Association espagnole de frittes, émaux et pigments de céramique (Anffecc). « Le gouvernement fait comme s’il n’y avait pas de problème, il nous a complètement abandonnés », a dénoncé Julio Lebrero.

Djamel Eddine Bouabdallah a fait savoir : « Il y a en ce moment des négociations entre les deux gouvernements, ils ne peuvent pas laisser les choses comme cela ». De son côté, M. Tapia espère une « solution rapide ». « La situation actuelle n’est bonne pour personne. Il faut revenir à la normale », a-t-il dit.

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